Depuis dix ans, les chiffres ne changent pas : en agriculture, seulement un quart des chefs d’exploitation ou d’entreprises agricoles sont des femmes. Vivent-elles ce métier avec passion ? Ont-elles toujours les mains douces ? Leur travail fait-il envie dans les dîners ? On leur a posé ces questions. Témoignage à 4 voix.
« Souvent, on cherche à parler à Monsieur, mais ça va, je m’en arrange. »
Delphine Martel, éleveuse de poules pondeuses en agriculture biologique à Aubers (Nord)
Être une femme dans le milieu agricole ce n’est pas toujours évident, mais je ne me plains jamais. Ça se passe bien. Le plus dur pour moi c’est quand on fait le vide sanitaire du bâtiment d’élevage une fois par an. Il faut tout sortir, manœuvrer des engins de levage, soulever les caillebotis, passer le nettoyeur haute-pression du sol au plafond. C’est autre chose que le grand ménage de printemps dans ma maison. Il y a des choses que je ne peux pas faire, mais heureusement, il y a mon mari pour m’aider. J’observe aussi parfois que le réflexe des sociétés de services ou des prestataires agricoles est souvent de chercher à s’adresser à « Monsieur ». Mais ça va, je m’en arrange. D’autant qu’à la Chambre d’agriculture mes contacts sont principalement des femmes. Ça s’équilibre.
Sinon, je trouve qu’être une femme c’est plutôt un avantage dans mon métier. Quand on élève des poules pondeuses, le côté « mère poule » c’est super important. On voit d’un coup d’œil si une bête ne va pas bien, si elle n’est pas suffisamment hydratée, si elle est isolée des autres. Ramasser les œufs, c’est aussi facile quand on est une femme qu’un homme. Ce n’est pas très physique et cela exige une certaine précision. Pour la partie vente directe, le fait d’être une femme sociable et qui aime les gens m’aide beaucoup. Ça crée des liens qui vont au-delà du commerce.
Et puis cela ne m’empêche pas de rester coquette en dehors du travail et d’avoir les mains douces. Il faut simplement s’entretenir, peut-être un peu plus que les autres femmes mais rien d’insurmontable. C’est sûr qu’on travaille beaucoup et que les œufs, il faut les ramasser 2 fois par jour, 365 jours par an, mais quand on aime son travail et qu’on est autonome, la liberté ça n’a pas de prix.
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« Je compense mon manque de force physique par de la réflexion. »
Corinne Delhom, maraîchère à Longages (Haute-Garonne)
En troquant mon emploi de vendeuse contre une exploitation maraîchère, je suis passée de femme des villes à femme des champs. J’ai dû m’adapter à ce métier d’apparence très physique.
Mère de 3 enfants, j’ai aménagé mon temps de travail pour concilier mes rôles de maman et d’agricultrice. J’ai les mains moins douces et le visage moins poudré, mais je consacre le temps qu’il faut pour mes enfants, quitte à les embaucher aux champs pour des travaux qu’ils apprécient en échange de moments juste pour eux.
Et puis, pas question de m’abîmer : pour soulever un cageot, je plie les genoux, ce qu’un homme ne pense pas souvent à faire. Je compense mon manque de force physique par de la réflexion.
Heureusement tout de même que j’ai le soutien de mon mari, moralement et physiquement. Cela m’a permis d’avancer et de développer mon activité en harmonie avec mes choix de vie ! »
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« Difficile de trouver un moment pour se reposer quand on est femme et agricultrice. »
Valérie Rozier, éleveuse laitière dans les Monts du Lyonnais (Rhône)
Le métier d’agricultrice est un métier passionnant mais difficile ! En effet, je dois souvent être debout, porter des charges, courir à droite à gauche : c’est très physique et harassant. Avec mon mari, nous nous répartissons les tâches selon nos préférences : lui se consacre principalement à tout ce qui touche à l’élevage, tandis que moi je m’occupe de la transformation. Je travaille donc à l’atelier et je confectionne les yaourts et les fromages. J’aime aussi la relation avec les clients et c’est donc moi qui assure l’aspect vente. Mais dans ce domaine, il n’y a pas de règles, chaque couple d’agriculteurs fait comme il l’entend et je ne trouve pas qu’il y ait vraiment de stéréotypes.
Avant, les femmes n’étaient pas considérées pour leur travail sur les exploitations, la récente apparition du statut de conjoint collaborateur permet désormais d’avoir un début de reconnaissance et des droits sociaux. Même si avec ce statut, on cotise à minima avec une retraite quand même très faible en face… De plus en plus de couples sont en GAEC, ce qui permet de mettre les deux conjoints sur un pied d’égalité, ce qui sera notre cas. Le travail qui était auparavant invisible est mieux reconnu et nous sommes présentes et écoutées dans les réunions de syndicats au même titre que les hommes. Il y a aussi de plus en plus de femmes qui sont chefs d’exploitation : on constate une véritable évolution, selon moi !
Néanmoins, être agricultrice et mère de famille reste encore compliqué : il faut travailler sur l’exploitation, gérer le travail domestique et s’occuper des enfants, c’est épuisant ! L’avantage, c’est qu’on travaille sur place, ce qui me permet d’être présente pour eux même si je suis toujours accaparée par le boulot. Par contre, quand on est agricultrice, on est à la campagne et loin de tout : il faut accompagner les enfants à l’école, aux activités, aller les chercher cela prend du temps et de l’énergie. Difficile de trouver un moment pour se reposer quand on est femme et agricultrice. J’aimerais pouvoir passer davantage de temps avec mes enfants avec l’esprit libre. Mais je continue car j’aime mon métier !
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« Mon métier ne me lasse pas, il me passionne. »
Cécile, polyéleveuse à la ferme de la Duterie (Indre-et-Loire)
Être une femme en agriculture n’est ni un atout, ni un handicap. La femme apporte une touche féminine dans un métier qui était hier très masculin. Je vais faire davantage attention aux détails, je suis plus méticuleuse, plus soignée, je pense que c’est positif pour le monde agricole. Evidemment, quand il s’agit de manier du gros matériel, quand il y a des prises de force à bouger, on peine plus, il n’y a pas à dire, l’homme reste plus fort que la femme !
Là où je suis la plus à l’aise, c’est avec les animaux et le commerce. J’ai grandi avec eux, ils m’apportent beaucoup, je passe plus de temps à m’en occuper et à les observer, qu’à regarder les cultures pousser. Quant au commerce ou à la communication, j’ai toujours aimé ça. J’ai fait mes études dans le secteur de l’éducation à l’environnement, il m’est donc facile de m’adapter à la vente ou de parler du travail à la ferme et des produits que nous transformons.
Aujourd’hui mes amis m’envient. L’agriculture, c’est travailler avec l’environnement, en extérieur, dans un cadre superbe… même si nous devons aller dehors quand il pleut ou qu’il fait froid. Nous avons aussi la chance d’être en contact avec les animaux, ce que peu de gens connaissent réellement. Mon métier ne me lasse pas, il me passionne.
Article rédigé par Odile Mailhé, Eric Lesage, Justine Bénit et Juliette Krier.
Big up !
Je suis un étudiant qui aiment faire du sport et de travailler à mon temps libre et rendre les gens heureux que possible que je peux, j’aime l’agriculture et j’aime le faire
Bon courage pour vous