Depuis 4 générations, la famille Benoît trempe dans la riziculture au cœur de la Camargue. Histoire d’un petit grain de riz devenu grand.
Il faut que je vous fasse une confidence, le riz j’y connaissais pas grand chose. Celui de Camargue encore moins. J’avais juste l’image d’Epinal de chevaux blancs, crinières au vent s’éclaboussant dans l’eau des rizières. Le riz de Camargue s’invitant dans les Ruches, j’ai dû gratter un peu la carte postale pour percevoir la réalité au travers. Je vous raconte ?
La Camargue est un plat pays au bord de la méditerranée, une zone humide remarquable classée Parc naturel régional, un espace naturel avec seulement une poignée de communes, Arles, Sainte-Marie-de-la-mer, le Grau du Roi mais beaucoup plus de moustiques, surtout l’été. Depuis le XIIIe siècle, on y cultive le riz, d’abord un peu, puis beaucoup, voire passionnément comme le racontent les professionnels du riz camarguais juste ici.
Citons le décret d’Henri IV qui, le 23 août 1593, sur les conseils de son ministre ordonne que soit entreprise en Camargue la culture du riz, pour agrémenter sa légendaire “poule au pot” ? L’histoire ne le dit pas. La culture connaîtra ensuite des hauts et des bas, des tops et des flops. Et c’est dans les années 40 que la riziculture française connaît un réel essor avec notamment la première exploitation de la famille Benoît qui, depuis, est passée entre les mains de 4 générations.
Le vent se lève
Aujourd’hui, à Saint-Gilles, sur 300 hectares, Philippe Benoît et son fils ont pris le relais et cultivent 5 variétés de riz, toutes certifiées IGP de Camargue. Le riz de Camargue est supérieur aux autres riz parce que nous avons le Mistral, rapporte Françoise Benoît. Le vent empêche le développement des moisissures. L’environnement préservé, la nature du sol et les contraintes de production exigées par le label géographique assurent aussi sa spécificité.
La riziculture est essentielle à notre écosystème. Pour faire pousser le riz, on est obligés d’apporter de l’eau, ce qui fait baisser le sel dans les nappes phréatiques. Sans eau, le sel remonte et la Camargue redevient un marais salant.
Dans quelques semaines, vers le mois d’octobre, Philippe moissonnera ses cultures, enlèvera la tige et les feuilles autour des grains de riz puis les enverra chez un rizier. Parce qu’il faut savoir qu’une fois ramassé, le riz « dit paddy » n’est pas consommable C’est comme si vous mangiez une cacahuète avec sa coquille, explique madame Benoît. Le riz doit donc être livré à un professionnel qui le débarrasse de sa balle (la peau), le polit, le blanchit par tout un tas d’interventions mécaniques. Puis l’envoie à un conditionneur, en l’occurrence chez Jean-Louis Benoît, le frère de Philippe.
Le riz, passionnément
Le quinquagénaire lui a légué ses terres il y a 10 ans lorsqu’il a choisi de passer de l’autre côté de la production (vous suivez toujours ?). Il y a 25 ans, raconte Françoise, mon mari Jean-Louis alors riziculteur est venu me voir en me disant qu’il souhaitait faire des boîtes de riz. Il voulait arriver à donner une vraie place au riz de Camargue, j’ai trouvé cela très effronté mais on s’est lancé.
Dans les années 2000, le couple monte donc la Sarl Benoît riz de Canavere, celle-là même qui livre les Ruches aujourd’hui. L’entreprise s’équipe de conditionneuses, d’ensacheuses, aménage un entrepôt de 1000 m2 et, chaque année, met en boîte près de 1000 tonnes. On en achète quelques kilos ?
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