Les jardins-forêts, maintenant, vous connaissez. Il s’agit de reproduire dans son potager les cycles de la forêt pour le rendre fructueux et pérenne. Près de Dijon, l’association Pirouette Cacahuète s’est lancée avec succès et délivre ses conseils pour la suivre sur ces sentiers forestiers fertiles.
Imaginez un jardin où tout ce qui pousse se mange. Où il n’y a qu’à tendre le bras pour s’alimenter sur la branche. Ouvrez les yeux, prenez une grande inspiration dans les forêts comestibles du monde entier, souvent à l’initiative individuelle ou familiale.
À Chenôve, près de Dijon (Côte-d’Or), l’association Pirouette Cacahuète a commencé il y a quelques mois à transformer une pelouse délaissée en un lieu de récoltes et de partage de plus de 1200 mètres carrés. Sa directrice, Cécile Artale, résume ainsi sa démarche : La Ville de Chenôve nous a proposé de créer un îlot de fraîcheur sur un site appelé la plaine Herriot, dans un quartier concerné par des problématiques sociales assez fortes. De notre côté, nous avions déjà réalisé des jardins partagés avec des habitants de plusieurs communes. Mais nous avions entendu parler des forêts comestibles, qui constituent des îlots de fraîcheur et ont en plus beaucoup d’atouts au niveau social et environnemental. Nous avons donc voulu associer les habitants pour avancer ensemble.
L’équipe de l’association s’est formée à l’art complexe des jardins-forêts, grâce notamment à l’appui de Fabrice Desjours, créateur de l’association et du jardin-forêt de la Forêt Gourmande. Une campagne d’information a été lancée dans le quartier pour fédérer les futurs jardiniers, qui ont ensuite élaboré ensemble une maquette du projet d’après les contraintes techniques et budgétaires.
700 plantes en strates
Au terme de cette phase, pas moins de 400 personnes étaient présentes en novembre 2019 pour le premier chantier participatif de plantation de l’association. Il y avait des gens de toutes les classes sociales, des gens plus ou moins investis dans la vie du quartier ou au niveau écologique. Ce qui est intéressant c’est que ces étiquettes disparaissent quand on jardine. Quand on plante, on plante, peu importe qui on est, pose Cécile Artale.
Ce chantier a permis l’installation de plus de 700 plantes en suivant les différentes strates d’une forêt : des arbres, des arbustes, des plantes à ras de terre et des plantes grimpantes. Les petits fruits rouges, plantes aromatiques et médicinales ont ainsi connu leur première récolte. L’équipe prévoit une nouvelle vague de plantations : On réalise qu’on a planté beaucoup de diversité, mais il faut aussi qu’il y ait de la quantité. Après nos ateliers pour présenter la livèche, la demande des habitants était trop grande par rapport au nombre de plants disponibles.
Jardin-forêt collectif : le mode d’emploi de l’association Pirouette Cacahuète
Conseil 1 : Permettre l’appropriation des habitants
« Nous pensons que fermer un espace avec un cadenas donne l’impression qu’il y a un trésor secret, quelque chose à voler. À l’inverse, notre jardin-forêt est toujours ouvert : il y a bien un trésor, mais qui appartient à tout le monde. Et ça marche. On constate que rien n’est abîmé, il n’y a ni vol ni dégradation. Certaines personnes viennent pour jardiner, d’autres juste pour se balader. Les jeunes du quartier protègent cet espace qu’ils se sont approprié. »
Conseil 2 : Assurer un suivi technique
« Un projet de ce type demande de bonnes connaissances botaniques. Il y a plein de plantes qu’il faut savoir entretenir. Nous avons beaucoup utilisé les ouvrages de Martin Crawford et Fabrice Desjours (la Forêt-jardin du britannique Martin Crawford, et Jardins-forêts du Français Fabrice Desjours). Les éventuels gestionnaires ou propriétaires des lieux doivent être consultés également, pour bien identifier et décider qui arrose, qui tond éventuellement, qui taille, etc. »
Conseil 3 : Guider les cueillettes
« Incitons les gens, qui souvent n’osent pas, à cueillir. Aidons-les pour ça à repérer les éventuelles plantes spontanées toxiques, ou encore les parties de celles qui sont comestibles ou non. Il y a également des précisions à transmettre sur les saisons de récolte d’une plante, sur la quantité de prélèvement à ne pas dépasser pour ne pas l’affaiblir, sur les façons de la cuisiner, etc. En plus des ateliers pédagogiques que nous organisons, nous voulons installer des panneaux informatifs dans la forêt avec la mention servez-vous et des conseils pratiques. »
Aucun commentaire
Close