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Chevaux électriques

La France a encore cette capacité à préserver des espaces de bout du monde, des endroits plus perdus que perdus. Le lieu-dit Illas sur la commune de Rivèrenert en Ariège fait partie de ces endroits ou le smartphone semble hors sol. D’ailleurs Mélina et Guillaume n’en ont pas.

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Il fallait quand même le faire de s’installer là. Pas question d’avoir oublié les croissants pour le petit déjeuner ni d’envisager de se boire un petit apéro au bistrot du coin pour faire un tiercé. Ici, c’est amour et eau fraiche ou tu passes ton tour à l’épreuve de la ruralité extrême. Chez Mélina et Guillaume, quand on arrive cet été le jour à peine levé, c’est woofing à tous les étages et on ne saisit pas immédiatement quelle est la fonction de chaque pièce de la maison. On comprend seulement que, côté confort Ikéa c’est pas l’appartement témoin. Et ils s’en foutent joyeusement, car leur vie est ailleurs, à l’extérieur, dehors avec leurs chevaux, leur chienne, leurs cultures et la nature au sommet de son art.

Près de 5 hectares organisés à la fois pour la culture de semences potagères, de légumes et de fruits frais et transformés, mais aussi comme ferme pédagogique pour des animations autour de l’agroécologie.
Près de 5 hectares organisés à la fois pour la culture de semences potagères, de légumes et de fruits frais et transformés, mais aussi comme ferme pédagogique pour des animations autour de l’agroécologie.

Allez, on vous l’avoue, ces deux là sont vraiment très attachants. Après avoir râlé après l’horaire matinal peu en adéquation avec nos mœurs urbaines, leur douceur et leurs convictions nous ont fait oublié l’absence de café au démarrage. Vous l’aurez compris Mélina et Guillaume sont un couple, à la scène comme à la ville, sauf qu’ici, scène et ville ne font qu’une seule unité de temps et de lieu. Oh bien sûr, ils ont bien un peu leurs petites spécialités, Guillaume aime un peu plus la technique par exemple et Mélina plus branchée sur l’accueil des enfants, mais quand même, ça fusionne à tous les étages.

A l’origine les deux étudiants se rencontrent avec des idées communes bien arrêtées sur l’agriculture comme ils l’imaginent. Pour mettre leurs idées à l’épreuve ils créent une association, mais très vite la nécessité de passer à une version grandeur nature se fait sentir. En 2009, une ferme qui leur plait est à vendre, Illas devient leur terre d’attache.

 

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On ne va pas vous surprendre si on vous dit qu’ici l’agroécologie est un must, que les pesticides sont bannis et que toute la production est vendue en circuit court. Pas très étonnant non plus que Mélina souhaite transmettre son savoir à des enfants et que son projet le plus cher serait de pouvoir mieux organiser leur accueil dans des locaux adaptés mais nécessitant un peu d’investissement.

 

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Non, le plus surprenant à Illas, ce sont les héros locaux, Pyrène et Vanille, huit pattes de douceur qui approchent gentiment les deux tonnes cumulées. Deux juments de trait qui n’obéissent ni au doigt ni à l’œil et encore moins à la baguette, mais sur simple douce voix de leurs maîtres. Et là, attention, si vous ouvrez le dossier « traction animale », Guillaume devient intarissable, comme un qui détesterait vraiment les tracteurs. Ce jour là, c’est Vanille qui est de service et il est vrai qu’une terre remuée avec tant de douceur et de délicatesse ne paraît pas pouvoir produire de mauvais aliments. Vanille et Pyrène sont des bosseuses. Préparation des sols, phases d’entretien, récoltes, rien n’échappe à leurs sabots. C’est à observer l’animal et à se former aux techniques d’éducation en « équitation éthologique » que Guillaume en est venu à considérer plus globalement les problématiques de production d’énergie et est tombé sur la trépigneuse.

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Principe simple : le cheval aime marcher et quand il n’est pas à travailler avec ses maîtres, il marche dans le vide, entendons par là que l’énergie qu’il produit n’est pas captée. Guillaume et les confrères agriculteurs qu’il a embarqués dans son aventure vont simplement construire cette machine qui va permettre de produire de l’énergie quasi gratuite, moins chère qu’une deux chevaux. En fait, ils ont déjà largement étudié la chose qui existe déjà dans les communautés Amish aux Etats-Unis.

Le cheval se retrouve enfermé sur un plan incliné, les sabots posés sur un tapis roulant dont il est le moteur. Qui dit roulant dit possible poulie, qui dit poulie dit courroie, et qui dit courroie dit transmission. Et si ce projet de mécano est mis en œuvre, adieu le pétrole pour faire fonctionner la scie ou la fendeuse à bois, c’est le cheval qui fournit l’énergie en transformant celle qu’il perd en se baladant sur son tapis. Et on a hâte de voir la chose en marche, pas vous ?

 

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Pour découvrir le projet en images, c’est par ici…

Et pour le soutenir, c’est par .

Article de Pierre Hivernat

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