Après avoir traversé la France à pied de Nice au Mont-Saint-Michel en 70 jours, puis marché durant 42 jours sur les crêtes des Pyrénées entre Banyuls-sur-Mer et Hendaye, Pierre Hérant a remisé ses chaussures et sorti son VTT.
Il a ainsi pu réaliser un autre de ses rêves : contempler les mêmes paysages et affronter les mêmes cols de montagne que les coureurs de l’époque héroïque du Tour de France qu’il admire depuis toujours.
En voici son récit.
La première édition de cette épreuve fut organisée en 1903 par le journal « L’Auto-Vélo ».
Elle consista en six étapes, toutes de longueurs insensées, parcourues de Paris à Paris sur 2400 km sur des routes de terre battue et de roches concassées.
L’itinéraire s’allongea ensuite et entre 1919 et 1929 il prit véritablement la forme d’un hexagone.
Les Tours de France de cette période me fascinent, et c’était mon rêve de contempler un jour les mêmes paysages que ceux traversés par les valeureux coureurs et d’affronter les mêmes cols de montagne.
J’ai donc fait de même, mais en suivant de plus près encore les frontières et les littoraux de la France continentale.
Parti de Nice le 15 juin 2021 en direction des Alpes, j’étais de retour le 20 septembre après avoir parcouru 7600 km et franchi 80 000 m de dénivelé positif, l’équivalent de 9 fois la hauteur de l’Everest.
Au cours de mes 84 jours passés sur les routes, et parfois les pistes, j’ai relié successivement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre les six sommets de l’Hexagone (ainsi nommés), situés à Menton (Alpes-Maritimes), Lauterbourg (Bas-Rhin), Bray-Dunes (Nord), Plouarzel (Finistère), Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) et Cerbère (Pyrénées-Orientales).
Le 1er côté de l’Hexagone
Il longe sur 1530 kilomètres les frontières italienne, suisse et allemande.
Je l’ai parcouru en 21 étapes, en empruntant dès mon départ la « route des Grandes Alpes » qui relie la mer Méditerranée au lac Léman en passant au pied des massifs des Ecrins et du Mont-Blanc.
Celle-ci impose de franchir 24 cols de montagne. Cinq d’entre eux dépassent les 2000 m : les cols de la Bonnette (2715 m), de Vars (2108 m), d’Izoard (2360 m), du Galibier (2642 m) et de l’Iseran (2764 m).
J’ai ensuite traversé le Jura pour parvenir à la grande plaine d’Alsace et effectuer enfin quelques étapes plus reposantes.
Le 2ème côté de l’Hexagone
Durant les 850 km parcourus en dix étapes sur le 2ème côté, le long des frontières allemande, luxembourgeoise et belge, j’ai connu de nombreuses journées pluvieuses.
J’ai eu aussi beaucoup de difficultés à trouver des campings, et encore plus à m’héberger en gîte ou à l’hôtel.
Le bivouac sauvage fut fréquemment ma seule solution.
J’ai ainsi dormi sur un stade, dans un chantier de bâtiment, sur la rive d’un étang privé, à l’intérieur d’un cimetière et au bord d’un parking public.
Le 3ème côté de l’Hexagone
Suivre, au plus près les littoraux de la mer du Nord et de la Manche, durant 1820 km jusqu’à l’extrême pointe ouest de l’Hexagone sur une côte abrupte partout rongée par la mer, constitue un fantastique parcours.
Mais en contrepartie, le cumul quotidien des forts dénivelés sur chacune des 18 étapes atteignait des valeurs importantes, et un grand nombre d’entre elles s’apparentaient à des étapes de montagne.
C’est près de Saint-Brieuc que s’acheva la première moitié de mon Tour de l’Hexagone, après 3700 km parcourus en 43 étapes.
Par une belle coïncidence, c’est à proximité de cette ville que mon fils Pascal s’était installé quelques mois auparavant, et j’ai été très heureux de passer quelques jours de repos avec lui.
Le 4ème côté de l’Hexagone
A partir de la pointe la plus occidentale de d’Hexagone, l’itinéraire longe le littoral de l’océan Atlantique durant 1765 km jusqu’aux Pyrénées.
Durant les 9 premières étapes, j’ai poursuivi le contournement du massif armoricain sur un relief, demeurant toujours sévère et fatiguant, pour parvenir à l’estuaire de la Loire. Enfin, j’ai rallié durant 8 étapes moins exigeantes la frontière espagnole.
Le 5ème côté de l’Hexagone
Il longe les frontières espagnoles et andorrane depuis l’océan Atlantique jusqu’à la mer Méditerranée durant 900 km parcourus sur la « route des Cols Pyrénéens ».
Celle-ci franchit 41 cols, qui sont pour la plupart très raides.
Comme ils sont généralement plus courts que ceux des Alpes, la plupart des 12 étapes en comportent au moins deux.
Afin de suivre au plus près la frontière, j’ai traversé celle-ci après le col de Puymorens, ai franchi deux cols en Espagne, et suis revenu en France au col d’Ares, avant de retrouver la Méditerranée trois mois après l’avoir quittée.
Le 6ème côté de l’Hexagone
Durant 840 km, depuis la frontière espagnole jusqu’à la frontière italienne, le rivage de la mer Méditerranée offre partout des paysages admirables.
Leur contemplation a souvent ralenti mon allure.
Ce 6ème côté parcourt des zones touristiques très fréquentées, traverse les grandes villes de Marseille et Toulon et franchit des zones industrielles.
La vigilance doit donc être constante durant les 6 étapes du parcours et la sécurité à vélo demeurer une préoccupation permanente.
Pour celles et ceux qui rêvent de faire le tour de la France à vélo
Ce Tour de l’Hexagone reprend un itinéraire tracé et réalisé en 2011 par Régis Paraz, un grand spécialiste de vélo en montagne.
Il permet de découvrir successivement chacune des régions frontalières de notre pays et mérite de devenir un itinéraire classique de cyclotourisme, parcouru par les passionnés de très longs périples.
Selon le temps disponible, il peut être effectué en une ou plusieurs fois, chargé de sacoches, en mode bikepacking ou en dormant en gîtes et en hôtels, en le débutant à l’endroit souhaité, et ce quelle que soit la période de l’année, hormis durant l’hiver pour les étapes de montagne.
C’est dans ce but que j’en ai décrit, en détail, chacune de ses 84 étapes dans un livre grand format illustré par plus de 320 photos, cartes et tableaux.
Publié par Chamina Edition, celui-ci est disponible dans toutes les librairies.
Fabuleux article ! J’ai eu la chance d’interviewer Pierre Hérant pour le blog de CycloVagabond. Je dois dire que son envie insatiable de voyager m’a impressionnée. Voici le lien de ce magnifique échange : https://cyclovagabond.com/tour-de-france-a-velo-seul/
Parcours de vie époustouflant, j ai parcouru votre périple rapidement ce qui m intrigue c est votre nom!j ai épousé un « Hérant « ,avec cette orthographe, c est assez rare!
Bonjour. Merci beaucoup pour votre commentaire. Notre nom de famille est en effet peu courant et pourrait presqu’être être un pseudo en ce qui me concerne. Je le trouve tout à fait adapté aux petites aventures que je réalise et que je relate à chaque fois dans un nouveau livre. Très cordialement.