Les citadins sont de plus en plus nombreux à quitter leur studio une pièce pour s’offrir une nouvelle vie au vert. Parmi eux, les trentenaires qui claquent la porte de la Villette et de leur bureau. Lubie adulescente, retour de bâton de berger ou exode durable d’une nouvelle génération ? Juliette a suivi certains d’entre eux. Premier épisode : Marianne.
Marianne a 33 ans. Pendant 7 ans, elle travaille dans une association en région parisienne en tant que Webmaster. Le déclic ? Elle l’a eu au début de l’année 2014. En réalité, c’était plus une claque qu’un déclic. Une overdose de stress. « Un jour, on m’a fait une simple remarque sur un projet compliqué. Ca a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’ai fondu en larmes au boulot. J’étais sur le fil du rasoir depuis des mois : je suivais une formation, je vivais une relation amoureuse naissante, ma fille venait d’entrer au collège… »
Pourtant Marianne aimait son travail, aussi passionnant que stressant, prenant souvent le pas sur sa vie personnelle. Mais sept ans de course effrénée sans jamais s’arrêter, sans jamais se ressourcer tout ça en élevant sa fille seule ont eu raison de sa santé. Quand le diagnostic du médecin tombe “Burn out” suivi d’un arrêt d’un mois, la jeune femme ne veut pas y croire. “A mon sens j’avais juste besoin de quelques jours de repos pour me remettre les idées en place.” Pourtant, lors de cet arrêt forcé, Marianne prend conscience de l’état dans lequel elle se trouve. Et réalise que sa vie en vrai n’a pas grand chose à voir avec celle à laquelle elle aspirait…
Après 1 mois de réflexion et de repos, Marianne ne se sent pas encore prête à tout quitter, elle retourne donc travailler. Au bout de 2 jours elle craque à nouveau. “En larmes à 9 heures simplement en lisant mes mails. Je me vois encore seule dans mon bureau, une seule idée résonnait dans ma tête : comment ai-je pu en arriver là ?” La vie de de citadine n’est sans doute plus faite pour celle qui a grandi au fin fond de la campagne normande. “J’ai passé plus de temps à m’occuper des poules, à grimper dans des arbres et à pêcher des dytiques (des insectes aquatiques) dans l’étang qu’à me promener dans des villes.” Cette ville l’a coupée de ses racines. « Je ne voyais même plus l’évolution des arbres au fil des saisons”.
C’est décidé, la jeune femme retournera à l’essentiel. L’essentiel pour la trentenaire, c’est se reconnecter au rythme réel de la vie et donc de se tourner vers la nature et les animaux. Son changement de vie se fera par l’agriculture. “ Depuis des années, je sais que je ne suis heureuse qu’en ayant les mains dans la terre… A mon grand désespoir, dans un appartement c’était difficile…”
Marianne décide donc de s’installer en “maraîchage biologique diversifié”, elle prépare en ce moment un BPREA (Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole). Son objectif ? Produire des légumes de bonne qualité tout en favorisant les modes de commercialisation locaux. Un classique chez les néo-ruraux. “L’idée de circuit court, de contact direct producteur consommateur est au coeur de mon projet. Je veux trouver un lieu de vie qui puisse me permette cette activité. J’aimerais bien aussi avoir une petite basse cour. L’idée est d’être la plus autonome possible.”
“J’aurais voulu me faire une expérience plus concrète, par du woofing par exemple, mais je vis seule avec ma fille, alors je ne peux pas non plus foncer sans assurer mes arrières”. A la suite de sa formation, Marianne aimerait travailler comme salariée pendant au moins un an, le temps de trouver le lieu de ses rêves et de bien définir tous les aspects de son projet.
Mis à part ses week-end qui seront désormais chargés, Marianne pense ne jamais regretter sa vie d’avant. Ce qui ne l’empêche pas de douter. “Ma peur principale est que mes proches ne s’y retrouvent pas, en particulier ma fille. Pour l’instant elle réagit bien. Mais tout ça manque un peu de concret encore… Mon autre inquiétude est de ne pas réussir à monter un projet économiquement viable, parce que les rêves c’est bien mais il faut les rendre vivables.”
Sa vie dans 10 ans ? Cette interrogation la fait sourire. « Je me suis très souvent posée la question avant tout ça et je n’arrivais pas à me projeter du tout. Aujourd’hui, je m’imagine dans une ferme, travaillant avec d’autre producteurs. D’ici là j’aurais appris la traction animale et j’expérimenterais de nouvelles manières de cultiver. ” On se retrouve en 2025 ?
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Je suis aussi passé d’un métier que j’adorais (webmaster) à celui d’ouvrier viticole, je n’ai plus d’ordinateur en permanence dans les mains et mes journées ont une durée définis à l’avance. Plus de stress de trouvé de nouveau contrat ni de devoir répondre aux téléphone en permanence car un client à un soucis immédiat. Le travail de la terre en plus donne une valorisation a notre personne, je suis maintenant sur Bordeaux et Paris est loin derrière moi.
Belle initiative, « nous » l’avons eue il y a 40 ans, comme quoi la nouvelle vague arrive. Courage on vous soutient !
Super témoignage qui nous montre encore une fois cette nouvelle volonté de retour à la terre.
Nous aussi on a tout claqué mi mai pour faire un tour de france en woofing et s’inspirer pour notre projet futur, à la campagne bien sûr !
On écrit un blog sur notre aventure http://uncheminvers.wordpress.com/, si cela peut inspirer quelques personnes…n’hésitez plus, foncez !!!
[…] https://magazine.laruchequiditoui.fr/ils-claquent-tout-pour-se-mettre-a-la-terre-episode-1/ […]
Super témoignage ! Chez nous aussi, le besoin de s’éloigner de la grosse fourmilière est là ! Pourtant, je n’ai pas l’impression qu’on soit nombreux dans ce cas ! On s’éloigne petit à petit, proche banlieue, lointaine… On s’est donné quelques années avec mon mari pour partir loin, et trouver un boulot plus proche de nos convictions !
Merci pour ce beau parcours, vivement les suivants !
Bonjour,
Dans la même veine s’est récemment créée l’association Neo-Agri qui revalorise le métier le métier de paysan et encourage les personnes non issues du milieu agricole à retourner à la terre. Ils publient des portraits sur leur site neo-agri.org et mène actuellement une enquête de terrain à la rencontre des néo-paysans dans le monde (France et Espagne pour l’instant).
c’est un message que je souhaite passer à Marianne;
Je suis normand comme elle et j’ai un verger d’1ha en production de pommes à cidre avec des bâtiments disponibles. Je recherche un repreneur sachant qu’un autre verger de 3ha est aussi à reprendre à 4km.
Il existe aussi la possibilité de faire du maraîchage sur 5000 M2.
J’habite l’ouest de l’Orne près de Flers (16.000 habitants)
La vente directe se développe à partir de différentes structures, malheureusement pas encore de Ruche, mais çà peut venir.
Voilà mon message que vous voudrez bien transmettre à Marianne. Si çà lui dit elle prend contact avec moi par mel ou par téléphone 06 28 70 28 97.
Cordialement.
Michel.Baloche
Bonjour,
Un grand merci pour ce superbe article !
Je me reconnais tout à fait dans le parcours de Marianne car je suis moi-aussi une citadine (j’habite Paris) qui ressent le manque de connexion avec la nature et les éléments !
Pour ma part j’ai aussi craqué dans mon ancien travail et j’ai heureusement pu mener ma reconversion et réaliser mon rêve : je suis devenue professeur de Yoga ! Maintenant, ma passion et mon métier ne font plus qu’un !
Aussi je souhaite vraiment encourager toutes les personnes qui souhaitent changer de vie et créer la vie de leurs rêves. Je vous assure que c’est possible, nous sommes beaucoup à l’avoir fait ! Il faut simplement croire en vous… et vous lancer !
Je vais lire avec attention les prochains articles que vous ferez paraître.
Très belle continuation et bonne chance à tous,
Claudia,
Professeur de Yoga certifiée et créatrice du blog YogaPassion
« Vivez en toute sérénité »
Bonjour Juliette, super article!Je voulais tous simplement savoir si des communautés se créaient en rapport aux au retour a la terre? Des idées du genre?
Bonjour,
Merci pour vos messages.
Vous pouvez consulter les sites suivants :
– Terre de lien dont Hélène a parlé sur le blog (voir l’article d’Hélène: https://magazine.laruchequiditoui.fr/terre-de-liens-lagriculture-aux-mains-des-citoyens/ ) qui soutient les paysans dans leur installation : http://www.terredeliens.org/-aider-les-paysans-a-s-installer-
– Fermes d’avenir : Qui a comme projet principal l’ expérimentation, sur une petite surface, de la viabilité économique et écologique de techniques agroécologiques intensives, inspirées de différentes approches comme la permaculture. http://www.fermesdavenir.org/
– Blue Bees : plate forme de financement participatif de projets « positifs » pour demain très tournée vers l’agriculture. https://bluebees.fr
Je vous invite aussi à vous renseigner ou à lire les ouvrages de Xavier Mathias http://www.lechampdepagaille.fr/
Il y aurait tellement d’exemples ! Mais ce n’est que le premier épisode de cette série … 🙂
À bientôt !
Juliette
Même question que Mickael : je fais partie de ces citadins souhaitant retourner à la terre. Mon ami et moi cherchons des structures ou associations mettant en relation les gens. Un retour à la terre n’est pas facile, et nous aimerions avoir le plus de témoignages possibles pour déterminer de la faisabilité de notre projet. Bravo à Marianne et merci pour cet article. 🙂
Bonjour,
Superbe article!
Dans la même veine s’est récemment créée l’association Neo-Agri qui revalorise le métier le métier de paysan et encourage les personnes non issues du milieu agricole à retourner à la terre.
Ils publient des portraits sur leur site http://www.neo-agri.org et mènent actuellement une enquête de terrain à la rencontre des néo-paysans dans le monde (France et Espagne pour l’instant).
Très belle journée