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Mon stage chez Pascal Sancier, éleveur de brebis

Je m’appelle Noémie, j’ai 14 ans, je vis à Paris. En décembre, pour mon stage de 3e, je suis partie une semaine en Gironde chez Pascal Sancier, éleveur de brebis en bio. Il m’a accueillie à la ferme du Paillot, où il a partagé avec moi sa passion pour l’élevage.

Texte et photos : Julie Subiry

Pour mon stage de 3e, tandis que la plupart de mes camarades s’apprêtaient à découvrir le monde du travail, confinés dans un bureau, moi, je me rendais parmi les brebis de Pascal Sancier, en Gironde. Si j’avais l’impression de partir en vacances, j’ai pu m’apercevoir que les journées d’un éleveur étaient sans répit.

Lundi 8 h, quel silence ! Pas de vrombissement de voitures, de coups de klaxon ni de sirènes pour me réveiller. Aujourd’hui, je n’ai pas de métro à prendre. Juste une cour de ferme à traverser. Le ventre vide, je saute dans de vieux vêtements chauds et rejoins Pascal à la bergerie.

Il se lève tous les jours à 5 h. En cette fin d’année, c’est la période d’agnelage, il doit être présent auprès des brebis. En général, elles mettent bas seules, mais parfois, s’il y a des complications, il doit intervenir. Seuls les tout petits et les mères sont mis au chaud à la bergerie, les autres vivent dehors.

C’est fascinant de voir comme les agneaux sont rapidement sur leurs pattes ! Quelques minutes après leurs premiers bêlements, ils tentent déjà des sauts de cabris, quand il nous faut souvent plus d’un an pour cet apprentissage !

Après avoir assisté à une naissance, retourné le foin dans la bergerie, nourri 150 poules, trois ânes, deux vaches (Nevada et Shakira) et les petites chèvres Tic et Tac, nous avons droit à une pause. Pascal boit un café, et j’avale cette fois un bon petit-déjeuner. Moi qui ne mange jamais le matin, l’air frais et les émotions m’ont donné faim ! Mes doigts et mes orteils sont gelés. Pascal me donne de la laine feutrée pour me confectionner des semelles à glisser dans mes bottes. Et nous voilà repartis pour l’entraînement des chiens !

Presque quotidiennement, les deux border collies font des exercices pour pouvoir répondre à des ordres simples, précis et cohérents : gauche ! droite ! stop ! Red est particulièrement doué. Son maître, Tom, le plus jeune fils de Pascal, a reçu le certificat d’aptitude à la conduite de chien de berger sur troupeau (CACCBT). À seulement 11 ans, iI est capable de conduire un troupeau de 300 têtes, seul avec son chien.

10 h 30. Nous partons en transhumance, voir si l’herbe est plus verte ailleurs : à l’aide des chiens, nous menons les brebis sur plusieurs kilomètres à travers les bois. C’est impressionnant de voir les deux border collies au travail. Avec eux, pas une brebis ne s’égare !

Le rapport qu’a Pascal avec ses chiens est différent de celui que beaucoup de citadins ont avec leurs animaux domestiques. Pour lui, c’est une collaboration, une relation de travail. Ça ne lui viendrait pas à l’idée de dormir avec ! En revanche, moi, je partagerais bien un bout de canapé avec Neige, la patou, énorme boule de poils affectueuse.

Après une pause déjeuner bien méritée, nous reprenons le travail vers 14 h. Il s’agit de trier une partie du troupeau. À l’aide de grosses craies, on marque avec des couleurs différentes les mères, les agneaux de plus de 3 mois et les béliers. Nous trouvons des intrus : quatre béliers du voisin se sont retrouvés parmi les brebis de Pascal. On n’a plus qu’à les attraper… Mais ce n’est pas si simple !

17 h, la journée se termine pour moi. Pascal, lui, part à Bergerac emmener quelques bêtes à l’abattoir. Du haut de mes 14 ans, moi qui ai grandi à la ville, je me demande comment il fait. Les questions se bousculent dans ma tête… Pourquoi leur mort me touche, alors que je mange sans états d’âme mon steak haché à la cantine ? Les brebis de Pascal ne sont-elles pas plus heureuses que la plupart des animaux qui finissent dans mon assiette ? Ce que je comprends c’est qu’il faut apprendre à ne pas s’attacher pour être éleveur.

Beaucoup de brebis d’élevage pourraient envier la liberté dont jouissent celles de Pascal ! Courir les bois et les champs à longueur de journée, brouter le trèfle, la luzerne et le plantain entre copines, ça semble être une belle vie de brebis. De mon côté, je prends goût à cette liberté, au plein air, à la lumière d’hiver. Le soir venu, les cheveux plein de paille, les vêtements tout crottés et le corps courbaturé, je file sous la douche avec bonheur. J’ai bien travaillé ! Je sens encore les battements de cœur du petit agneau que j’ai porté toute le long de la transhumance.

Bien au chaud sous mes draps, le sommeil me gagne, je compte les moutons… Dans une semaine, je repartirai plus riche : je saurai retourner le foin, nettoyer la bergerie, conduire un tracteur, réparer une clôture, donner le biberon aux agneaux… Et qui sait ? C’est peut-être pour moi le début d’une aventure…

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13 commentaires

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  1. Ca me rappelle mon enfance quand j’allais garder les moutons. Quoi de plus merveilleux et ressourçant que cette relation avec les animaux.
    Magnifique reportage.

  2. Magnifique expérience de vie…un grand merci à tous et à toi qui a eu l’idée d’un tel stage !

  3. Des talents d’écriture et de photographie incontestables qui témoignent d’une grande sensibilité. Bravo pour ce beau stage Noémie. Cette lecture fait chaud au coeur. Merci !

  4. Super ma Nono un reportage magnifique je suppose que tu t’es bien éclatée mais tu savais surtout plein de choses déjà de la campagne, tu as mis tout à profit. Comme tu le sais les animaux apportent beaucoup, plus on les aime plus ils nous en donnent. Une bonne expérience de vie, tu en auras plein encore !

  5. Merci Noémie pour ton récit. Une très belle découverte pour toi et certainement pour tes professeurs et tes camarades.

    Vive la ruralité ! moi aussi j’ai franchi le pas et n’ai aucun regret.

  6. Bravo à vous et oui le compte rendu de stage a dû etre très bien accueilli par votre collège comme etant bien différent !!! BRAVO aussi de nous avoir fait voir toute cette vie saine ….même si la finalité est la même…le principe est que durant leur vie au moins chaque bête est bien élevée !!! A partager en masse pour bien montrer que tout n’est absolument pas perdu d’avance ????

  7. Superbe reportage et splendides photos ! Bravo et merci pour ce partage. Je travaille dans des bureaux parisiens et je vois passer les 3ème en stage dans des open-spaces mornes… quelle chance d’avoir pu faire un stage pareil. Je retiens en tout cas l’idée du stage en exploitation agricole pour mon petit garçon (qui a encore quelques années à parcourir avant d’y être). Encore merci !

  8. Très beau récit ! … un rapport de stage sacrément original , ils ont dû être scotchés au Collège! Bravo … et peut-être une vocation !

  9. C’est un très joli récit ! Et très bien écrit ! Bravo Noémie.
    Je pense que ton rapport de stage a été très apprécié dans ton collège, et très original !

  10. Magnifique Noémie !!!
    J’ai vécu la même chose à 44 ans en pleine reconversion professionnelle, c’est magique, comme un renaissance! Ecoute ton coeur pour la suite de l’aventure!!

    1. Bonjour Aurélie!

      (et merci Noémie, ton bel article arrive pile au moment où je me questionne sur la possibilité de faire un stage justement!)

      Du coup Aurélie je serais intéressée par une conversation avec toi car, à 41 ans, je pense également à une reconversion auprès de brebis. J’aimerais savoir par quelles étapes tu es passée?

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