Alors que le gouvernement peine à sortir une étiquette nutritionnelle pour les produits alimentaires, depuis 2012, l’association Open Food Facts met à contribution les citoyens pour créer une gigantesque base de données libre et ouverte. Plus de 66 000 produits sont d’ores et déjà décryptés et notés.
Stéphane Gigandet ne se déplace jamais sans une bouteille de ketchup dans son sac pour démontrer l’intérêt du projet Open Food Facts qu’il a créé. « Il existe aujourd’hui des tas d’informations sur les étiquettes comme la liste des ingrédients ou le tableau nutritionnel. Avec quelques amis, on s’est dit qu’avec toutes ces données on pouvait créer un genre de Wikipédia pour les produits alimentaires. »
L’ingénieur en informatique commence la démonstration. La bouteille dans une main, le smartphone dans l’autre, le centralien père de famille ouvre l’application Open Food Facts (pour les I-phone elle est là) et scanne la bouteille rouge. En deux secondes, l’écran nous livre les entrailles du produit. On découvre que le ketchup est sans conservateur ni épaississant (un bon point), que les ingrédients viennent de l’union européenne (pas si mal), puis vient la note globale, un D rose bonbon justifié par de grandes quantités de sucre (15,9g/100g) et de sel (2,3g/100g). « Il y a encore pire » explique Stéphane, qui compte dans sa base de données 90 ketchups répertoriés.
« Voilà deux ans que les industriels tergiversent sur la façon d’évaluer nutritionnellement les aliments. Ils ne veulent pas afficher la couleur ? Nous le faisons pour eux, selon les calculs initiaux du Professeur Hercberg. » Stéphane Gigandet
Et est-ce qu’il y a mieux ? Pour le savoir, deux solutions s’offrent à nous : scanner tous les ketchups en rayon ou aller fouiller dans la base Open Food Facts en ligne. Là, on peut effectuer une recherche en quelques clics derrière son ordinateur. Vous voulez un ketchup noté C ? Tapez votre requête, on vous livrera les marques qui ont reçu cette note (ne cherchez pas les bons élèves A et B, ils n’existent pas dans cette catégorie). Vous souhaitez connaître les ketchups ayant un taux de sel inférieur à 2g/100g ? Cliquez. Grâce à cette base de données ultra complète, vous pouvez même croiser les données, éditer de jolis graphiques et pourquoi pas vous en servir pour imaginer une nouvelle appli.
« Nous considérons que les informations sur les produits alimentaires sont trop importantes et utiles pour les garder enfermées dans un coffre-fort », explique le jeune quadragénaire. Nous avons donc décidé de faire exactement l’inverse. De donner nos données. » Depuis le début de l’aventure, tout le monde peut accéder au trésor d’Open Food Facts, y contribuer et utiliser les datas pour construire des sites, des services, des logiciels, des applications mobiles, pour écrire des articles, sous réserve uniquement de citer la licence. « Nos données sont d’ores et déjà utilisées pour développer des applications pour les diabétiques ou les allergiques » s’enthousiasme Stéphane.
Si Stéphane et son équipe bénévole ne souhaitent ni lancer des actions de boycott, ni de lobbying, ils espèrent en toile de fond faire bouger les lignes. Changer les comportements par le simple fait de rendre accessibles les informations écrites en corps 6 au dos des produits. Aujourd’hui, la note nutritionnelle pourrait bien secouer les industriels. Les calculs permettant d’attribuer des lettres de A à E sont ceux de Serge Hercberg, Professeur de nutrition (Paris 13, Inserm), auteur du rapport sur la prévention nutritionnelle de 2014, qui depuis deux ans connaît de nombreux rebondissements.
« Aujourd’hui, les marques ne permettent pas aux consommateurs d’avoir accès facilement aux données nutritionnelles », rappelle Elisabeth Laville, experte de la responsabilité sociale des entreprises et fondatrice du cabinet Utopies. Le débat en cours sur l’étiquetage nutritionnel où personne n’arrive à se mettre d’accord sur un cahier des charges commun montre bien à quel point les entreprises souhaitent éviter la comparaison. Mais il faut qu’elles se rendent compte que si elles ne le font pas spontanément, d’autres le feront pour elles. C’est déjà le cas avec Open Food Facts. »
Et ça change quoi de rendre accessible la quantité de glucides, de sucres et de lipides dans nos aliments ? De brandir les additifs ? « L’étiquetage énergétique n’a pas tant fait changer les consommateurs que les fabricants », précise Elisabeth Laville. « Le rouge étant peu affichable, tout le monde a fait en sorte progressivement de revoir ses produits pour les passer au vert. On peut facilement imaginer qu’il se passera la même chose dans le monde de l’alimentaire. »
Les industriels seraient donc plus sensibles au bâton qu’à la carotte ? Ils auraient peur du carton rouge ? Tout le laisse croire. Citoyens, vous savez donc ce qu’il vous reste à faire. Pour que les ketchups redeviennent fréquentables, pour que les céréales du petit-déjeuner réduisent leurs 40% de sucre, pour que les ingrédients soient davantage locaux, pour que le bio et l’équitable soient plus visibles sur les étals, pour que l’on oublie l’huile de palme… Vous aussi participez à Open Food Facts. Brandissez votre smartphone, ouvrez vos placards, scannez, partagez, faites tourner les informations. Camarades de la transparence alimentaire, la food révolution est en marche !
Je suis prête à installer l application j ai peur que se soit payant j en est pas les moyens du tout… Pourquoi on nous présente un mode de paiement quand on commence a installer l application si c est gratuit ?
Une bonne initiative pour informer et éduquer le consommateur que nous sommes. Je prendrai le temps de tester ce service pour me faire mon opinion sur son efficacité, sa simplicité, la rigueur des données collectées et surtout la pertinence des informations disponibles. Ce n’est pas parce qu’un produit est transformé qu’il n’est pas de qualité, la lecture des étiquettes est très intéressante et révélatrice à ce sujet. À chacun de définir les critères qui lui correspondent le mieux.
Idem pour moi. Tant qu’il n’y aura pas de système plus « démocratique » pour nous faire découvrir votre travail, je n’irai pas faire de la pub pour cette appli.
Il faudrait commencer à remplir une grosse base de données avec les produits répertoriés au fur et à mesure quitte à faire participer le consommateur.
En tout cas, l’idée est bonne. Je crois qu’il n’y a pas d’autres choix pour que le « mieux consommer » se globalise
Hé bien… méfiance!
Ce n’est pas par se qu’un produit est noté « valeur nutritionnel A » qu’il est bon pour la santé!!!
Que penser d’un « boooon » gateau au chocolat… sans sucre ni graisse, mais avec plein de E à 3 chiffres?!
Super nouvelle belle énergie, ravie de l apprendre! Auriez-vous moyen de me dire comment faire vu que j ai un blackberry? Je ne vais sûrement pas m acheter un IPhone pour lire les étiquettes, et si cela n est pas possible j attends le moyen de pouvoir y remédier! 🙂
Quelles que soient les motivations initiales, créer une nouvelle application pour smartphone,
c’est accroître les flux de données, les besoins en capacité de flux des smartphones et des antennes relais,
c’est accroître les risques de cancer dans la population.
L’organisation mondiale de la santé reconnaît les champs électromagnétiques comme cancérigènes depuis 2011.
Nous en avons suffisamment autour de nous pour ne pas accroître encore les risques.
On n’a pas besoin d’une application smartphone et de l’implication de milliers d’utilisateurs pour savoir que la nourriture empaquettée des supermarchés est à éviter et qu’il faut consommer des produits de base (pas de produits transformés), bio et locaux…
Pour info, un récent appel de médecins en la matière ainsi que une étude toxicologique qui confirme ces points :
http://reporterre.net/Electro-sensibilite-le-cri-d-alarme-des-medecins
http://www.degruyter.com/view/j/reveh.2015.30.issue-4/reveh-2015-0027/reveh-2015-0027.xml?format=INT
il existe en Français un livre : » le bon choix au super marché » édité par le collectif » la nutrition.fr » , revu je pense tous les ans et qui répertorie les différents aliments, pas un gros livre, mais très bien fait , à mettre dans son sac quand on va faire les courses , du moins au début , ensuite on sait ce qu’il ne fait pas , il faut acheter
C’est effectivement une super application, sauf que comme d’autres tout aussi intéressantes, il faut avoir un Iphone récent….Et comme mon vieux Iphone 4 fonctionne très bien…
Entièrement d’accord , je compte sur Vous, propriétaire de smartphone pour agir car mois je suis encore au téléphone clapet et au manque d’expérience sur les technologies informatiques.
Faute de mes connaissances j’agis en achetant plus ou vraiment la base dans les grandes surfaces et privilégiant les petits commerces tel que le boucher du coin et légumes à la ruche ou sur les marchés.
Communiquons ensemble et n’attendons pas de l’Etat pour Avancer.
Bonjour Armella,
Le site web http://fr.openfoodfacts.org/ permet de faire les même choses que l’app et devrait fonctionner même sur un iPhone 4.
Seule chose pas très logique dans la version 100% web : pour « scanner » un code barre et voir le produit correspondant s’afficher, il faut cliquer l’icone de « petit bonhomme » en haut à gauche de la page d’accueil pour ouvrir le menu « Ajouter un produit » et cliquer sur le bouton « Photo avec code-barre » : ceci devrait lancer l’appareil photo et vous permettre de prendre une photo du code barre qui sera alors automatiquement envoyée et analysée pour vous retourner la page du produit correspondant.
Ça parait compliqué décrit en détail comme ça, mais à l’usage c’est très simple : ouvrir le menu, cliquer sur le bouton « Photo avec code barre », prendre la photo du code barre, voir le produit s’afficher.
Merci pour l’info. Je vais donc tester!!
Bel et bon article qui met bien en valeur le travail accompli par Stéphane Gigandet et les nombreux bénévoles du monde entier. Une initiative novatrice et qui fait progresser la science de façon citoyenne, bravo et merci de l’avoir mise en lumière de cette façon.