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Des petits gestes pour des petites bêtes : être acteur et actrice du retour de la biodiversité

Il est grand temps de lancer un avis de recherche : la biodiversité est en train de disparaître ! Rien de nouveau, entre la destruction des habitats naturels, la pollution, les tonnes de pesticides et le réchauffement climatique, les conséquences sont déjà visibles. Pour autant, le sentiment d’impuissance ne doit pas nous gagner, alors voici quelques astuces pour agir à notre échelle !

Vous faites probablement partie des 86% des Français qui ​​estiment que leur quotidien et leur avenir sont dépendants de la biodiversité (baromètre Harris interactive 2024), et vous souhaitez pouvoir la protéger. La biodiversité, c’est se promener dans son quartier en écoutant le chant des oiseaux. C’est faire un vœu lorsqu’une coccinelle se pose sur nous. C’est lire dans son jardin embaumé de senteurs florales au printemps. En souhaitant préserver la vie qui nous entoure, peut-être essayons-nous simplement de conserver ces petits moments de bonheur. En tout cas, les actions individuelles ne manquent pas, alors voici quelques gestes faciles à mettre en place !

La pelouse qui voulait être pépouze

L’herbe pousse dans votre jardin et dimanche vous sortez la tondeuse. Pourtant, votre pelouse n’est pas de cet avis ; dans un acte de désespoir elle vous fait sentir cette odeur distincte de l’herbe coupée. Cette dernière est plus vulnérable après la coupe et envoie un signal chimique. Elle repousse ainsi les organismes pouvant l’attaquer et appelle certains insectes à la protéger. Maintenant que vous ne voyez plus l’herbe de la même manière, reconstruisons ensemble notre imaginaire de la pelouse parfaite.

Certes, les gazons pour jouer au golf ou faire un foot peuvent avoir l’air “propre” et bien entretenus, mais la nature est déjà belle au naturel, sans avoir besoin de passer chez le coiffeur pour une coupe militaire. Ces gazons sont les ennemis de la biodiversité pour bien des raisons. Tout d’abord, il s’agit d’une monoculture composée seulement de graminées (herbes), qui poussent sur une terre compactée et pauvre. De plus, ces coupes rases sont à l’antipode d’une gestion naturelle, car elles empêcheraient toute reproduction des plantes grâce aux pollinisateurs. Enfin, ce type de tonte représente la destruction de l’habitat naturel des insectes et autres petites bêtes comme les escargots. Sans milieu de vie, leur disparition est assurée et entraîne des conséquences directes sur les oiseaux qui ne peuvent plus s’en nourrir. 

Ne pas tondre sa pelouse n’est plus de la paresse, mais un choix respectueux de l’environnement. Les bienfaits de cette organisation plus sauvage seront rapidement visibles, pour permettre à votre jardin de devenir un réservoir à biodiversité, tant par la flore que par la faune. Des trèfles, des pâquerettes et pissenlits ne tarderont pas à enjoliver votre sol pour lui donner des airs de prairie bucolique. Bonne nouvelle, cela permettra à votre petit espace vert d’être plus vivant que jamais avec le retour des pollinisateurs, et hop la boucle est bouclée. Cerise sur le gâteau, cette pelouse saura rendre votre sol plus résilient, avec une herbe revigorée et en meilleure santé. À vous l’été sans herbes qui ressemblent à de la paille !

Si, pour une quelconque raison, vous voulez raccourcir votre pelouse, voici ce qu’il faut savoir : évitez de le faire au printemps et privilégiez une tonte différenciée. Cette saison caractéristique de la floraison est décisive pour le cycle de vie des plantes ainsi que pour les pollinisateurs. Ensuite, si vous sortez votre tondeuse, relevez au plus la hauteur de coupe, entre 5 et 10 centimètres par exemple. Une fois la hauteur ajustée, ne passez pas sur la totalité de votre terrain, gardez toujours une zone en jachère (en repos). Cela permet de laisser une chance aux insectes de s’y réfugier. Si vous tondez un espace assez large, commencez par l’intérieur, en allant vers l’extérieur. De cette manière, les insectes auront plus de chance de fuir sans se retrouver prisonniers. Enfin, ne jetez surtout pas l’herbe coupée, et utilisez-la plutôt pour en faire du compost ou du paillage.

La tourbe tourmentant nos terreaux

Votre balcon vous paraît un peu triste, et vous décidez d’y ajouter des touches de couleur en y mettant des fleurs. Vous vous rendez en magasin, et achetez innocemment un sac de terreau. L’ingrédient principal : la tourbe. Qu’est ce que c’est ? Vous êtes loin de vous douter que pour remplir ce sac, des tourbières situées à des kilomètres de votre balcon sont probablement détruites. Pas de panique, des alternatives existent !

La tourbe est une matière végétale fossile qui provient des tourbières, précieuses pour la biodiversité. En effet, les tourbières sont des zones humides, et agissent comme des réservoirs d’eau, dont elles sont constituées à 90%. Des mousses, appelées sphaignes, y poussent et agissent comme des éponges. Durant les périodes sèches, les tourbières relâchent l’eau de pluie accumulée, d’où leur importance. Ces dernières ont aussi l’avantage de stocker du carbone, luttant ainsi contre le réchauffement climatique. Si ces zones sont si précieuses, c’est également car elles abritent une grande biodiversité. De nombreux amphibiens s’y réfugient, notamment durant la période de ponte. Les oiseaux y nichent, les libellules se baladent et des plantes rares s’épanouissent. 

La plupart des terreaux classiques utilisent de la tourbe, dégradant ainsi les tourbières. D’après l’Office Français de la Biodiversité, la plupart proviennent majoritairement des pays baltes, de Finlande et d’Allemagne. En plus d’émettre de grandes quantités de gaz à effet de serre lorsque les tourbières sont exploitées, la tourbe est considérée comme une matière naturelle non renouvelable. En effet, pour en constituer entre 2 et 10 centimètres, il faudrait attendre plus d’un siècle ! Vous l’aurez compris, mieux vaut lire la composition des sacs de terreau. 

Qu’elle soit blonde ou brune, la tourbe reste très présente dans nos terreaux, car appréciée des industriels comme des consommateurs pour ses nombreuses vertus. Certaines entreprises comme la Florentaise cherche à reproduire un terreau efficace, à l’aide d’écorce de résineux et de fibre de bois, pour de belles fleurs, sans impact néfaste pour l’environnement. Une liste exhaustive de terreaux sans tourbes a également été publiée en 2019 par 60 Millions de consommateurs. 

Panique à la coloc des insectes

Les hôtels à insectes sont à la mode depuis quelques années. Parcs, terrasses, jardins, ils se multiplient partout autour de nous. Bonne nouvelle pour les insectes et la biodiversité ? Pas si sûr : comme tout hôtel, il a un prix, et pas des moindres. L’intention est bonne, mais les inconvénients sont nombreux ! Heureusement, rien n’est trop tard si vous en avez déjà construit une chez vous, et il est encore temps de créer des vrais refuges pour ceux qui n’avaient pas commencé.

L’hôtel à insecte porte bien son nom, puisqu’il ouvre ses portes à grand nombre d’entre eux. Au début, tout le monde est content, mais les invités déchantent vite. Le voisin du deuxième fait trop de bruit, il y a une fuite d’eau en 401, et un meutre à eu lieu au rez-de-chaussée. Les problèmes s’accumulent, et bientôt on se rend compte que 80% des chambres sont inutilisées. L’hôtel est voué à la faillite. Enquêtons pour comprendre les causes… 

Tout d’abord, l’efficacité globale est assez faible : les hôtels à insectes prennent beaucoup de place alors qu’une majorité de son espace reste inutilisé. À ce constat s’ajoute une faible diversité au sein de l’installation. En effet, certaines espèces sont en compétition et adoptent des comportements territoriaux. Des espèces agressives risquent de monopoliser l’espace, en empêchant l’accès aux autres. 

Qu’en est-il des prédateurs ? Ces hôtels peuvent devenir un repas avec entrée, plat, dessert pour nos boules de poils ou les oiseaux. Cette concentration grouillante peut représenter une source de nourriture facile, et le risque pour les populations d’insectes d’être décimées en une seule fois est plus grand. Autre problème pouvant balayer la biodiversité en quelques secondes : les intempéries. La structure étant fragile, un coup de vent ou une forte pluie pourrait bien avoir la peau de ces insectes, qui n’ont pas d’assurance habitation !

De plus, favoriser la concentration de ces petites bêtes dans un espace restreint peut augmenter le risque de propagation de maladies et de parasites. L’ensemble de l’écosystème est alors en danger, puisque ces parasites peuvent facilement se déplacer d’un insecte à l’autre. La mortalité devient très élevée par rapport à celle des insectes vivant dans leur environnement naturel.

Pour autant, il existe des solutions si vous voulez créer des abris pour les insectes. Elles se résument ainsi : non à l’hôtel, oui à des cabanes adaptées sur mesure ! Pourquoi ? Parce que chaque espèce d’insectes à des besoins différents et souhaite vivre en toute tranquillité. Réfléchissez aux placements de chaque cabane, pour qu’elle soit à l’abri des prédateurs, à une hauteur appréciée des insectes que vous voulez accueillir et en évitant les fourmilières ou les suspensions aux arbres. Voici quelques idées pour le début de votre grande carrière en tant qu’architecte.

  • La cabane à abeille solitaire : dans une ou plusieurs bûches, faites des trous de tailles différentes (entre 3 et 10 millimètres), et percez sur au moins 10 centimètres de profondeur. Protégé de la pluie, ce refuge permettra à Maya de pondre en toute sérénité.
  • La cabane à coccinelle : cette jolie demoiselle est similaire à la rose du Petit Prince et demande à être protégée, à la fois de la pluie, du vent et du froid. Privilégiez une boîte avec un toit résistant, où vous pouvez mettre de la paille et des pommes de pin par exemple. Créez également des fentes d’entrée horizontales.
  • La cabane à araignée : rassemblez des tuiles cassées ou bien un tas de bois mort pour le plus grand bonheur de Gypsie.

Savez-vous planter à la mode, à la mode de chez nous ?

Non, nous ne plantons pas avec les coudes. En revanche, nous avons tout intérêt à préférer les plantes locales aux plantes exotiques. Il est vrai que les plantes venues de contrées lointaines ont un certain charme, mais pas aux yeux de la biodiversité qui les redoute. 

Les espèces exotiques ont le défaut de pouvoir devenir envahissantes, mettant ainsi en danger les écosystèmes locaux. D’après un rapport de l’IPBES, les espèces invasives sont une cause directe de l’extinction de masse dont nous sommes témoins. Il s’agit des frelons asiatiques par exemple, mais également de certaines plantes, comme des arbres qui empêcheraient à d’autres l’accès à la lumière. Mais pourquoi les espèces exotiques sont-elles une menace, alors qu’elles ne le sont pas dans leur “pays d’origine” ? La réponse est simple : en grandissant dans leur habitat naturel, elles font face à de nombreuses contraintes, qui les empêchent de devenir invasives. Elles peuvent être mangées, tomber malades, être en compétition avec d’autres espèces. En arrivant dans une nouvelle aire géographique, elles disent adieu à tous ces obstacles. Bien sûr, ces plantes peuvent faire face à de nouvelles contraintes, mais les maladies n’ont pas évolué pour les attaquer et rares sont les animaux souhaitant goûter de nouvelles saveurs.

Si vous avez déjà succombé au charme d’une de ces plantes, cela n’est probablement pas un problème puisque, parmi les espèces exotiques, la proportion de celles devenant envahissantes reste faible. Cela étant dit, il reste préférable de privilégier des plantes indigènes et locales lorsque vous jardinez. Ces plantes sont plus adaptées à l’environnement et au climat, nécessitant de ce fait moins d’entretien et d’eau. Cela permet également de soutenir la faune de votre terroir, car ces plantes agissent à la fois comme une ressource alimentaire pour certains et comme un refuge pour d’autres animaux endémiques. Enfin, en choisissant des plantes indigènes, vous soutenez directement les insectes pollinisateurs qui les reconnaissent facilement ! Un dernier petit conseil avant de vous lancer : même s’il s’agit d’une plante locale, vérifiez sur l’étiquette l’origine, il peut parfois y avoir des surprises.

C’est pas Versailles ici !

L’écologie n’est pas punitive, elle possède seulement une vision sur le long terme des conséquences qu’il peut y avoir dans le monde si rien ne change maintenant. Dans la plupart des cas, elle agit même plutôt comme une réponse avec bien d’autres avantages. C’est notamment le cas lorsque l’on connecte écologie avec économie !  Si vous connaissez des personnes criant d’un bout à l’autre de la maison “c’est pas Versailles ici !” pour combattre la facture d’électricité, sachez qu’elles font partie des acteurs préservant la biodiversité, même si elles ne le savent pas.

poster pollution lumineuse 2021 par OFB

Alors que nous constatons l’effondrement des populations d’insectes, les pesticides en sont la première cause, mais pas la seule. En effet, la pollution lumineuse impacte les comportements et les rythmes biologiques des insectes, mais plus globalement de tous les organismes vivants. Ces éclairages artificiels perturbent également le déplacements de certaines espèces, comme des oiseaux migrateurs par exemple, qui utilisent la lune et les étoiles pour s’orienter. En faisant à l’inverse fuir d’autres espèces, les obligeant à se contenter d’habitats morcelés, les lumières nocturnes vont avoir pour conséquences de fragmenter les milieux naturels.

Le réel geste éclairé pour la biodiversité serait finalement d’éteindre ! La solution est simple : diminuer au maximum l’éclairage extérieur nocturne. Si vous n’avez pas l’habitude de vous déplacer dans la nuit, choisissez des détecteurs de présence avec un temps d’éclairage peu élevé et n’illuminant pas en hauteur. Après tout, c’est pas Versailles ici !

Sensibiliser pour reconnecter 

Aujourd’hui, il est plus facile pour la plupart des individus de reconnaître un logo d’une marque, plutôt qu’une plante dans le parc d’à côté. Comment sommes nous arrivés à une telle déconnexion avec la nature et le vivant ? La meilleure des attitudes à adopter reste de sensibiliser son entourage, enfants comme adultes. En parlant biodiversité, en racontant des anecdotes marrantes sur les espèces, en s’attachant à notre environnement, nous partageons l’envie de le préserver. Toutes ces initiatives partagées dans cet article sont utiles à l’échelle individuelle, mais elles le sont encore plus à une échelle collective ! 

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