2016 est non seulement l’année du singe et du championnat de foot de l’euro mais aussi celle des légumineuses. Patrick Lombric, reporter au coeur de la terre s’est rendu à la soirée exceptionnelle de lancement. Récit en direct de chez direct.
Patrick, vous êtes désormais devant le siège de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture à Rome pour le lancement de l’année 2016, quels sont les invités de cette soirée ?
Nous avons du beau monde, des tenues à couper le souffle. Toute la famille des légumineuses est au complet, ce n’est pas rien quand on sait qu’elle regroupe le plus grand nombre d’espèces végétales. Haricots blancs, rouges, noirs, romains, pinto, mungo, azuki, soja, lentilles vertes, brunes, noires, rouges, pois cassés, entiers, chiches… Il ne manque personne. Comme à chaque sortie, les fabacées papillonnent tandis que les papilionacées affabulent. Et puis une fois encore, l’azuki arbore sa sublime tunique rouge à faire pâlir le haricot pinto.
On a l’impression que Gandhi monte sur la scène pour remettre un premier prix. De quoi s’agit-il Patrick ?
Rien n’est annoncé, je ne le vois pas très bien. Ecoutez plutôt… « Parce que l’on doit bientôt nourrir 9 milliards de personnes sur terre, commence Mahatma. Parce qu’un mélange de 2/3 de céréales et d’1/3 de légumineuses permet de faire le plein de protéines végétales. Parce que le dal bat, soupe corail accompagnée de riz est le plat national du Népal. Parce qu’au Maroc, le couscous marie à ravir blé et pois chiche. Parce que la Chine décline à l’envi riz et soja. Parce que les falafels ne sont autres que boulgour et pois chiche. Parce que pour 2 euros, 260 yens ou 38 pesos mexicains, les légumineuses nourrissent une famille complète, j’ai l’immense honneur de remettre le prix Nobel d’économie à l’ensemble de la tribu pour l’intégralité de son oeuvre. Légumineuses, merci de résister.»
Quel homme ce Bapu ! On n’a jamais vu une telle liesse dans la salle. L’émotion est à son comble. Moi-même, j’ai les anneaux tout noués. Mais voilà déjà le commandant Cousteau. Il monte sur le podium et se saisit du micro.
« N’ayons pas peur des mots, monsieur Pois comme ses congénères est un sauveur de planète, sanglote l’homme au bonnet rouge. Dans les champs, ses feuilles poussent vers le soleil et absorbent les 78% d’azote qui composent l’air. Ensuite, ses racines fixent cet azote et l’offrent au sol en guise de dessert. Monsieur Pois, dans sa grand humanité nourrit la terre et congédie les engrais de synthèse. Notez aussi qu’il faut 5 à 10 fois plus de surface pour produire la même quantité de protéines sous forme animale que sous forme végétale. Monsieur Pois permet donc d’économiser à la fois des surfaces cultivables et de l’énergie. Aussi, j’ai le plaisir, la gloire et l’honneur de lui remettre le prix Goldman pour l’environnement. Grâce à lui, grâce à l’ensemble des légumineuses, le sol et l’eau retrouvent la vie pure. »
Patrick, fervent défenseur des sols, n’en finit plus d’applaudir et oublie d’annoncer la dame à chapeau. Geneviève de Fontenay vient pourtant de prendre place sur l’estrade entourée de ses miss : lentille verte du Berry, lentillon de Champagne, lentille blonde de Saint-Flour, lentille verte du Puy mais aussi l’exotique lentille Beluga.
« Vous avez été nombreux à voter ce soir, vous avez longtemps hésité. Je n’aurais pas aimé être à votre place, le choix était délicat pour désigner miss Lentille. Sachez que les cuisiniers ont plébiscité la demoiselle de Saint-Flour pour sa saveur douce et sucrée. Le teint rose bonbon du lentillon champenois a émoustillé les plus swag d’entre vous. La robe bleue de notre amie berrichonne a aguiché les audacieux. Mais à l’épreuve du maillot, la fermeté de la lentille verte du Puy vous a tous mis d’accord. L’appellation d’origine contrôlée a bien gagné sa couronne. Viens donc là ma petite. »
La lentille du Puy monte sur scène, Patrick s’y précipite pour un selfie d’anthologie et griffonne dans les notes de son smartphone de ne surtout pas oublier de citer la soixante-huitième Assemblée générale des Nations Unies à l’origine de cette joyeuse, radieuse, et envoûteuse résolution (celle de faire de 2016 l’année des légumineuses, tu suis ou bien ?). « Décidément, se dit-il, 2016 s’annonce délicieuse. »
Merci à Marianne Rulland et Chloé Dumontaud de Chouette Studio pour les super chouettes illustrations.
Bonjour,
Bravo pour cette touche d’humour pleine d’efficacité! Au vu de la première réponse que beaucoup (idem pour moi) partagent sans doute -comment cuisiner les légumineuses, ce serait une bonne idée de mettre au point des recettes faciles à réaliser et agréables au goût, sans doute sur un site dédié au sujet. Des amateurs??
Patrick Lombric, je bois un « vers » à ta santé.
Geneviève « Belle » de Fontenay, n’est pas une légumineuse, c’est un grosse patate à chair ferme, qui date de la fin du XIXe siècle, encore assez cultivée. Bien que son rendement soit assez faible, elle reste très appréciée en France, surtout pour ses salades …
Chez moi on jette souvent une poignée de lentilles corail dans la soupe. C’est tout simple.
Essayez aussi les haricots blancs trempés / cuits au préalable puis mixés dans la soupe: tout le monde croit qu’on y a mis de la crème !
Quel style !!
Mes petites cellules grises se sont régalées.
Malheureusement je ne sais pas bien cuisiner les légumineuses ni les associer aux céréales (qui va avec qui pour avoir toutes les protéines..?), et pas vraiment le temps de chercher. A moins que vous n’ayez un ou deux sites à leur proposer…mes papilles attendront.
Merci à tous les petits vers qui fécondent les sols et les esprits