Me voici dans la vallée du Célé, un week-end de novembre, pour profiter de l’automne qui répand ses mille nuances dans le paysage. Un itinéraire poétique et sauvage au fil de l’eau, pour arpenter le territoire dans un festival de couleurs et me régaler d’un pique-nique au goût de noix.
Jour 1. Mes yeux s’ouvrent dans le Lot, au Relais du Chien Bleu – une jolie maison de ville dont Fanny et Axel sont tombés amoureux il y a deux ans, et qu’ils ont récemment transformée en chambre d’hôtes. Comblés d’un petit-déjeuner maison, nous sortons avec mon compagnon dans Capdenac pour le traditionnel marché du samedi. Nos hôtes sont nos guides ce matin et nous entraînent dans la rue principale du village pour nous faire découvrir leurs producteurs préférés.
Noix du Lot, légumes de saison, fromage de chèvre… On fait le plein ! Il y a la queue chez la Bande à bazars – un collectif de paysans-boulangers qui cultivent depuis l’automne 2018 leur propre blé. Au moment de payer, Fanny nous glisse à l’oreille que leurs desserts aux noix (cuits au feu de bois) valent également le détour ! Nous glissons sans hésiter un gâteau pour demain entre nos emplettes au levain.
Nos paniers débordent quand sonne 11 h : l’heure du café chez Guillaume, qui tient sur le marché un petit camion de boissons aux grains fraîchement torréfiés. Nous dégustons tous les quatre notre expresso au comptoir tandis que nos visages prennent un bain de soleil automnal et que la brume se dissipe sur Capdenac-le-Haut.
Côté pile : la vallée du Célé
Jour 2. Nous débutons notre balade à Brengues, petit village de 220 habitants posté le long des rives du Célé. Les panneaux nous indiquent que nous sommes sur le chemin de Compostelle, l’un des nombreux sentiers permettant de relier la France à Santiago-de-Compostela, en Espagne. Notre parcours commence à flanc de falaise. Nous découvrons d’abord le château des Anglais, puis suivons la trace des voyageurs le long des murets en pierre qui jalonnent cet époustouflant chemin, nous émerveillant à de nombreuses reprises des vues splendides sur la vallée.
Nous sommes mi-novembre et les arbres qui habitent le paysage ont revêtu leur parure d’automne. Dans une étendue de branches presque nues, celles d’églantiers garnies de baies rouges attirent mon attention de cueilleuse. Je profite de la balade pour remplir mes poches de ces petits bonbons, que je transformerai cet hiver en délicieux coulis acidulés.
Au terme d’un sentier en lacets (et d’une glissade inopinée sur les feuilles qui couvrent le sol), nous retrouvons le cours du Célé et découvrons le village d’Espagnac-Sainte-Eulalie. Il règne dans cet écrin de verdure une douce quiétude. Les gîtes qui accueillent les pèlerins en été affichent désormais porte close et les randonneurs que nous croisons à l’ombre du majestueux prieuré Val-Paradis sont discrets. Pour nous, l’étape ne s’arrête pas là. Nous reprenons le chemin des falaises avec pour objectif de pique-niquer dans les hauteurs, sur le versant sud de la vallée.
Côté face : rocamadour, salade d’automne et gâteau aux noix
Nous y voici : perchés 300 mètres plus haut avec sous nos yeux le village que nous traversions à pied quelques minutes plus tôt. J’aime les déjeuners avec vue et je suis enchantée par ce spot qui me permet de contempler entre deux bouchées le chemin parcouru.
Pour la salade au menu, j’ai préparé en avance une composition de saison à partir des légumes et fruits d’automne dégotés au marché. Du chou, de la mâche, des pommes et des raisins secs, agrémentés de quelques cerneaux de noix. Vedette des environs, la noix du Périgord se cultive dans le Lot (ainsi qu’en Corrèze, Dordogne et Charente) et bénéficie même d’une AOP. La saison des fruits séchés débute en octobre. Les noix chutent naturellement au sol et sont alors libérées de leur enveloppe verte (brou). Lavées et séchées aussitôt, elles sont ensuite précieusement conservées pour être consommées toute l’année.
Notre festin ne serait rien sans fromage ! Ce midi, la région nous offre un petit cylindre à la croûte blanche et veloutée, fabriqué à partir de lait de chèvre cru et entier. Ce rocamadour affiné pendant 6 jours est fondant à souhait et son goût crémeux se marie à merveille avec la salade de noix qui l’accompagne. Les bergers du Causse le fabriquaient déjà au XVᵉ siècle et les pèlerins en route vers Saint-Jacques l’emportaient dans leur besace. On l’appelait alors cabécou (de cabec, la chèvre en patois).
Nous n’avons pas oublié le thermos de café, fidèle compagnon de randonnée pour réchauffer nos corps engourdis par la pause déjeuner. Notre régalade se clôture avec une note sucrée. Dans un petit gâteau à la croûte caramélisée, des noix mixées grossièrement remplacent avec gourmandise la farine. Voilà la promesse tenue d’un regain d’énergie pour rouler sur le sentier qui nous ramènera au village !
Salade d’automne
Les ingrédients |
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200 g de chou blanc 1 poignée de mâche 1 pomme Une dizaine de cerneaux de noix 1 poignée de raisins secs Vinaigrette (huile d'olive, vinaigre de cidre, miel de sarrasin, poivre et sel) |
Mélanger tous les ingrédients de la sauce dans un bol (pour les quantités, faire confiance à votre instinct).
Laver et émincer finement le chou. Découper la pomme en petits bâtonnets.
Débarrasser dans un saladier puis ajouter la mâche, les raisins secs et les noix.
Verser la quantité souhaitée de sauce par-dessus, mélanger délicatement.
Déguster immédiatement ou transférer dans une boîte à pique-nique !
Les producteurs du menu lotois
Pain au levain et gâteau aux noix – La Bande à bazars (Montsales)
Rocamadour – Gaec du puech de Gaudat (Balaguier d’Olt)
Légumes – Les Jardins de la Montanie (Pachins)
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PILE / FACE est une série imaginée par Noémie Malaize pour la Ruche qui dit Oui ! Un œil sur le paysage et l’autre dans l’assiette – elle nous envoie ses cartes postales depuis les 4 coins de la France, au fil des saisons et de ses escapades gourmandes.
Prochaine expédition en Normandie cet hiver, avec de nouvelles surprises au menu.
Merci beaucoup pour cette belle promenade ! vous donnez envie de découvrir cette région et de déguster les nombreuses spécialités ! au plaisir de vous lire !Monique.
Merci de nous faire voyager et saliver avec des repas simples et roboratifs !
Oui c’est le pays natal de mes parents. J’y ai passé toutes mes vacances.La vallée du Céle, Brengues et son camping et Marcilhac-sur-Célé sont mes plus beaux souvenirs.Vous avez bien décrit cette richesse. Merci !
Merci pour ce partage bucolique ! Ça fait voyager et ça donne très envie d’aller découvrir cette région.