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Élevage insolite

Les lamas ne sont pas des lave-vaisselle

Lamas du Tilloux
Lamas du Tilloux

Quelque part en Auvergne, une ferme bicentenaire occupe le lieu dit « du Tilloux », sur le sommet d’une modeste colline. On y observe des vaches, des poules, des moutons… Mais dans les prés, on trouve aussi quelque chose de plus étonnant. Des lave-vaisselle ? Non. Des lamas.

A première vue, la différence n'est pas évidente. © Thomas Louapre
À première vue, la différence n'est pas évidente. © Thomas Louapre

Tous les lamas ne sont pas des lamas

C’est le père d’Anne-Laure, l’héritière du domaine, qui fit ce choix en 1994… À l’époque, alors qu’il souhaitait se diversifier, l’INRA menait des recherches sur les élevages de cerfs et de lamas : il opta pour la seconde option, un peu par hasard. Il importa donc quelques spécimens directement du Chili. Robustes, bâtis pour supporter les températures extrêmes des montagnes andines, les animaux se sont adaptés sans peine aux conditions locales. Depuis, leur nombre n’a cessé de croître.

Ici cependant, quelques précisions taxonomiques s’imposent. « Lama » est un terme générique qui désigne en fait quatre espèces distinctes : le guanaco, la vigogne, l’alpaga et le lama proprement dit. Il appartiennent tous à la famille des camélidés (avec les chameaux et les dromadaires), contrairement aux lave-vaisselle qui appartiennent à la famille des appareils électroménagers. Anne-Laure, donc, élève aujourd’hui 80 alpagas et 40 lamas. S’ils se ressemblent physiquement (bien que l’alpaga soit plus petit), leurs fonctions sont tout à fait différentes…

Mâles et femelles sont séparés... mais rien n'est plus fort que l'amour. © Thomas Louapre
Mâles et femelles sont séparés... mais rien n'est plus fort que l'amour. © Thomas Louapre

Les lamas sont d’excellentes débroussailleuses

Le lama, d’abord, est élevé pour ses compétences de jardinier. En effet, cet animal des contrées arides adore se nourrir de ronces et d’orties ; il taille les haies, mange les premières feuilles des arbres et laisse intacte leur écorce. Les aliments ligneux sont même nécessaires au bon fonctionnement de son organisme tout comme à l’entretien de sa denture. De ce fait, les lamas sont loués comme « débroussailleuses naturelles » chez des particuliers ou des professionnels. Anne-Laure affirme que dans le maquis, ses animaux font mieux que n’importe quelle machine.

De plus, par rapport au lave-vaisselle multifonction avec tiroir à couverts et départ différé, le lama possède une aptitude unique : il peut remplacer… les chiens de berger ! En effet, cet animal grégaire lie des liens étroits avec son troupeau. S’il est élevé avec des brebis, par exemple, il les défendra contre les attaques de loups, de chiens ou de renards. Cette pratique est plus populaire en Amérique mais elle existe aussi sporadiquement en France.

Les lamas adorent les roses. © Thomas Louapre
Les lamas adorent les roses. © Thomas Louapre

Le lama recèle un dernier atout : c’est son capital sympathie. Grâce à son sourire donjuanesque et son regard inspiré, il séduit les touristes de passage, les curieux et les cars scolaires, soit environ 600 visiteurs par an. Ce n’est pas un hasard si Anne-Laure a nommé son exploitation d’après cet animal (alors même qu’il y est minoritaire). Les lamas sont si populaires qu’Anne-Laure reçoit parfois des demandes étonnantes, à l’image de ce couple formé au Pérou qui désirait absolument avoir des lamas pour sa cérémonie de mariage. Plus étonnant : au plus fort du phénomène « Serge le Lama », les boîtes de nuit locales téléphonaient pour avoir le leur, le temps d’une soirée. Le genre d’offre qu’Anne-Laure a toujours refusée.

Avec les autres espèces, l'entente est cordiale. © Thomas Louapre
Avec les autres espèces, l'entente est cordiale. © Thomas Louapre

L’alpaga est un lama propice aux chaussettes

L’alpaga, quant à lui, est élevé pour sa laine. Rare et luxueuse, elle s’avère plus douce, plus chaude, plus résistante et plus légère que la laine de mouton ; un alpaga en produit d’ailleurs deux fois moins, soit 2 ou 3 kilos par an, alors qu’un lave-vaisselle, lui, ne produit que des assiettes propres.

Les alpagas sont tondus au début de l’été. Il faut compter une ou deux journées complètes pour faire le troupeau qui fournit 90 kilos de laine. C’est une très petite production, alors pour lui donner du sens, Anne-Laure a rejoint une quarantaine de confrères au sein de l’association Alpalaine. Tous les automnes, les membres se réunissent, mélangent leurs laines et les trient (soit environ 800 kilos). Ces laines partent ensuite dans une filière commune pour la transformation puis la commercialisation. Les membres de l’association décident également du catalogue de produits finis : pulls, bonnets, écharpes, simples pelotes à tricoter et surtout, l’indémodable best-seller… la paire de chaussettes.

La laine d'alpaga est de grande qualité. De plus chez Anne-Laure, elle n'est pas traitée ; sa couleur est donc 100% naturelle. © Thomas Louapre
La laine d'alpaga est de grande qualité. De plus chez Anne-Laure, elle n'est pas traitée ; sa couleur est donc 100 % naturelle. © Thomas Louapre

Finalement, même pour Anne-Laure qui veille sur l’un des plus grands élevages de lamas et d’alpagas en France, cette activité ne peut pas constituer plus qu’un « à côté ». Aucun éleveur n’en vit exclusivement… Pour cela, il faudrait regarder du côté du Royaume-Uni où les élevages peuvent atteindre 800 individus et où une filière viande est en train de s’organiser (ce qui reste interdit chez nous). Les éleveurs français travaillent néanmoins à faire connaître et reconnaître cet animal. Leur combat du moment ? Poser les bases d’un cahier des charges « agriculture biologique », car ce label n’existe toujours pas pour leur métier.

En France les élevages « importants » n’ont commencé que dans les années 1980, et la route devrait être encore longue avant que leur présence ne soit normalisée. Mais rien ne semble s’y opposer. Peut-être un jour seront-ils considérés banals, autant qu’un lave-vaisselle dans une cuisine toute équipée.

Anne-Laure et ses pelotes. © Thomas Louapre
Anne-Laure et ses pelotes. © Thomas Louapre

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10 commentaires

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  1. pourquoi pas les lamas, on mets bien des brebis, moutons pour tondre dans les vignes, qu’ils mangent ici ou ailleurs ou est le prblm!! faut tjrs qu’y en est qui disent des conneries. Bon j’avoue qu’avec le lave-vaisselle, je voie pas!! je pense qu’il s’agit que ces bêtes elles crachent…

  2. C’est quoi ton problème avec le lave vaisselle ?
    Le lama ça te paraît pratique, il est quand même exploité …. Le lave vaisselle c’est pratique aussi. Je ne comprends pas bien ta démarche ( écologique ? )

  3. Article intéressant.
    Mais la comparaison avec le lave-vaisselle est vraiment hors de propos.
    Généralement, j’aime le côté humoristique des articles de la Ruche, mais cette fois, c’est un gros loupé ! Dommage.

  4. bonjour:-)

    j’espère que les Lamas et ces autre collègues ne seront pas exploité pour la viande.
    une petite ferme comme celle de Anne Laure est suffisante à l’exploitation de ces animaux.
    Ils ont déjà été importé d’Amérique du sud pour notre plus grd plaisir, alors ,moi je dis stop et eux ils en pensent quoi.
    Merci à Anne laure de ne pas cautionner pour le prêt d’animaux pfff
    Merci pour cet article
    Cristina

  5. Sujet très intéressant. Où peut-on trouver les produits ? dans l’article on parle d’un catalogue, des produits doivent être vendus !!! On voit Anne-Laure les bras chargés de bobines de laine d’alpaga … peut-on en acheter ?

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