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Comment recycler ses aïeux

Fabrice Pelletier, maître composteur en tissus humains

Notre époque est en pleine mutation écologique et les métiers évoluent naturellement avec les mœurs. Parmi ces professions nouvelles, la formation de maître composteur semble depuis peu faire des heureux. Ces spécialistes de la valorisation du déchet sont en charge de récupérer les déchets organiques dans un territoire donné. Le maître composteur organise la transformation de ces biodéchets en humus destiné à enrichir un sol.

Pour mieux nous pencher sur ce nouveau métier passionnant, nous avons rencontré une de ces mains vertes des temps modernes : Fabrice Pelletier, maître-composteur pas tout à fait comme les autres. Mordu de jardinage depuis de nombreuses années, le compost n’a plus de secret pour lui. C’est pourquoi il a mis en place un nouveau projet de compost un peu particulier. Âmes sensibles, s’abstenir… Fabrice ne composte pas que des coquilles d’œufs, des peaux de banane et des épluchures de pommes de terre. Il a rajouté à sa recette idéale… des tissus de corps humains ! Idée saugrenue, pour pas dire carrément flippante.

Fabrice Pelletier aime sentir la terre avant de mélanger son compost.

Et pourtant tout devient censé lorsqu’on discute avec Fabrice. Je travaille avec un organisme qui supervise les corps humains destinés à la science. Nous n’allons pas exhumer les tombes des cimetières ! Cela se fait totalement dans les règles ! En effet, on ne pense pas toujours à ce que l’on fait des corps une fois qu’ils ont été soumis aux travaux anatomiques du service médical. Beaucoup de tissus, d’os et parfois mêmes quelques membres demeurent inutiles et finissent inhumés. Un véritable gâchis selon Fabrice Pelletier, Tout est compostable, je peux faire de l’humus à partir de n’importe quelle matière organique, alors pourquoi pas des doigts de pieds ? nous explique-t-il dans son petit local à compost niché dans la commune de La Ferrière à deux pas de La Roche-sur-Yon. Ici, les pelures de carottes se mêlent aux dents humaines…

 

Fabrice a d’abord commencé à travailler le compost avec des cheveux, des ongles et le contenu de la coupe menstruelle de sa compagne Séverine. Se rendant compte que ces éléments donnaient un humus plus fertile, Fabrice a commencé à travailler avec la fac de médecine de Bournezeau avant de mettre en place un partenariat avec plusieurs morgues de la région. Il récupère ainsi les tissus de corps humains après que ces derniers aient humblement servi la science.

Je préfère parler de matière organique plutôt que de corps humain, c’est plus facile à faire accepter aux habitants du coin, même s’ils me connaissent et sont maintenant habitués, déclare Fabrice, confiant dans la pérennité de son projet.

Dans le butin du jour, deux mains qui ne serviront plus à la recherche médicale trouvent une seconde vie dans le bac de Fabrice.

Ce compost permet aussi d’apporter une sépulture à ceux qui n’en ont pas eu, ici on allie l’écologie au rite funéraire. En effet, pour rester dans le respect des personnes décédées dont certains “morceaux” vont constituer son compost, Fabrice n’hésite pas à marmonner quelques prières (bien qu’il soit athé) avant de verser le contenu du bocal dans le bac.

Si la pratique est encore rare et que Fabrice Pelletier semble être un drôle d’hurluberlu, son projet surprenant nous a plu. Pour moi, c’est signé, je lègue mon corps à son compost. Et vous ? 

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