Depuis l’été 2014, le petit hameau de Saint-Victor de Buthon dans le Perche compte 512 habitants, 48 vaches et l’un des premiers espaces de coworking en milieu rural. Visite.
Ca pourrait être la maison de week-end idéale pour Parisiens. Volets verts, murs de pierre, escaliers de brique, broc à brac, grange et dépendances et, surtout, 90 minutes chrono du périph’. « Une Abbaye de Thélème du XXIème siècle ? Un caravansérail des nomades numériques, une base arrière de pirates, d’entrepreneurs et d’indépendants ? Le Village est un mélange de tout cela », promet l’équipe sur le site de Mutinerie. Le Village, c’est aujourd’hui la petite soeur campagnarde d’un des premiers espaces de coworking parisien.
Il y a quatre ans, lorsque William van den Broek, ses deux frères et leur pote Xavier dessinent Mutinerie, c’est en premier lieu pour leur pomme. Fraîchement diplômés, ils ne s’imaginent pas entre quatre murs dans un espace de travail traditionnel avec un boss et une machine à café en poudre. Ils préfèrent se créer un environnement de travail sur mesure, pour eux, et pour ceux qui s’y sentiront bien. « Nous sommes jeunes et nous rêvons d’une (micro) société idéale. Notre grand projet est d’inventer un mode de vie et de travail intégré. »
Aujourd’hui, la vie pour les 4 acolytes approchant de la trentaine ne se limite pas au bouillonnant 19e arrondissement parisien. Ils rêvent aussi de vert, de feu de cheminée, de moutons dans les prés et de connexion haut débit affalés dans un rocking chair. « Vous aimez la liberté ? Elle habite la campagne », écrit l’humaniste vénézuélien Andrès Bello. La phrase résonne très fort chez les quatre Mutins adeptes de la règle de Gargantua : fais ce que tu voudras. A l’automne 2013, ils récupèrent la demeure familiale du grand-père et se lancent dans l’aventure du coworking/coliving à la campagne.
« Mon arrière grand-père a acheté cette ferme en 1948, après-guerre et en prévision de l’Apocalypse », explique William féru de métaphores bibliques. L’eau de la rivière est potable, il y a un potager. L’aïeul sait qu’il peut mettre ses proches à l’abri et vivre ici en autarcie, ou du moins en paix.
« A terme, on adorerait que ce lieu soit totalement autonome, assure William. On imagine un grand fablab dans la grange pour fabriquer tout ce dont on a besoin, des panneaux solaires sur les toits, quelques hectares en permaculture… » En attendant, lorsque les trois frangins prennent en main la maison, il faut surtout lui donner un bon coup de jeune. Refaire le toit, isoler murs et plafonds, terrasser le terrain pour refaire un potager, lisser, peindre, aménager.
Plusieurs chantiers collaboratifs sont organisés. Chez les Mutins, on appelle ça des opérations coups de foin où chacun expérimente aussi bien la truelle que la pelleteuse. De coups de peinture en poses de parquet, à l’été 2014, la ferme est enfin prête à accueillir ses premiers visiteurs.
« Mutinerie Village s’adresse aux travailleurs nomades de tous poils, ceux qui fréquentent les espaces de coworking en France et en Europe et tous les indépendants à la recherche d’un havre de paix pour travailler au vert. » Pour tous, la formule comprend le gîte et le couvert (40 euros HT par jour tout compris). Certains peuvent venir s’y ressourcer pour quelques jours, d’autres s’installer pour un mois, voire plus. Ces derniers, les moines dans l’univers mutin, doivent passer une à deux heures par jour à s’occuper des tâches communes : cueillette au potager, cuisine, literie…
Mettre les mains dans la terre, faire un tour au potager constitue pour tous le passage obligé de Mutinerie Village. Non seulement parce que les légumes que fait pousser Samuel le spécialiste de la permaculture affichent une santé hallucinante mais aussi parce que le travail numérique a à voir avec le travail paysan.
« Dans l’économie numérique, on parle de pollinisation, d’écosystème, de viralité … écrit William. Autant de termes empruntés aux logiques biologiques. Et ce n’est pas complètement un hasard. Les logiques biologiques inhérentes à la production agricole se retrouvent dans l’économie numérique et impliquent des méthodes de production sans doute plus proches entre elles que de celles héritées de l’âge industriel. » Réflexions à méditer entre les rangs de poireaux.
Et sinon, qu’est-ce que ça change de travailler au vert ? « Avant tout la perception du temps, confie William qui passe la moitié de sa semaine dans le Perche. On profite plus de l’instant présent, on se disperse moins, on délaisse un peu plus son ordinateur et on priorise mieux les choses. Autour de la table le soir, on parle moins de sa vie professionnelle. On rencontre la personne avant la fonction, ça change la relation. » Depuis cet été, déjà 140 personnes ont poussé la barrière du hameau de la Lochonnière…
|Bravo et félicitations pour votre projet très intéressant sur le coworking ! C’est un concept important et innovant qu’il est important de développer pour les startups et indépendants 😉 Bonne continuation !
Ca donne envie ! Les coworkers prennent certainement des bonnes doses d’inspiration à travers les méthodes de la permaculture. Apprendre à s’adapter à la nature sans la contraindre et à favoriser les relations réciproques entre les différents organismes vivants. Bravo pour cette initiative.
Bonjour,
Je viens de découvrir votre projet et vos réalisations avec intérêt. J’habite à 10km de St Victor et je souhaiterai vous rencontrer. Pourriez vous me contacter par téléphone au 06 21 05 95 12 (ou me communiquer un n° de téléphone pour pouvoir vous joindre)
Marie Andrée
Je viens de passer une merveilleuse semaine « coup de foin » à Mutinerie village! Entre rencontres, travail de la terre, construction de serre, de poulailler, rires, débats, musique et bons repas, … Je suis rentrée dans mon p’tit pays reboostée, pleine d’idées, de projets, … c’est un endroit magique, rempli de bonnes ondes et de belles personnes. C’est certain, j’y retourne dés que je peux!!
Merci Nathalie, le plaisir était totalement partagé !
Bonjour,
Quelle bulle d’oxygène les amis !
A lire votre initiative, j’ai eu l’impression que quelqu’un ouvrait grande un fenêtre afin de laisser entrer de l’air frais.
Je comprend votre démarche, d’autant que je viens de l’infographie et que je suis aussi installé définitivement dans l’Orne.
A la différence près, que je me suis reconverti en qualité d’éco-paysagiste depuis peu. Mais nous partageons le même socle, celui d’accompagner la nature sans la contraindre.
Au plaisir de partager nos expérience communes,
Amicalement,
Ca nous va droit au coeur ! D’ailleurs, l’Orne c’est pas loin du tout de Mutinerie Village … Tu y es le bienvenu
Super bonne idée pour la campagne proche de Bucarest ou toute autre grande ville de Roumanie ou j’habite depuis 25 ans. Bonne continuation!
Magnifique, ça donne envie!
Mon fils se rend compte que la rénovation et l’installation ont dû coûter pas mal. Il se demande si c’est sur fond propre et si les 40€ par jour servent à rembourser un financement ou produire un quelconque bénéfice. Si cela permet à 4 jeunes d’en vivre, pourquoi pas, au moins ils ne sont pas à charge de la société et promeuvent la solidarité!
Félicitations en tout cas pour cette réalisation!
Yvonne
Yvonne
Pour le moment, tout est financé sur fonds propres et nous espérons bien pouvoir être autonomes financièrement (le lieu se veut autonome et l’aspect financier est un éléments essentiel). Cependant, nous envisageons d’autres solutions pour trouver des fonds, crowndfunding, aides ponctuelles … Merci pour tes encouargements en tous cas !
Bravo pour cette initiative qui permet à tous de se ressourcer et entretenir une société humaniste. Une chose m’intrigue tout de même : les pensionnaires sont il déclarés comme travailleurs, et les courageux créateurs et organisateurs paient ils des charges sociales et sont ils aux normes du droit du travail ?
Bravo pour cette merveilleuse initiative. Manque la résistance vis à vis de ces grands pollueurs d’esprit que sont Facebook, Google, amazon et consort
C’est exactement ce que je suis en train de faire dans la campagne Bulgare mais dans une petite maison à deux avec deux hôtes qui nous ont accueilli. J’en parle dans mon dernier article d’ailleurs.
Bon par contre nous payons moins cher, environ 600 € tout compris à deux.
Très bon concept, bravo
Bonjour Haydée,
Je serais curieux de savoir comment est né ton projet dans la campagne Bulgare. Tu comptes ouvrir une sorte de gîte ouvert ?
Oh la vache ! Ça donne trop envie ! Prendre mon ordi mes bouquins un gros pull et venir bosser au vert quelques jours… Le pied… Quelle bonne idée, bravo.
votre projet attirant et innovant semble réaliste( c’est un témoin de 68 qui vous parle). J’aurais envie d’y aller faire un tour! Je vous souhaite longue vie ,patience et tolérance ,mais aussi clairvoyance et rigueur pour bien choisir vos participants. Ne laissez surtout pas abîmer ce projet par des farfelus illuminés.
Merci Dominique,
Depuis 68, ce qui a changé, c’est de pouvoir réellement travailler et gagner sa vie de n’importe où. Cela rend l’utopie réaliste. L’autre grosse différence, est la liberté de chacun d’aller et venir comme bon lui semble car souvent, ce qui a détruit les communautés post 68 c’est l’enfermement des participants des communautés sur une durée longue avec une difficulté matérielle à ressortir de leur mode de vie aux marges. Or, les besoins et les attentes changent naturellement au cours d’une vie et il est important de pouvoir quitter la communauté lorsque l’on ne se sent plus en adéquation.
J’aime bien l’atmosphère que révèle votre post. Donne envie de grand air. Après un vendredi à arptenter Paris de RDV en RDV, cela fait du bien.