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Juliette Krier, la ruche saltimbanque

Toc toc toc (bruit de trois coups de balai sur le plancher), chez Juliette Krier, la Ruche monte sur les planches. Rencontre avec la damoiselle qui anime depuis plus d’un an la ruche de Sennevières en Touraine.

Juliette, le jour de l'inauguration de sa ruche.
Juliette, le jour de l’inauguration de sa ruche.

C’est au bout du monde Sennevières, quelque part dans la campagne Lochoise. Pour venir à la Ruche, il faut s’aventurer à travers de petites routes peu empruntées. Peu importe, la balade vaut le détour. On arrive dans un magnifique corps de ferme. Le jeudi soir, derrière les grandes portes ouvertes de la grange, les producteurs prennent place dans la salle dédiée au théâtre. Ici, toute la famille vit du spectacle. « Mes parents ont créé une compagnie de théâtre et d’événementiel autour de l’histoire de France. On organise des repas médiévaux, des visites théâtrales de la région, des animations mêlant théâtre, histoire et tourisme. »

Dans la grange donc, une grande scène a été aménagée pour accueillir toutes sortes de représentations. Au fond, on aperçoit les toits de Paris. « Ce décor, c’est de la récup’, explique la Catherinette, celui d’un ancien spectacle de Chantal Goya qui a vécu le coin. » Paris, c’est aussi la ville natale de son père, auteur et metteur en scène de la compagnie familiale. « Ma mère aujourd’hui costumière, maquilleuse et régisseuse est plus terrienne, ses parents étaient agriculteurs près de Loches. » D’ailleurs, quand elle y réfléchit, Juliette se dit que c’est peut-être de son grand-père que lui vient cette envie de monter une ruche dans la région. « Même s’il a toujours travaillé de façon conventionnelle quand moi je privilégie le bio et l’agriculture familiale, le fait de baigner dans cet environnement agricole m’a forcément imprégnée. »

De l'extérieur, une superbe grange...
De l’extérieur, une superbe grange…

Petite, Juliette a surtout connu la vie de princesse. « Avec mes parents, je faisais partie de la troupe comme du décor, j’ai porté toutes les superbes robes dont rêvent les petites filles. » Pour autant, Juliette n’a pas suivi le chemin de sa sœur aujourd’hui comédienne. Elle a préféré s’orienter vers la diffusion de spectacles, la communication et la promotion et assure fièrement ses nouvelles fonctions au sein de l’aventure familiale. Habituée à sillonner le territoire, Juliette en a profité il y a 18 mois pour faire le tour des producteurs et monter sa ruche. Avec sa gueule d’ange, difficile de lui résister. La plupart de ses producteurs (une bonne quinzaine aujourd’hui) se trouvent aujourd’hui dans un rayon de moins de 50 kilomètres et offrent une jolie diversité de produits : légumes, fruits, viandes et volailles, œufs, produits laitiers et fromage, vin, pain, pâtisseries, miel, confiture, tisane, safran, farine, huile et quinoa… Juliette archi-gourmande est première à en profiter. « J’essaie de cuisiner chaque jour quelque chose de différent. » Hier c’était un risotto à la courge butternut et au fromage de brebis râpé. Ce soir, ce sera une soupe maison vite fait.

A l'intérieur, une salle de spectacle mais aussi le lieu d'accueil de la Ruche de Juliette.
A l’intérieur, une salle de spectacle mais aussi le lieu d’accueil de la Ruche de Juliette.

Pour Juliette, la ruche est un chouette moment de rencontres entre des mondes qui ne se connaissent mais c’est aussi un combat. Une lutte contre la malbouffe, contre une agriculture productiviste qui détruit tout. « Petite fille d’agriculteur, j’avais envie de m’investir dans ce secteur, d’aider les petits producteurs ». « Avec internet on peut révolutionner notre manière de consommer », ajoute son compagnon Gaël investi dans la Ruche lui aussi. Enfants de la génération Y, Juliette et Gaël utilisent à fond les réseaux pour faire passer leurs messages. La ruche de Sennevières est sur Facebook, possède son propre blog, gazouille sur Twitter. Récemment la jeune femme vient de monter son propre festival, Coup de théâtre, des représentations où le spectateur se promène au sein-même de la pièce de théâtre. À l’été prochain, on y proposera des paniers repas. 100% ruches ça va de soi.

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