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Ungersheim, autonome du champ à l’assiette

C’est un petit village de 2000 habitants à une quinzaine de kilomètres de Mulhouse. Une charmante bourgade en transition dans tous les domaines. Par la création d’une filière agroalimentaire appelée de « la graine à l’assiette », la commune projette de tendre vers la souveraineté alimentaire. ©Thomas Louapre

À Ungersheim, la transition écologique n’est pas née de la dernière pluie. Elle commence en 2006 par un plan climat, puis un embryon de démocratie participative en 2009, guidé par un maire convaincu qu’il fallait anticiper la fin du tout pétrole. La transition écologique est possible si l’on fait le choix d’orienter les dépenses publiques dans ce sens, estime Jean-Claude Mensch, élu en 1989. Pour celui qui se voit comme un lanceur d’idées et un facilitateur dans leur concrétisation, la partie la plus difficile dans cette démarche, c’est qu’il ne faut pas se cantonner à l’énergie, ce serait nettement insuffisant. Cela doit toucher les domaines du transport, de l’habitat, de l’alimentaire. ©Thomas Louapre

L’alimentaire fera donc partie des priorités de la commune, qui, en 2011, récupère huit hectares de terres municipales pour développer une activité de maraîchage et d’insertion. Ainsi naissent « les Jardins du Trèfle rouge », gérés par l’association les Jardins d’Icare, pionnière de l’insertion par le maraîchage bio en Alsace. ©Thomas Louapre

L’association permet de reprendre pied en mettant les mains dans la terre. Ici, 30 personnes éloignées de l’emploi viennent se former à l’agriculture biologique tout en se réinsérant dans le monde professionnel. Chaque année, elles produisent près de 30 tonnes de bons légumes. ©Thomas Louapre

À Ungersheim si l’on cultive local, c’est forcément pour distribuer local. Ainsi, toute la production est écoulée à la cantine scolaire du village, mais aussi auprès des abonnés des Jardins du Trèfle rouge et sur les étals de quelques marchés du coin. ©Thomas Louapre

Dans le projet alimentaire qui figure parmi les « 21 actions pour le XXIe siècle » de la commune, vient tout de suite derrière la mise en place du potager la création d’une cuisine collective biologique. Exit les plats Sodexo, dans la cuisine centrale, on prépare quotidiennement 500 repas maison pour nourrir les écoliers de la commune mais aussi de structures partenaires situées à moins de quinze minutes de transport. ©Thomas Louapre

Pour aller déjeuner, les écoliers ont plutôt de la chance. Ni bus, ni marche à pieds, ils montent dans la carriole tirée par le cheval Richelieu pour rejoindre la cantine. Le fumier de l’animal est évidemment utilisé comme engrais naturel pour les plants de légumes sous les serres des Jardins du Trèfle rouge. ©Thomas Louapre

Le midi, les assiettes ne connaissent pas beaucoup les restes. Sur la porte d’entrée de la cantine de l’école, un panneau affiche trois carottes. Le maximum possible dans la certification bio des cantines scolaires par Ecocert. ©Thomas Louapre

Trois carottes, ça veut dire qu’ici on sert au moins 50 % de produits bio et au moins dix composantes bio et locales par mois. Pas de graisses hydrogénées dans les menus, mais au contraire, des céréales complètes dans les repas cuisinés évidemment sur place. Sans compter l’utilisation d’éco-détergents pour laver la vaisselle et les outils des cuisiniers. ©Thomas Louapre

Si les enfants sont gourmands, ils prennent aussi des vacances, notamment l’été au moment où la production maraîchère explose. C’est pour valoriser ce surplus, que le maire met sur pied une conserverie participative. En 2015, l’aventure commence avec six retraités du village qui offrent un peu de leur temps pour transformer les légumes en soupe et en purée, guidés par un employé municipal. ©Thomas Louapre

Aujourd’hui, 25 000 bocaux par an sont produits dans les lieux. Là aussi, on sensibilise, on prend du temps, il en faut pour modifier les habitudes et faire prendre conscience de l’urgence à changer de modèle. ©Thomas Louapre

Après la potasse qui a fait le bonheur du territoire, place aujourd’hui à la Pota’soupe, élaborée ici à la conserverie municipale. À terme, une gamme de produits sera développée par une régie agricole qui se met en place pour expérimenter l’agriculture décarbonisée, explique le maire. Pour l’instant, ça coûte plus que ça ne rapporte, mais si les collectivités ne peuvent pas être novatrices, qui peut l’être ? ©Thomas Louapre

Parmi les derniers projets en date à Ungersheim, une Maison des natures et des cultures associant production et pédagogie devrait bientôt être construite à deux pas des plates-bandes des Jardins du Trèfle rouge. La conserverie municipale, un peu à l’étroit dans ses locaux actuels, viendra s’y installer. On y trouvera aussi une épicerie malterie. Parce qu’à Ungersheim, la souveraineté alimentaire « de la graine à l’assiette » s’étend même jusqu’à la chope de bière. Alsace oblige ! ©Thomas Louapre

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