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Le réemploi du pain

Par sa transformation, le pain rassis invendable de nos boulangeries apporte plus que quelques miettes d’espoir aux personnes éloignées de l’emploi. Reprendre confiance, retrouver du lien social et renouer avec le monde du travail… c’est ce qui les lie, les mains dans la mie !

Texte : Laurence Goubet
Photos : Thomas Louapre

À l’arrière de ce grand centre commercial, Jean-Claude, Bernard et Jean-François chargent jusqu’à 700 kg de pain dans leur camionnette qui sillonne la métropole nantaise du lundi au vendredi. Ils font partie des 220 bénévoles, majoritairement retraités, qui se relaient tout au long de la semaine, du nord au sud de la Loire, pour récupérer le pain invendu des boulangeries et des supermarchés. 

Selon une étude de l’Ademe menée en 2016, en boulangerie, 9,6 % du pain ne serait pas vendu. Si cette tendance est à la baisse, le volume ainsi gaspillé est colossal. Dans la métropole nantaise, l’association Du Pain contre la Faim collecte ainsi chaque semaine 15 à 20 tonnes d’invendus auprès de 204 boulangeries et de 50 supermarchés de l’agglomération. En 2019, 1 033 tonnes de pain ont été collectées par l’association avant d’être livrées à l’atelier d’insertion Bara’mel.

L’atelier Bara’mel est l’une des structures d’insertion de l’association Trajet. Cette dernière s’est donné pour mission de porter assistance aux personnes en difficulté ou en situation de précarité, à travers la gestion de centres d’hébergement et de chantiers de réinsertion sociale et professionnelle. 

Dans cet atelier installé à Sautron, en périphérie de Nantes, 32 salariés s’activent. Femmes et hommes, âgés de 18 à 60 ans, éligibles au contrat unique d’insertion, réceptionnent, trient et transforment le pain collecté par les bénévoles de l’association Du Pain contre la Faim.

Depuis le déchargement des camions jusqu’à sa transformation, les équipes travaillent, par alternance, sur toute la chaîne. Le pain est d’abord déballé et trié. D’un côté les pains classiques. De l’autre les pains spéciaux, les pains à graines et même les viennoiseries. 

Les pains classiques sont tranchés à l’aide de machines sécurisées, puis séchés avant d’être transformés en une fine mouture. Celle-ci sera vendue par tonnes à la coopérative agricole Terrena de 21 500 exploitations, partenaire historique du projet, qui la valorise à travers l’alimentation animale.

… tandis que les spéciaux partiront au Gaec la Blanche, à Rouans, pour nourrir les 950 cochons de l’exploitation.

Au cours de leur contrat, qui s’étend de six mois à deux ans, chaque salarié est amené à renouer avec les règles du travail (respect des consignes et des horaires), mais aussi avec un cadre social, humain et bienveillant, qui leur permet, petit à petit, de reprendre confiance en eux. Pour ces demandeurs d’emplois de longue durée, réfugiés, jeunes accompagnés par une mission locale, travailleurs handicapés ou bénéficiaires du RSA, la polyvalence des tâches proposées leur permet de développer de nouvelles compétences et d’affiner leurs choix d’orientation.

L’association Trajet accompagne les salariés qui souhaitent se former à la langue française ou à des compétences plus techniques, avec par exemple l’obtention de la certification aux chariots élévateurs de manutention ou la conduite de véhicule utilitaire. Une manière de faciliter l’embauche des bénéficiaires à l’issue de leurs contrats. Plusieurs anciens salariés occupent aujourd’hui des postes de conducteurs, manutentionnaires ou d’hôtesses de caisse.

Depuis vingt ans, l’atelier Bara’mel a permis la réinsertion de 35 à 40 % des bénéficiaires du programme. Si le projet ne serait pas viable économiquement sans les aides de l’État, de l’Europe et de Nantes Métropole, impossible de l’envisager sans l’engagement des 220 bénévoles. 

20 % des bénéfices engendrés par la vente du pain transformé sont reversés à des projets humanitaires dans des pays en voie de développement. Ces dernières années, les dons ont permis la construction d’une boulangerie au Sénégal, l’accompagnement à la formation de jeunes au Pérou, ou le déploiement d’une aide alimentaire aux sans-abris à Madagascar.

À l’aube de leur déménagement dans un nouvel atelier, à quelques kilomètres de là, Trajet et Du Pain contre la Faim interrogent la création d’une filière spécifique dédiée au traitement du pain bio et réfléchissent à de nouveaux débouchés. Ils ont notamment été contactés par un brasseur du Nord qui imagine une recette de bière à base de chapelure de pain. À leur santé !

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  1. Cet article est intéressant et apporte un bon niveau d’informations quant à l’existence de l’atelier BARA’MEL.
    Toutefois je me permets quelques rectificatifs sur le cadre et les missions de cet ACI (Atelier et Chantier d’Insertion).
    Les professionnels encadrants ne portent pas « assistance » aux salariés en insertion mais les accompagnent dans leurs difficultés sociales. L’ idée n’est pas de faire à leur place, mais plutôt de faire avec eux, de les guider, les accompagner dans leurs démarches administratives et sociales. Sans quoi ils n’accèderont pas à l’autonomie et la mission des encadrants socio-pro et pédagogiques n’auraient aucun intérêt d’être.
    L’idée est bien d’accompagner et non d’assister.
    Ensuite les salariés des ACI
    sont en CDDI (CDD d’insertion) et non CUI (celui-ci n’existe plus depuis au moins 3 ans). L’accès aux droits est plus favorable avec un CDD.
    Enfin les ateliers et chantiers sont des structures d’insertion et non de réinsertion.
    En espérant avoir complété comme il se doit pour apporter les bonnes informations aux lecteurs.
    Merci encore pour cet article et pour les autres de votre magazine.

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