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Serres en terre

Des jardins boliviens au Cantal, la Walipini serre l’autonomie

Les serres enterrées permettent de produire des légumes toute l’année sans utiliser d’énergie fossile. L’une d’elle, la Walipini, s’installe progressivement en France, chez quelques pionniers.

Pour beaucoup d’entre nous, l’épidémie actuelle est une invitation de plus à réfléchir à notre résilience alimentaire. Alors, bien sûr, tout le monde ne peut pas devenir autosuffisant en légumes et en céréales. Mais toute personne ayant accès à un jardin ou à un balcon peut s’essayer à produire une (petite) partie de son alimentation.

Pour y parvenir pendant les saisons froides et/ou malgré un climat difficile, on peut être tenté d’investir dans la construction d’une serre. Mais elles sont souvent très coûteuses et conçues avec des matériaux peu durables. Heureusement, il existe des solution naturelles, voire même bioclimatiques et à très bas prix : les serres semi-enterrées. L’exemple le plus fascinant en la matière nous vient de Bolivie.

Des plateaux andins aux réseaux perma

C’est là-bas que, dans les années 1990, un ingénieur suisse appelé Peter Iselli a inventé – en s’inspirant de savoir-faire de la civilisation Aymara, un concept de serre visant à assurer la sécurité alimentaire des populations rurales du plateau aride bolivien. Partant du principe que dans ce climat rude toute serre exposée au vent risquait d’être détruite ou de s’envoler, il a cherché à construire des serres partiellement enterrée. Une astuce qui permet en prime de profiter de l’effet isolant du sol. Son idée a été améliorée et propagée par des locaux, notamment un ingénieur agronome appelé Héctor Vélez, si bien que l’on trouve aujourd’hui quelques dizaines de Walipinis dans la région. Le modèle le plus abouti est probablement celui de la Granja ecológica Ventilla à La Paz. L’histoire aurait pu en rester là si des férus de méthodes low-tech innovantes et résilientes n’étaient pas tombés sur la Walipini et n’avaient pas essayé de l’adapter à leur climat dans plusieurs régions du monde.

Implantation française

En France, plusieurs jardiniers ont ainsi partagé ces derniers mois leurs expériences de création de serre Walipini : le Youtubeur Ludovic de la chaîne Le potager du bienheureux dans le Cantal, la youtubeuse La permachine de la Perchine, ou le permaculteur Romain dans la Loire.

Pour résumer, voici comment ils ont procédé :

– Construire un trou rectangulaire assez profond (2 mètres si possible) pour profiter de l’inertie thermique du sol. Cela va refroidir la serre en cas de coup de chaud estival et éviter le gel en hiver.

– Empêcher l’eau d’entrer dans la serre, en s’assurant que l’on creuse au moins à 2 mètres au-dessus de la nappe phréatique, et si besoin en isolant les murs et/ou en installant un drain.

– Selon la taille du trou, la pose de piquets de bois servant de charpente peut être nécessaire.

– Poser un toit constitué d’un revêtement transparent. Ainsi, les rayons du soleil vont produire un effet de serre dans la Walipini. Ce revêtement peut être fait en plastique ou à partir de vieilles portes-fenêtres. Il vaut mieux veiller à ce que l’orientation et l’inclinaison du toit permettent aux rayons du soleil de bien pénétrer dans la serre sans être réfléchis, grâce à l’aide d’un outil calculateur de position solaire. Cette partie peut être assez technique : ce tutoriel réalisé par le Benson Institute permet d’aller plus loin.

Voilà pour le principe. Mais en pratique, il faut savoir faire preuve de souplesse et s’adapter aux conditions de son terrain. Ludovic, qui a quitté Lille il y a trois ans pour cultiver un potager dans le Cantal, confirme : Le plus simple, c’est de louer une machine pour creuser. Moi, j’ai préféré le faire à la pelle, même si ça m’a pris plus de deux semaines. J’ai eu la mauvaise surprise de trouver assez vite de l’eau, si bien que ma serre ne peut faire qu’un mètre de profondeur. J’ai donc décidé d’ajouter une structure extérieure entièrement en matériaux de récupération.

Même s’il s’est écarté un peu du modèle de base, Ludovic se dit très satisfait de son installation : Le premier hiver a été très rude, on avait jusqu’à -11 degrés dehors. Mais il n’a jamais gelé dans la serre et surtout la différence de température entre le jour et la nuit est restée assez faible, contrairement à une serre extérieure normale. C’est très bon pour les cultures. Par exemple, j’ai un plan de poivron qui est resté en feuilles tout l’hiver. Je peux vraiment avoir des cultures toute l’année, par exemple des fèves, des petits pois, des choux, des salades ou des radis en hiver, ce qui n’est pas du tout possible dans le Cantal. En résumé, avis aux personnes les plus bricoleuses et exposées à des climats rudes !

 

Mais la famille des serres low-tech est très grande : certains en construisent simplement avec de très isolantes bottes de pailles et des vieilles portes-fenêtres, d’autres apposent des panneaux de verre devant des murs constitués de matériaux capables d’emmagasiner et de restituer la chaleur, d’autres encore parviennent à accoler une serre à leur maison avec du bois et du polycarbonate de récupération. Vous connaissez d’autres idées et exemples de serres low-tech et/ou naturelles ? Partagez-les nous dans les commentaires !

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Merci <3 <3 à Lygie Harmand pour ses illustrations.

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