Du 5 au 7 mai dernier, c’était le Ouishare Fest au Parc de la Villette à Paris. Trois jours pour échanger autour de l’économie collaborative. La Ruche qui dit Oui y était. On vous raconte de l’intérieur ?
On commence par des chiffres ? 3 jours de festivités, 1600 participants, 150 pitchs, 1206 photos et 29 vidéos partagées, 8576 tweets. Joli succès pour ce deuxième rendez-vous des co-workers, co-voitureurs, co-designeurs, crowd-funders du monde entier (environ 30 nationalités représentées).
Sous le grand chapiteau du cabaret sauvage, toutes les 7 minutes environ, les entreprises se relayaient sur scène pour présenter leurs idées. On y croise Rachel Botsman, pionnière du concept de l’économie collaborative avec la publication en 2010 de son ouvrage What’s Mine Is Yours : The Rise of Collaborative Consumption. Mais aussi le fondateur d’Air Détox, une initiative pour arrêter collaborativement de fumer.
L’économie collaborative est-elle l’économie de demain ? Ces nouvelles façons de produire et de consommer créent du revenu mais sauront-elles assurer de vraies protections sociales ? Le secteur connaît-il des limites ? Comment le faire évoluer ? A Ouishare Fest, on parle aussi de tout ça, d’autant que le thème de cette session 2014 est « The age of communities ».
Pendant que les intervenants montent sur l’estrade, un dessinateur s’empare du paperboard pour illustrer ses propos en dessins colorés. Ensuite, on les affiche dans l’entrée. Guilhem Chéron a désormais sa trombine au marqueur et The Food Assembly un beau poster bien coloré.
Sous une tente, on a sorti les ponçeuses et les marteaux. C’est l’heure des travaux pratiques. Vous voulez collaborer ? Construisez donc une table avec vos amis de la journée. On vous prête le matériel, on vous livre les plans Opendesk, à vous de jouer ! En ce qui me concerne, j’ai testé le ponçage à la main qui fait des ampoules et celui à la machine qui vibre. Mais surtout j’ai beaucoup discuté et rencontré des bricoleurs-inventeurs de génie.
23 centimètres, 100% local : pendant trois jours, la Ruche qui dit Oui (là-bas on parlait plutôt de The Food Assembly, son petit nom à l’étranger) s’est mis en quatre pour nourrir de l’intérieur tous ces acteurs d’une économie qui change. Au menu ? Des radis à tremper dans du beurre, un hotdog fait de saucisse fermière, d’oignons confits et de chou rouge assaisonné d’une sauce à la moutarde de Meaux. des fraises, le tout garanti Seine-et-Marne, Pas-de-Calais et Picardie.
Benjamin a passé la matinée les mains dans l’eau froide à faire la toilette aux légumes. En compagnie de nouveaux amis rencontrés à la cuisine, ils sait désormais comment on dit radis en lituanien. Lucie s’est enduite d’oignons confits (j’en avais même dans mes poches, rapporte-t-elle). L’autre Benjamin a essayé toutes les tactiques pour ne pas faire brûler la casserole…. Au final, 500 menus engloutis. On est prêts pour la foire du Trône.
Tu aimes un hotdog, tu tweetes, tu écoutes une conférence trop bien, tu tweetes, tu es content, tu tweetes. Ici c’est le repaire des smartphones et des twittos. Tout est commenté et partagé en direct, le plus souvent en anglais. Le sésame, c’est #osfest2014. En trois jours 8576 tweets ont été envoyés. Quand Rachel Botsman dit : « La confiance sera la nouvelle monnaie du XXIe siècle », c’est une avalanche de missives. On voit aussi passer des réflexions philosophiques du genre « s’exprimer sans le verbe être permet de ne pas imposer de jugements et d’éviter la pensée binaire ». A la Ruche qui dit Oui on essaie de suivre mais twitter les mains dans le confit d’oignons c’est pas toujours évident.
Il y a eu aussi des fêtes, des bières prises sur la péniche, des trombes d’eau et des grands rayons de soleil, des centaines de rencontres. Une effervescence joyeuse qui donne des ailes et nous conforte dans l’idée qu’on ne s’est pas trompé de voie.
« Inconnue il y a cinq ans, l’économie collaborative progresse aujourd’hui un peu partout dans le monde, à raison de 25 % de croissance par an, écrit le magazine We Demain également de la partie. Le magazine américain Forbes estime son poids à 3 milliards d’euros en 2013. Certains la définissent comme le fait de préférer l’usage et le partage d’un objet ou d’un lieu à sa possession. D’autres parlent d’un changement structurel dans notre manière de « faire société », rendu possible par le numérique. » A la Ruche qui dit Oui, dans quelques années on pourra dire : nous aussi, on y était !
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