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Les pratiques industrielles peuvent-elles être un exemple de relocalisation alimentaire ?

L’Atelier Technologique fait partie de l’Agro Campus Dijon et a un rôle à la fois pédagogique et industriel. À sa tête, Cécile Farineau, directrice depuis 3 ans, nous explique que se fournir avec des matières premières locales est un moyen de redonner du sens à ce que l’on transforme et à ce que l’on mange.

“Ici, les produits ne sont pas seulement transformés en France, mais composés dès que possible, de matières premières locales et françaises”, explique Cécile. Cela se traduit parfois par un prix pouvant surprendre, notamment avec des fruits que l’on paye jusqu’à deux fois plus cher que ceux importés d’Europe de l’Est, mais qui est justifié par une juste rémunération des producteurs et une agriculture plus respectueuse de l’environnement. La qualité peut aussi être recherchée en allant plus loin que le minimum exigé par la réglementation. 

 

Cécile nous donne l’exemple des confitures fabriquées à l’Atelier pour mieux comprendre. Afin de bénéficier de la précieuse appellation, la loi impose un minimum de 350 g de fruits pour 1 kilogramme de confiture après évaporation du mélange avec le sucre. Le label “confiture extra” se gagne en utilisant un minimum de 450 grammes de fruits. Cependant, à l’Atelier Technologique, c’est à partir de 900 grammes de fruits avant évaporation que l’on obtient 1 kilogramme de confiture. 

Revaloriser les métiers liés à la transformation alimentaire

Cécile nous précise qu’il y a un vrai savoir-faire de la transformation alimentaire en France, et qu’il serait dommage de ne pas montrer cela au grand public. Une solution simple et efficace : Ouvrir les portes des entreprises, être le plus transparent possible et offrir une médiatisation positive à ce secteur qui en a besoin. C’est pour ça qu’une mission de l’Atelier Technologique consiste à offrir des prestations de services auprès des agriculteurs ne disposant  pas des infrastructures adaptées, ou d’autres acteurs souhaitant transformer leurs matières premières. En parallèle, l’Atelier Technologique produit sa propre gamme de produits, qui sont vendus majoritairement en circuit-courts, auprès d’hôtels, de bars et des particuliers.

Une autre solution pour revaloriser les métiers industriels est la formation. L’Agro Campus Dijon est un ensemble de 6 centres, sous la tutelle du ministère de l’Agriculture. Il s’agit d’un établissement public proposant diverses formations pour des métiers liés à l’alimentation. “Les métiers du secteur de l’industrie n’ont pas le vent en poupe et la profession rencontre des difficultés à recruter”, raconte Cécile. Pour cause, une majorité d’entreprises de l’industrie alimentaire produit en masse et répond à des logiques imposées par la grande distribution, qui surveille de près les prix. Afin de pouvoir proposer des produits à bas coûts, des sacrifices sont faits et l’on rogne sur tout, y compris sur les matières premières. De plus, lorsque l’on pense à ce secteur, tout un imaginaire de scandales l’accompagne, bien que ces derniers soient minoritaires.

 

Il est donc important de revaloriser ces métiers, qui ont perdu en noblesse avec le temps, en leur donnant une approche ciblée sur la qualité des matières premières, aussi garantie avec les labels, comme celui de l’agriculture biologique” dont bénéficient certains aliments transformés par l’atelier, ou encore des marques comme “savoir-faire 100% Côte-d’Or”.

Relocaliser et évoluer

Relocaliser le système alimentaire aurait plusieurs avantages, nous partage Cécile. Tout d’abord,l’aspect social, en matière d’emploi. “Les producteurs locaux font des choses très intéressantes et il faut aller se fournir auprès d’eux, cela donne du sens à ce que l’on fait.” En effet, il s’agit aussi d’une question de proximité de travail, lorsque l’on connaît nos producteurs locaux, nous sommes à même de leur parler sans intermédiaire et de comprendre la qualité des produits de chacun. Se fournir localement ne doit pas être une contrainte et peut, au contraire,  être perçu comme une facilitation de la tâche. Cela semble être du bon sens de se procurer des matières premières disponibles à quelques kilomètres plutôt que sur d’autres continents. Mais actuellement ce n’est pas toujours facile de se fournir ainsi. Il faut parfois faire des précommandes plusieurs mois à l’avance et il existe parfois un frein au niveau des prix, pour que le coût final reste accessible au plus grand nombre. 

 

En outre, les profils des consommateurs évoluent, et ils acceptent désormais de payer parfois  plus cher, pour manger mieux. Nous pouvons aussi repenser nos façons de consommer. Les consommateurs ont aussi à y gagner. Ils participent à un système plus durable, qui permet de recréer du lien, avec des producteurs fiers de présenter leurs produits. 

 

Enfin, on constate un aspect environnemental, lié à la notion de contingence. Chaque action induit une empreinte environnementale, et il est important pour Cécile de se demander : Est-ce réellement nécessaire ? En France, nous produisons déjà ce qui est basique à notre alimentation, comme des céréales, des légumes, des fruits, de la viande. Que nous manque-t-il ? Les changements de mentalité sont propices aux questionnements sur les importations dans le secteur de l’alimentaire, et permettent une prise de conscience sur l’importance de relocaliser notre système alimentaire.

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