Le nouveau spectacle de Ben relance l’économie, atténue le réchauffement climatique et redonne la patate biologique. Louise l’a vu et raconte.
Peut-on rire au sujet de l’écologie ? Thématique parfois moralisante, souvent déprimante, l’humour écolo peut sembler oxymorique. Je me fatigue néanmoins à prouver le contraire en montrant qu’on peut mener de front un engagement écoresponsable quotidien tout en appréciant les charades (voire les rébus, mais ça c’est seulement le samedi soir). C’est bien la preuve que je ne suis pas la dernière pour la rigolade.
Cédric Ben Abdallah, alias Ben, revient ainsi sur les planches du Lucernaire pour nous faire rire (c’est déjà pas mal), mais aussi pour partager avec nous ses convictions écologiques non sans une bonne couche d’absurde. Notre bon Ben prêchait une convertie, d’autant plus que c’est la troisième fois que j’assiste à son spectacle (soit 3 tickets imprimés sur papier carbone, soit 3 points en moins sur mon compteur de bonnes actions écologiques, L’ANGOISSE).
Ni “humouriste”, ni “roi de l’absurde” à l’humour “décapant”, encore moins “héritier de Pierre Desproges”… Interdiction d’utiliser ces poncifs journalistiques dont Ben se moque éperdument. Alors que nous reste-t-il pour parler de ce p’tit rigolo ? Un type drôle sans prétention qui prend le temps de dérouler le fil de ses histoires incongrues, sans courir après la vanne. Il est planté là, devant nous, à pratiquer l’art de la digression. Durant un peu plus d’une heure, notre écoute se ponctue par des éclats de rire. À aucun moment on ne se lasse de ce mélange de réflexions (justes) et de délires (hilarants). À la rigueur, peut-être, on finit par avoir un peu faim à force de parler du tilapia, charmant poisson transgénique. Le spectacle a le mérite d’être une incitation à la reprise en main de sa consommation : un poulet élevé comme un cafard, ça coûte certainement moins cher, mais les conséquences sont plus graves qu’un porte-monnaie allégé.
Les rires étant nombreux, le spectacle ne respecte pas son ambition écoresponsable et participe fâcheusement au réchauffement climatique par son émanation excessive en CO2.
Dans la jungle des humoristes qui se disputent le bout de gras de la scène parisienne, Ben est décidément incontournable et salutaire par l’acuité de son humour et l’originalité de son sujet, pourtant peu racoleur. Seul bémol… les rires étant nombreux, le spectacle ne respecte pas son ambition écoresponsable et participe fâcheusement au réchauffement climatique par son émanation excessive en CO2. Selon moi, il faudrait éviter de rire plus de 10 minutes sur la durée totale du spectacle (et, si possible, pas en même temps que les autres spectateurs). Logique indubitable.
_______________
Ben, Éco-responsable – Théâtre du Lucernaire – Du mercredi au samedi à 21h30 – Le dimanche à 20h – Jusqu’au 31 décembre
Aucun commentaire
Close