Dans la famille des panacées universelles, je demande le vinaigre de feu : une macération de plantes dans du vinaigre de cidre, promesse de prévenir et guérir maux d’hiver et divers. Comme par magie ? On vous dévoile le tour de passe-passe.
LA DERNIERE MAROTTE SUR LES RÉSEAUX ?
Pfff, cet antidote en a sous le capot depuis des lustres. Pendant la terrible épidémie de peste de Toulouse en 1628, quatre petits malins reprirent ce vieux remède franciscain pour éviter la contagion et détrousser les corps des victimes en toute quiétude. Ils furent arrêtés, crurent la jouer fine au procès en dévoilant sa composition pour obtenir leur grâce. Hélas, l’histoire a oublié leurs noms après pendaison, mais le vinaigre des 4 voleurs est entré dans la légende avec reconnaissance en pharmacopée et inscription au codex en 1748.
DEPUIS ?
Il a fait long feu jusqu’à la seconde guerre mondiale. Catalogué comme unen remède de grand-mère, il ne résiste pas à l’hégémonie de l’industrie pharmaceutique. La roue du temps fait son œuvre, il fait son come-back chez les adeptes d’une hygiène de vie au plus proche du naturel.
C’EST PAS SORCIER
Juste une alchimie de bons produits.
Des plantes et ingrédients incontournables pour leurs propriétés antiseptiques, anti-inflammatoires de premier ordre : thym, romarin, sauge, origan, tulsi, ail, piment, oignon, gingembre, curcuma…
Et à la baguette, le vinaigre de cidre ! La liste de ses bienfaits exigerait un grimoire à lui tout seul. Mais ici, c’est en stimulant immunitaire qu’il nous intéresse.
Pourquoi ? Sa lacto-fermentation, pardi ! Une amie pour la vie qui n’a rien à voir avec le lait, potentialisatrice des enzymes, vitamines, sels minéraux du cidre. Et colombe dans le chapeau, le transforme en un eldorado de prébiotiques* : des fibres dont raffolent les probiotiques de notre flore intestinale. Bien nourris, ces derniers vont jouer les mousquetaires pour en découdre avec les micro-organismes indésirables pourvoyeurs de maladies et autres réactions inflammatoires.
PRÉBIOTIQUES
Difficile de définir le concept relativement récent de prébiotiques. Un consensus de scientifiques s’est accordé sur celui-ci :
Substrat utilisé sélectivement par les microorganismes de l’hôte exerçant un effet bénéfique sur la santé.
En clair, prenons une analogie jardinière : vous voulez un gazon (un microbiote) en bonne santé ? Ne vous contentez pas de semer (des probiotiques), ajoutez un fertilisant (des prébiotiques) pour donner les meilleures conditions à vos graines de germer et de résister.
LE PETIT POINT ÉTYMOLOGIQUE
Bio : grec/signifie la vie
Pré : grec/ signifie avant
Pro : grec/signifie en faveur de
Un prébiotique précède la vie, un probiotique la favorise.
ON SE LANCE !
C’est si facile de faire le sien.
Un seul impératif pour que la magie opère : prendre un vinaigre « vivant », c’est-à-dire non pasteurisé et non filtré. On le reconnaîtreconnait au dépôt trouble dans le fond de la bouteille et à l’apparition d’une mère* au fur et à mesure de son utilisation (par la création d’un appel d’air en ouvrant le bouchon). Lisez l’étiquette et oubliez les vinaigres industriels translucides qui n’hébergent plus aucune bactérie ni enzyme.
À vous de composer le vôtre en fonction de votre goût, des ingrédients de saison dont vous disposez au jardin ou sur les étals : épices, herbes et fruits. Selon votre sélection, il sera plus ou moins anti-inflammatoire, reminéralisant ou détoxifiant.
Le petit plus
Le vinaigre est utilisé ici pour ses prébiotiques, mais aussi comme solvant pour extraire les principes actifs des ingrédients ajoutés.
Pour maximiser l’efficacité de la macération, on peut ajouter un mélange eau + alcool à 40°, vodka ou rhum, 200 ml de chaque pour 1l de vinaigre.
Enfants et femme enceinte s’abstenir.
Le grand moins
Chauffer le vinaigre pour favoriser l’infusion des ingrédients. Vous y perdrez au passage la part vivante du vinaigre. D’où le temps long de la macération et de sa petite agitation journalière.
La base : 1 L de vinaigre de cidre non pasteurisé et non filtré
Le matériel : 1 bocal soigneusement lavé, rincé, ébouillanté puis retourné sur un torchon propre.
Les ingrédients : tous bio évidemment !
1 c. à s. d’algues en paillettes
1 oignon rouge
5 gousses d’ail
1 petit piment
5 cm de curcuma racine
10 cm de gingembre racine
5 rondelles de radis noir
1 citron jaune
1 brin de romarin
5 brins de thym
10 grains de poivre noir, baies roses
5 baies de cynorrhodon
1 c. à s. de miel de thym, de sapin ou d’eucalyptus
Brossez et coupez en petites rondelles le curcuma et le gingembre.
Épluchez, ciselez l’oignon.
Détaillez le citron en rondelles.
Placez tous les ingrédients dans le pot. Versez le vinaigre en prenant soin que tout soit parfaitement immergé.
Fermez hermétiquement. Patientez trois semaines, à température ambiante à l’abri de la lumière. Agitez avec douceur le bocal régulièrement pour dynamiser l’infusion.
Filtrez puis versez dans une bouteille et …
Abracadabra ! Voilà votre élixir santé.
ATTENTION AU BAPTÊME DU FEU
L’acidité peut fragiliser chez certains les gencives, occasionner des troubles digestifs ou irriter la peau. Donc, qui va piano, va sano, on le teste d’abord à petite dose, dilué dans de l’eau de source ou filtrée. Pour protéger l’émail des dents, buvez-le à la paille.
SAGES USAGES
– Pour échapper aux maux d’hivers, en cure d’une dizaine de jours avec 1 c.à s. diluée dans un verre d’eau le matin à jeun. Waooo ! Ça klaxonne !
– En pompier de service en cas de refroidissement, 1 c.à s. trois fois par jour et en gargarismes pour les maux de gorge.
– En application externe pour soulager les piqûres d’insectes, pour assécher les boutons d’acné.
– En friction pour assainir le cuir chevelu en cas de pellicules et démangeaison.
– Et bien sûr en cuisine, pour pimper vinaigrette et carpaccio, déglacer des légumes braisés, un beurre blanc, une fondue d’oignons…
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