Au four et à la machine à traire, du matin jusqu’au soir, en compagnie de ses chèvres : Madame Oudin a des journées bien chargées. Pourtant, elle n’échangerait sa vie contre aucune autre.
À 33 ans, Carole Oudin fait partie de ces nouveaux producteurs qui ont un jour quitté leur bureau pour ouvrir leur petite entreprise. « Après avoir eu deux chèvres comme animaux de compagnie, j’ai décidé de devenir éleveuse en 2010, raconte-t-elle, j’ai suivi une formation au lycée agricole d’Obernai pendant une année scolaire pour apprendre les bases de l’élevage caprin et de la transformation fromagère ».
Depuis mars 2012, à Imbsheim où elle habite, au pied du Bastberg au nord ouest de Strasbourg, Carole a augmenté son troupeau pour arriver à une trentaine de chèvres laitières et « deux papas boucs. Je fabrique chaque jour mes fromages, nature ou aromatisés à partir de produits issus de mon jardin ou de mon verger ».
Les jours de marché, trois fois par semaine, Carole se lève vers 4h30 du matin, pour traire ses chèvres. « Les trois premières années, je faisais tout à la main, se souvient-elle, j’ai acheté une machine à traire l’an dernier, c’est clair que ça aide ». Le lait repose le temps du marché, pour devenir caillé grâce à l’action de la présure ajoutée par Carole. C’est là que la transformation du lait en fromage commence.
A la technique apprise au lycée agricole, Carole ajoute une bonne dose de débrouille et d’imagination. Ainsi elle a fait récemment l’acquisition d’une… cave à vin pour affiner son fromage. « Pour l’instant je ne fais que du frais, mais j’ai de fortes demandes pour du chèvre affiné, précise-t-elle, alors je fais des essais, et dès que ça sera abouti, je pourrai proposer ces nouveaux produits, voire même des copeaux de fromage de chèvre façon parmesan ».
Répondre au plus près des demandes de ses clients est essentiel pour Carole, qui a choisi de travailler en circuits courts : en plus des marchés, elle fournit une dizaine de Ruches en Alsace et en Lorraine. Dans son laboratoire, elle élabore ce qu’il faut de fromages pour couvrir les commandes des Ruches et un petit stock pour les marchés.
Des moules en plastique de différentes longueurs attendent sur une paillasse en carrelage. C’est toujours la même opération : Carole remplit les moules à la louche avec du caillé et les pose sur la table en inox : le fromage se forme peu à peu, le petit lait s’échappant des petits trous des moules. Le lendemain, il est temps de retourner le fromage dans le moule. Et ainsi de suite jusqu’à ce que le fromage soit suffisamment à maturité.
Des deux jardinières en bois, accrochées aux murs de bois de l’étable de Carole, quelques brins d’aromates persistent. Quelques brins seulement : « Lessive se régale avec les herbes aromatiques, faut vraiment que je fasse gaffe… » sourit la productrice. Lessive, c’est une chèvre presque adoptée. Mal en point à sa naissance, elle a bénéficié de soins particuliers de la part de Carole et de son compagnon Victorien qui l’ont nourrie au biberon. Maintenant elle se promène dans l’étable ou dans la cour, gare à ne pas laisser de choses appétissantes à croquer sous sa dent.
Lessive, un drôle de nom pour une chèvre : « elle est née l’année des L, fallait trouver quelque chose. A Noël en général on fait un brainstorming en famille ou entre amis, pour trouver des noms pour les chèvres. L’année des L, on a Lessive, donc, mais aussi Lachèvre, Limace, Litchi… » Pendant que Lessive va jouer à l’étable, les herbes fraîches sauvegardées rejoindront les réserves d’échalote du jardin et de noix du verger pour aromatiser les fromages frais.
«Mes boucs sont partis en vacances chez un copain qui a des vaches, revèle Carole, sinon j’aurai eu sans doute des surprises à Noël ». Les températures chaudes de l’été ont un peu émoustillé les biquettes dont certaines sont déjà en chaleur. Alors chaque jour Carole note sur un tableau celles qui pourraient avoir un petit plus tôt que prévu, histoire de veiller au grain. Car Carole interrompt la production de fromages en hiver.
« Je ne désaisonnalise pas mes chèvres, je ne veux pas bousculer leur rythme naturel », prévient-elle, avant de glisser dans un sourire que cela lui permet aussi de partir un peu en vacances durant l’hiver. Le rythme est soutenu durant toute l’année, mais Carole ne renoncerait pour rien au monde à ce choix de vie. « J’avais un CDI, des congés payés, des tickets resto, des horaires précis, des samedis et des dimanches… dans ce métier, les 35 h on les fait en deux jours, mais on gagne une qualité de vie incroyable. J’aime ce que je fais, ça me donne envie de me lever chaque matin même quand c’est à 4h30 et finir à 23h. Je vis de ma passion. »
Le soir, après la traite, Carole quitte l’étable pour rejoindre sa cuisine pour sa dernière séance de travail avant un repos bien mérité. Là, elle va confectionner crèmes desserts, tartes au fromage blanc et… cannelés au lait de chèvre, derniers produits arrivés dans son petit catalogue de fromages aromatisés.
« J’avais essayé une fois les cannelés au lait de chèvre et j’en ai fait goûter lors d’une distribution festive dans une Ruche. Et comme ça a beaucoup plu, j’ai eu une forte demande pour en faire et en proposer lors des ventes. Voilà comment le cannelé est devenu quasiment mon produit phare ! » Tout le secret du cannelé de Carole est évidemment dans le tour de main mais aussi dans les deux cuillères de schnaps de poire ajoutées dans la recette…
Bonjour, bravo à toi pour t’être découverte je suis fan et je voudrais pouvoir te contacter car je suis comme toi, je voudrais sortir de se système de vie en grande surface et devenir chevrière ?
Je te souhaites de vivre longtemps de y’a passion ?