La Ruche qui dit Oui ! participe au Salon de l’Agriculture 2014. Sur son stand, elle souhaitait rassembler le plus de gens possible autour d’une idée simple… Un objet tout bête… Une table en bois. Pour y partager du bon pain comme de bonnes conversations. Elle a donc demandé à un artisan breton, découvert par ouï-dire, de lui confectionner un modèle unique. En nous livrant sa création, l’homme nous a aussi raconté sa vie, et celle-ci est tellement romanesque qu’on a décidé de vous la partager, à notre tour…
Fils d’agriculteurs, Camille Gaboriau arrêta l’école de bonne heure. Il avait le goût du bois, pas du bachotage, et ce depuis l’âge de huit ans quand il vit son père travailler cette matière noble. À seize ans, Camille passe en apprentissage et se forme à la charpenterie ainsi qu’à la menuiserie, jusqu’à ce que le service militaire ne l’envoie à la base des Fusiliers Marins de Lorient, faisant de lui le dernier homme à intégrer la corporation des charpentiers de marine avant sa dissolution. Car aujourd’hui, les bateaux de l’armée sont en métal. « A l’exception des bateaux de démineurs qui sont en acajou », précise Camille, « car le bois n’est pas détecté magnétiquement ».
Une fois le service terminé, Camille est libre de retourner travailler dans le bâtiment. Mais il a le mal de terre : c’est définitif, les bateaux en bois le font chavirer. D’autant plus que le métier lui semble menacé. « On voyait arriver les fenêtres toutes faites, les volets en plastique, etc. J’ai eu peur. » Il passe son CAP Charpentier de Marine en 1989 et, dès son premier stage, travaille sur une réplique d’une nef de Christophe Colomb commandée par un acteur de théâtre. Plus tard, il participe aussi aussi à la construction du Renard de Saint-Malo, copie-conforme d’un légendaire voilier du XIXe siècle portant le même nom. Après une brève incursion dans le monde du salariat, Camille décide de continuer sa route sans patron et de sillonner la Bretagne à bord d’un camion équipé d’un poêle à bois. « J’avais besoin de bouger. Un charpentier de marine, c’est libre tout le temps. Tu vas là où il y a le travail. » Pour vivoter, il fabrique avec des copains la fausse épave du Capitaine Crochet que l’on peut encore voir aujourd’hui dans l’attraction Peter Pan, à Disneyland. Jusqu’au jour où il jette l’encre : « J’ai rencontré une femme adorable, artiste peintre. On s’est marié. On a sept enfants. »
Camille s’installe avec sa famille dans un corps de ferme au milieu d’un petit village proche de Saint-Malo, complètement à l’écart de la normalité qu’impose sa profession où l’on préfère généralement vivre les pieds dans l’eau. Il se met à son compte et fonde une entreprise pour mener des projets tous azimuts, que lui apportent trois types de clientèles : les associations de sauvegarde de vieux bateaux (comme SOS Baleine mais pour les monocoques), les marins pêcheurs, et les plaisanciers amoureux de belles embarcations. Pour eux, Camille ne compte pas son temps : il peut passer plus de 600 heures sur un chantier. « Je travaille beaucoup à la main, souvent la machine ne passe pas. C’est un métier pointu. »
A cette même période, Camille monte une association dont le but est de restaurer le dernier pilote en bois à moteur (un pilote, c’est un petit bateau qui amène les gens sur un gros bateau). La Pilotine, c’est son nom, rassemble une centaine d’adhérents fidèles, et une fois par mois, une quinzaine d’entre eux viennent prêter main forte sur le chantier depuis maintenant… onze ans ! Mais Camille ne s’en lasse pas. « On est pas loin de finaliser, on est arrivé aux ¾ et on cherche encore des gens motivés. C’est aussi une manière de transmettre mon métier. »
On l’aura compris, Camille travaille le bois comme d’autres respirent. Alors, quand une drôle d’entreprise parisienne lui demanda de fabriquer une table sur mesure, il accepta sans hésiter. Pour ce projet il s’est basé sur les dessins de Guilhem Chéron, président de La Ruche qui dit Oui ! et designer de formation, qui ne rechigne jamais à inventer de nouveaux objets quand les circonstances le permettent.
« C’était très intéressant car c’était original », pensa Camille. « Il y avait une petite recherche à faire, des solutions à trouver. Le but c’est que ce soit fonctionnel. » Le résultat, après 100 heures de travail ? Une table en chêne d’ébénisterie, avec en son milieu trois ouvertures rectangulaires où s’incrustent des cagettes (conçues spécialement pour l’occasion) ou des planches en bois pour obstruer (la transformant alors en table de travail). Tout autour, six bancs étroits cachent sous leurs assises des porte-bouteilles. Voilà notre vaisseau pour le Salon de l’Agriculture ! Un objet sur lequel on pourra trinquer, croquer, taper du poing, tartiner, échanger, émietter, renverser, resservir… Vous embarquez ?
Pour contacter Camille, voici son adresse : chantier.gaboriau@gmail.com
bonjour,
Comment faire et ou s’adresser pour ouvrir une ruche ?
Je suis actuellement sans emploi après 20ans dans la grande distribution dont plus de 10ans en tant que directeur mais voila j’ai été licencié et aujourd’hui à 49ans j’ai du mal à retrouver un emploi .
Je voudrais lancer ma propre activité et cette formule je pense correspond bien à ce que je souhaiterai faire .Merci
Cordialement
Bonjour Serge,
Pour ouvrir une ruche, il suffit d’en faire la demande sur le site. Inscrivez-vous sur http://www.laruchequiditoui.fr et proposez d’ouvrir une ruche. On vous contactera ensuite pour affiner avec vous votre projet.
Bonne route,
Bravo à Camille pour ta table. Bravo à la ruche pour ce bel article avec, sur la dernière photo, une jolie abeille …
C’est super ce que vous faites 😉
BRAVO POUR CE QUE VOUS FAITES