À quelques kilomètres de Saint-Lô, Eric Hierro cultive à la Belhomière herbes aromatiques et médicinales, petits fruits et légumes. Son leitmotiv ? Guider la nature plutôt que tenter de l’apprivoiser, l’aider à donner le meilleur d’elle même, lui offrir potions maison et fertilisant des poneys. Sa devise ? Cultiver patiemment et passionnément !
L’aventure commence il y a 17 ans. Eric acquiert ce domaine à Saint-Gilles où tout est à faire. Au fil des années, il installe une première framboiseraie, des pommiers anciens et des plantes aromatiques. Dès le départ Eric cultive sans aucun intrant chimique, en s’aidant de ce que la nature lui fournit. Il fabrique lui même ses purins d’ortie, de consoude, de tanaisie, de fougère… Chacune a ses bienfaits qu’il découvre au fur et à mesure. Le purin de fougères éloigne les limaces, la décoction de tanaisie fait des miracles sur les parasites du chou, la prêle s’avère un magnifique antifongique…
A l’herberie, les plantes ne sont pas alignées en rangs d’oignons, c’est plusieurs petits jardins que l’on découvre au fil de la visite. La grande framboiseraie est entrecoupée de pommiers rustiques, de rhubarbes ou encore de tomates anciennes. Les myrtilles poussent entre les chênes et les fraises accompagnent les asperges en fleur. Le paillage permet d’éviter la perte d’eau, à tel point qu’ici, on n’arrose qu’avec les gouttes de pluie.
Eric travaille avec toutes les forces de la nature. Avec les animaux, aussi. Alors, il met à disposition des oiseaux une coupelle d’eau pour qu’ils soient moins tentés par les juteux fruits. Plusieurs générations de chats tiennent éloignés les mulots des plantations.
Ici, on pratique la permaculture. Une des particularités de la pratique est d’accompagner la plante dans son développement et on peut dire que ça lui réussit plutôt bien ! Le compost alimenté par les déchets du potager, des tailles et des épluchures enrichit naturellement la terre. Quelques plants de légumes s’y développent même directement, courges ou concombres par exemple. Ailleurs, les tomates ne sont pas cantonnées sur 2 lignes comme dans un potager classique, on en retrouve à 3 endroits différents du terrain. Pour Eric, déplacer les plants vers un autre endroit plus propice à leur croissance c’est s’assurer qu’elles donnent le meilleur d’elles mêmes.
La diversité des variétés est ici impressionnante. Jusqu’auboutiste, Eric réalise ses plants à partir de graines de variétés anciennes et bouture ses aromatiques et petits fruits à partir d’un pied mère. Il choisit des variétés de petits fruits très savoureux comme d’énormes framboises ou mûres, des chaftas (anciennes variétés de caseilles) ou des groseilles blanches. Dans la serre c’est le royaume des tomates qui à leur pied laissent découvrir sept variétés de basilic, dont le thaï très aromatique ou encore le lime, grec ou cannelle. Dehors plusieurs petits jardins d’aromatiques nous guident par le bout du nez, entre l’estragon du Mexique, la menthe fraise ou chocolat, les herbes de Provence (sarriette, marjolaine, thym citron…).
A la Belhomière, les aromatiques se muent souvent en herbes médicinales. Logique selon Eric qui s’en réfère aux thèses d’Hippocrate (l’aliment est la première des médecines). Le cerfeuil très riche en fer et calcium combat l’anémie, la menthe poivrée réduit les troubles digestifs, la sauge est l’alliée des femmes et la verveine est relaxante et digestive. Elles s’utilisent fraîches dans la cuisine ou en infusions, mais aussi séchées. C’est pourquoi, l’été le passionné les cueille et les étale au sec pour pouvoir l’hiver venu les vendre en vrac dans de petits sachets pour faire perdurer les bienfaits. En ce moment, il planche sur son propre séchoir, 17m² de claies pour proposer une belle gamme d’herbes et de mélanges pour les tisanes.
Il confectionne également des confitures et gelées, avec des mariages audacieux comme la gelée de chaftas-menthe ou de groseille-verveine et les classiques rhubarbe fraise ou mûres.
Ca donne terriblement faim tout ça ? Sachez que vous pouvez retrouver ses produits en vente directe chez lui, à la Ruche de Saint-Lô mais aussi à de bonnes tables comme le Goût Sauvage ou le Bistrot Lambs. Ses aromatiques rares comme le basilic thaï, le poireau perpétuel ou l’estragon du Mexique sont en effet très prisés des chefs qui savent utiliser leur saveur tout en finesse.
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