S’immerger dans l’univers d’une vraie ferme d’aujourd’hui en goûtant au luxe ultime de la simplicité d’hier ? On a testé (et approuvé) l’aventure d’Un lit au pré à la ferme du Moncel.
La mise en condition commence dès l’arrivée. Une gentille agricultrice nous accueille dans la cour de sa ferme. Marque un temps d’arrêt devant notre famille bien alignée. Et droit dans les yeux nous tend la main pour une poignée d’arrivée. « Michèle, bienvenue à la ferme du Moncel. Vous êtes ici pour faire le vide, pour oublier le temps.» Ca tombe bien, on vient de se taper une sortie de Paris digne des plus grands vendredis soirs, apothéose d’une semaine plutôt chargée. Notre tente de décompression se trouve là haut sur la colline avec vue imprenable sur le clocher du petit village ornais de Fay (70 habitants).
Nos trois grandes brouettes chargées, nous filons vers notre nouvelle demeure. De l’extérieur, notre tente semble tout droit sortie d’Out of Africa, d’autant que l’on aperçoit une harde de cerfs gambader dans la campagne. A l’intérieur : le charme discret de la paysannerie, rustique et chic, à l’heure où l’électricité n’était pas encore arrivée jusque là. Parquet, candélabres suspendus à une branche de bois, lampes à huile, poêle à bois, étagères-cagettes, vaisselle en métal émaillé, couettes en laine…
Luite Moraal, le fondateur de ce concept d’hébergement n’a rien laissé au hasard. Ses tentes, il les a dessinées pendant des mois. Muni de photos de la vie paysanne du début du 20ème siècle, le néerlandais a passé des journées dans son atelier pour reproduire au maximum l’ambiance chaleureuse des fermes d’autrefois.
Voilà 3 minutes que l’on vient de poser les valises. Les enfants se disputent le lit-cabane, hier l’une des pièces centrales de la ferme où même les animaux de la ferme venaient se réfugier. L’agencement de Luite Moraal conquit d’emblée.
Derrière l’ambiance de carte postale, les fermes qui composent le réseau Un lit au pré (65 dans le monde entier, 7 en France) n’ont rien de carton pâte. La ferme du Moncel est une vraie ferme avec de vrais morceaux de paysans dedans. Michèle et Sylvain exploitent ces 70 hectares depuis 1989. « Lorsque l’on est arrivés, on voulait se lancer dans l’élevage de cerfs, raconte Sylvain. Ca n’existait presque pas à l’époque. Les banques frileuses n’y croyaient pas et nous ont imposés d’élever en plus des porcs. Pour cette filière, elles connaissaient les rendements. »
Il semblerait pourtant que dans leur plan de financement, les banques aient omis de prévoir la crise du porc qui, dans les années 2000 a mis Sylvain sur la paille. Et sur la piste du foin. « J’ai failli y passer mais j’ai arrêté les cochons de plein air et me suis tourné vers la culture du foin, un fourrage entièrement biologique que je vends désormais à de nombreux centres équestres de la région parisienne. Je m’en sors bien aujourd’hui mais je ne suis pas passé loin du gouffre. »
Dans le hangar où près de 1500 tonnes de foin sont stockées chaque année, Sylvain nous conte les subtilités de la culture et du séchage de son herbe. « Ca fait 20 ans que je ne mets pas d’engrais. J’ai toujours dit qu’à ma mort, je n’aurai pas épuisé les réserves en herbe de la terre. » Au détour de la conversation, on apprend que sa vie a parfois pris des tournures rocambolesques, notamment lorsqu’il s’est envolé pour les Emirats arabes unis avec ses biches dans l’avion. En effet, il y a quelques années, un des voisins de la ferme, manager dans les pays orientaux, l’avait mis sur la piste d’émirs souhaitant orner leurs parcs de cervidés. « Je ne serais jamais allé là-bas sinon. Ce que l’on voit dans ces pays est déraisonnable. C’est vraiment un autre monde. »
Dans leur monde à eux, Michèle et Sylvain sont bien loin des caprices des émirs. « Être en harmonie avec la nature, la respecter et partager, voilà ce que nous aimons, » explique Michèle. Dans leur exploitation, tout est bio : le foin, l’élevage de cerfs, 120 bêtes majestueuses réparties sur 30 hectares, le potager, les poules, les vaches Galloway élégantes dans leur robe noire-blanche-noire, Paulo le dindon, Martin l’âne, Peggy la cochonne qui boulotte tous les déchets alimentaires des familles.
L’accueil fait partie de l’équilibre de la ferme, de sa raison d’être aussi. Pendant tout le séjour, Michèle et Sylvain sont aux petits soins, attentifs à chacun, disponibles pour répondre à toutes les questions. « Il y a 6 ans, on a découvert dans la France Agricole qu’un Lit au pré cherchait à essaimer son concept en France. On a mis quelques temps à y répondre mais le fondateur français Guillaume Wibaux a fini par prendre la route pour voir si ça lui plaisait. »
Au début, l’esthète fait la fine bouche, manque de repartir, jusqu’au moment où Sylvain lui présente leur endroit à tous les deux. Cet espace là haut sur la colline où les jours de stress ils montent en amoureux pour se ressourcer. Coup de foudre, Guillaume viendra installer 6 tentes en 2009. « L’avantage, confie Michèle c’est qu’Un lit au Pré s’occupe de tout, de fournir, monter et entretenir les tentes, mais aussi de la réservation et la facturation… Nous on accueille les familles en contrepartie d’un pourcentage sur les nuitées. »
Michèle installe aussi un très joli bloc de douches dans l’ancienne étable et aménage son cellier. Dans cet espace ouvert 24/24h, chaque famille vient s’y servir à n’importe quelle heure du jour et de la nuit et consigne ses achats dans un petit cahier. Les courgettes du potager de Michèle y côtoient le camembert de Camembert (à quelques kilomètres de là), les morceaux choisis de daguet (un cerf de 18 mois) et toute l’épicerie pour cuisiner au poêle à bois.
Notre smala choisit jus pommes fermier, poirissimo (un pommeau de poires), saucisses, lard, courgettes, oignons rouges… de quoi se faire une plancha du diable au feu de bois. La nuit venue, à l’heure du dessert près du feu et sous les étoiles, on dérogera à notre immersion fermière par un écart spacio-temporel concédé aux ados. Parce que si l’on peut se passer d’électricité et apprécier le luxe ultime de la liberté et la simplicité, sans marshmallows grillés, quand même, ça le fait pas.
Pourquoi s’offrir un week-end à la ferme du Moncel ?
Parce qu’il est bon de sauter dans une piscine à paille
Parce que s’endormir avec le bruit des crapauds permet de rêver de princesses
Parce qu’on ne voit pas ses enfants
Parce que nos hôtes sont adorables
Parce que l’on apprend à faire la différence entre une biche, un hère, un faon et un daguet
Parce qu’on n’a pas consulté ses mails pendant 48 heures
Parce qu’on ramasse des oeufs, qu’on cueille des courgettes et qu’on caresse des lapins
Parce qu’on peut aussi rester peinard dans son coin à lire un bouquin
Parce qu’on adore rentrer chez soi avec un pull à l’odeur du feu de bois
Bonjour,
Voilà bien longtemps que je voulais laisser un commentaire sur cet article si touchant … j’ai oeuvré pendant 7 ans pour le concept « un lit au pré » où je me suis donnée à font dans cette belle aventure. J’ai toutefois négligé de remercier Hélène qui nous a soutenu et qui a fait transparaître une belle histoire dans son ouvrage. Cette activité d’hébergement étant finit, je me pose un peu pour la féliciter de tout coeur pour cet ouvrage si merveilleux. Je lui laisse le soin de reprendre contact avec nous pour une nouvelle aventure.
Je pars tout de suite ! Superbe reportage qui donne envie d’y être…
« Parce qu’on ne voit pas ses enfants »
J’y vais !!!
J’ai également testé ce concept nous avons adoré. Le seul pb comme tout ce qui change de l’ordinaire le prix. Nous avions bénéficié d’un tarif exceptionnel et si jamais l’occasion se représente nous repartirons les yeux fermés.
Bonjour,
Pour un article dans Femme actuelle, je suis à la recherche de personnes ayant testé un séjour dans une ferme un lit au pré et qui accepteraient de m’en dire deux mots.
[…] S’immerger dans l’univers d’une vraie ferme d’aujourd’hui en goûtant au luxe ultime de la simplicité d’hier ? On a testé (et approuvé). […]
Très beau concept, malheureusement et comme beaucoup de lieux à l’image de celui-ci, il faut avoir une voiture pour faire le choix de ce type de vacances. À l’heure où l’on choisi de ne pas se véhiculer (par conviction aussi), quelle solution pouvons nous mettre en place? Le co-voiturage étant limité comme les transports publics, aux grand axes…
Sur le site, il est indiqué qu’il faut compter 1h30 de train depuis Paris Montparnasse jusque Sainte-Gaubure (à 4 km de là) : C’est donc faisable sans voiture.