En Normandie, Hani et Amélie, responsables de ruche jouent la carte de la pédagogie. Invités par le lycée de Thère pour une journée de sensibilisation sur le gaspillage, ils ont converti les lycéens aux circuits courts. Récit d’une initiation dans le cadre du festival AlimenTerre.
Le lycée de Thère n’a pas volé son nom. Cet ancien château niché dans le bocage manchois abrite un lycée agricole et un centre de formation pour les apprentis et les adultes. Au quotidien c’est 300 à 400 élèves qui y sont formés dans trois filières : agriculture/environnement, agroalimentaire/transformation laitière et laboratoire/biotechnologies.
Ce lycée pas comme les autres abrite une véritable exploitation laitière car c’est une Ecole Nationale d’Industrie laitière (ENIL), un des 6 établissements publics du Ministère de l’Agriculture, spécialisés dans la formation de cadres et de techniciens en industries laitières et agroalimentaires. Dans l’exploitation sont produits notamment des fromages qui sont ensuite vendus dans les circuits de distribution de la région, ainsi que des jus de pommes et cidre ou des soupes de légumes. Une manière de consommer local et encourager la formation de futurs agriculteurs.
Nous sommes donc arrivés avec une belle cagette de légumes bio, quelques produits d’épicerie, et surtout notre bonne humeur ! Parce que le thème du gaspillage ça ne les motivait pas vraiment… Il faut dire que la banque alimentaire avec son camion et son atelier cuisine pain perdu nous faisait une belle concurrence. Quand les élèves sont arrivés nous nous sommes lancés : qu’est ce qu’un circuit court ? comment notre système de distribution permet de réduire le gaspillage ? quel intérêt pour un producteur de vendre en direct ?
Certains nous écoutaient d’une oreille distraite, mais d’autres ont très vite discuté avec nous. Plusieurs nous ont dit qu’ils allaient reprendre l’exploitation familiale. Nous avons alors parlé avec eux de nos producteurs, en prenant l’exemple d’un producteur de produits laitiers qui a choisi de transformer toute la production de la ferme. Il aurait pu décider de vendre l’intégralité de son lait bio à un grand groupe du coin mais le risque est la dépendance à un seul client et surtout la non-maîtrise du prix d’achat. Alors il produits des yaourts, fromages, crème, et les distribue sur les marchés, en circuit court et magasins bio. Certes il doit se bouger pour trouver des points de vente, mais il a aussi choisi de diminuer son risque en ayant plusieurs sources de revenu.
Cet exemple concret leur a parlé, une vraie discussion s’est engagée nous avions devant nous des jeunes de 15 ans déjà dans des préoccupations d’adultes. La discussion sur le bio était aussi instructive, leur premier réflexe a été de nous dire « le bio ne peut pas nourrir tout le monde » !
Nous avons alors évoqué les bénéfices sur leur propre santé de ne pas utiliser de produits phytosanitaires, les bienfaits de l’alimentation biologique et surtout le fait que le calibrage des légumes entraîne un gaspillage dès la cueillette. Que les consommateurs sont prêts à mettre un peu plus cher pour un produit de qualité quand il savent qui l’a produit et dans quelles conditions.
A la fin de l’atelier nous avons découvert sur une feuille en quelques mots ce qu’il sont retenu. Quel plaisir de voir que certains messages sont passés !
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