Par Benjamin Vincent, 29 novembre 2013

« Le progrès, c’est aussi de faire des réformes courageuses pour préserver l’emploi et anticiper les mutations sociales et culturelles. » L’allusion est à peine voilée : quelle réforme serait plus courageuse et plus avant-gardiste que la cuisine en entreprise ? À La Ruche qui dit Oui ! par exemple, nous préparons chaque jour un repas que nous partageons entre collègues. Parce que c’est la solution la plus saine, la plus agréable et la moins chère de déjeuner, nous encourageons toutes les entreprise à en faire de même. C’est ainsi qu’est née le mouvement « Tous à poêle au bureau ».

Cette simplicité et cette convivialité, on la retrouve donc chez Billiger-Mietwagen, un groupe de plus de 100 salariés développant plusieurs sites Internet dans le monde, dont carigami.fr (ce qui explique la présence de plusieurs français dans l’établissement). Au début, c’est le directeur général qui a commencé à préparer des repas au bureau, pour vivre en accord avec son exigence de bien-être et son régime végétarien. Petit à petit, tous les employés se sont appropriés cette façon de faire. En 2007, quand ils s’installent dans de nouveaux bureaux à Cologne, la pratique prend une nouvelle ampleur et s’ancre dans l’architecture du lieu : une cuisine ouverte de 50m² est construite, incorporant un espace pour manger, un four et des plaques à induction.

Comment gérer la cuisine dans une entreprise comptant plus de 100 salariés ? C’est là que l’innovation entre jeu. Chez Billiger-Mietwagen, on s’associe librement sous forme de groupes (de 10 individus maximum) en fonction des affinités personnelles, des goûts culinaires ou des horaires de chacun. Les groupes se gèrent de façon autonome : entre eux, les membres décident comment régler les tours de cuisine, de courses et de vaisselle (à noter que l’entreprise offre tous les ingrédients de base tels que condiments, féculents, fruits, etc.). La cuisine en libre service est suffisamment grande pour que 4 groupes l’utilisent simultanément. Une organisation souple et performante que François Hollande n’a pas manqué de célébrer : « la démocratie, le progrès, le réalisme peuvent nous inspirer » a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il souhaitait voir la France adopter « le sens du dialogue, la recherche du compromis et la synthèse permanente entre la performance économique et la justice sociale. »

Du dialogue et des compromis, il en faut dans chacun des groupes, qu’il s’agisse des végétariens, des fanas de pizzas, ou des adorateurs de brötschen qui se contentent de fromage et de tartinades… Il y a même un groupe qui s’est imposé un système de points : on en perd quand on mange et on en gagne quand on cuisine, ce qui est effectivement une bonne synthèse entre la performance et la justice.

A noter que dans cette entreprise, la recherche de qualité de vie ne se limite pas à la pause déjeuner. Une personne est même salariée à plein temps pour veiller au bien-être des équipes : c’est la feel-good managerine ! Elle peut par exemple organiser des événements festifs ou installer des plantes vertes si les employés en expriment le besoin, c’est à eux de décider.

Par ailleurs, la disposition du bâtiment tout entier a été pensée selon l’art du feng-shui, et un architecte spécialisé a été embauché pour l’oeuvre. Plus pittoresquement, on y trouvera une salle de détente, des jeux vidéos, un babyfoot… et même une machine à pop-corn depuis peu !

« Votre pays est en avance sur d’autres », a déclaré François Hollande, très applaudi par son auditoire. Qu’attendons-nous pour combler notre retard ? Soutenez le mouvement de la cuisine en entreprise : rejoignez la page Facebook « Tous à poêle au bureau » et diffusez la plaquette explicative autour de vous !

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Merci à Geoffroy Dickson de carigami.fr pour avoir répondu à toutes nos questions. Pour suivre leurs aventures en cuisine, suivez leur blog francophone !

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