En agriculture aussi, il y a des modes. Les productions vont et viennent, au gré des goûts, des besoins et des technologies de chaque époque. Et si le chanvre couvrait une partie de la France au Moyen-Age, il est bien possible que cette plante retrouve sa place dans nos campagnes d’ici quelques années. Isabelle et Olivier, producteurs en Ile-de-France, nous annoncent la tendance.
L’équipe de La Ruche qui dit Oui ! s’est rendue sur les lieux avec une caméra, et vous en rapporte un petit reportage.
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Au départ, ce sont les pouvoirs publics qui poussèrent les agriculteurs locaux à produire du chanvre, par le truchement du Parc naturel régional du Gatinais français. Cette plante suscite en effet deux types d’intérêts. Le premier est écologique, puisqu’elle se plait partout, pousse sans apports d’eau ni d’intrants chimiques, et ne craint ni les maladies ni les ravageurs. Elle étouffe d’elle-même les « mauvaises herbes », et ses racines profondes aèrent le sol, lui permettant de se régénérer dans l’attente des cultures suivantes. Le deuxième attrait du chanvre, c’est sa forte rentabilité, car ses applications industrielles sont multiples.
D’un côté, nous avons les graines. En les pressant, on obtient une huile de grande qualité qui peut s’utiliser à froid en cuisine, mais aussi pour la fabrication de cosmétiques. De l’autre côté, nous avons la tige. À l’intérieur on trouve une partie ligneuse appelée chènevotte, dont on fait des granules qui peuvent servir de paillage dans les jardins ou de litière non-toxique pour les animaux de compagnie. Mélangés à de l’eau et de la chaux, ces granules coagulent en un matériau léger, très isolant ; appuyés sur une ossature de bois, ils peuvent ériger des murs de maison. Sur l’extérieur de la tige, enfin, on tire une fibre qui peut servir de textile, mais aussi d’isolant pour remplacer la laine-de-verre. Cet isolant, en plus d’être naturel, a la particularité de faire fuir les rongeurs.
Les applications du chanvre semblent illimitées, et combinables entre-elles. Pour s’en rendre compte, rappelons qu’Henry Ford présenta dès 1941 une voiture avec une carrosserie de bioplastique partiellement issue du chanvre, dotée d’un moteur fonctionnant à l’éthanol de cette même plante. Les recherches furent interrompues par la guerre, avant que le chanvre ne tombe en désuétude… Mais pas pour longtemps !
Attendez-vous à voir de plus en plus souvent, sur la route de vos vacances, des champs de chanvre par la fenêtre. Par exemple dans le Gatinais, il couvre actuellement 250 hectares (Isabelle et Olivier en cultivent 15). La production locale devrait augmenter chaque année pour atteindre les 1000 hectares dans trois ans – une quantité qui devrait permettre à Olivier et ses nouveaux associés d’atteindre l’équilibre avec l’usine de transformation qu’ils sont en train de mettre en place, « Gatichanvre » (01 69 11 13 01). Ils ont déjà le bâtiment. les machines, elles, arriveront dans un an et demi. Ce sera l’une des rares usines de transformation dédiées au chanvre. En France, on en compte à peine une demi-douzaine.
Les agriculteurs du coin ne sont pas difficiles à convaincre d’adopter la culture. Le chanvre est plus rentable que le colza (une autre culture bien développée dans la région), et surtout, puisqu’il ne nécessite aucun traitement, il permet d’améliorer facilement la moyenne écologique d’une ferme afin d’atteindre les exigences du plan Ecophyto 2018.
Avec le développement des cultures, les habitants locaux devraient s’habituer. En attendant, il n’est pas rare que la gendarmerie reçoive des appels anonymes signalant des « productions de cannabis ». Isabelle s’en amuse et rappelle ses champs sont régulièrement contrôlés. On souhaite éviter, surtout, que des trafiquants ne viennent cacher une production clandestine à l’intérieur du champ très officiel. Isabelle se souvient d’ailleurs avoir vu, un jour, deux voleurs s’enfuir avec des sacs poubelles remplis de plantes arrachées. Elle en rit, encore une fois, puisque le chanvre agricole (variété développée par l’INRA) est dépourvu de THC, en plus d’avoir assez mauvais goût lorsqu’il est fumé.
Si vous souhaitez connaitre les véritables produits d’Isabelle et d’Olivier, sans leur voler, vous pourrez les trouver dans les Ruches ou les marchés du Gatinais, ou même les commander directement via leur site Internet : http://www.maisondechanvre.fr. Ils préparent d’ailleurs, pour cette rentrée, une nouvelle gamme de paillis de chanvre pour les animaux de compagnie.
[…] la différence entre le chanvre agricole et le chanvre cultivés décident de dérober des plantes dans l’idée de les fumer […]
Bonjour,
Notre association transforme le chènevis depuis 2001 dans la région Rhône-Alpes où il est habituellement produit en bio. Cette année ayant été particulièrement pénible pour l’agriculture locale (canicule et sécheresse), Ananda a dû se replier sur des chanvriers d’autres régions. D’où une rupture de stock momentanée ayant retardé notre présence sur le réseau de La Ruche qui dit oui.
Nous pensons donc très prochainement proposer notre catalogue (huiles, farines, condiments et purée)