Sommeliers, cavistes et particuliers se bousculent à la porte de son domaine pour acheter ses vins. Rien de surprenant tant ses derniers portent très haut les couleurs du vignoble savoyard.
Oubliez vite vos a priori sur les vins de Savoie… Il naît dans ce vignoble bien autre chose que les « jajas » bas de gamme qui arrosent trop souvent les raclettes dans les stations de ski. Depuis quelques années, les vins de la région se révèlent au palais des professionnels et des amateurs, par la grâce de vignerons de plus en plus nombreux à « faire causer » ses magnifiques terroirs.
À cinquante ans, Dominique signe son trentième millésime en 2015.
Sans aucun doute, Dominique Belluard est de ces brillants promoteurs. Ce grand gaillard officie dans la vallée de l’Arve, du côté d’Ayse, petit îlot viticole comparé aux secteurs de la Cluse de Chambéry et de la Combe de Savoie, plus au sud. Enfant de ce pays haut-savoyard situé entre Genève et Chamonix, « le Do », comme on dit par ici, ou « Bellu », comme le surnomme le monde du vin, a signé à cinquante ans son trentième millésime en 2015.
Après des études de viti-oeno à Beaune, et à une époque où les vins de Savoie étaient carrément snobés par les sommeliers et les cavistes, il aurait peut-être pu descendre de sa montagne pour aller voir et exercer ailleurs. Il est resté chez lui, sur des coteaux exposés plein sud face à la chaîne des Aravis, pour une simple et excellente raison : il était convaincu de la capacité de ses terroirs à donner de grands vins blancs.
S’il n’a jamais surjoué de la chimie, son passage en biodynamie, au tournant des années 2000, lui a permis d’exprimer tout le potentiel de ses 10,5 hectares de vigne plantés sur des argiles rouges, éboulis calcaires, ou marnes jaunes issues de moraines glaciaires : Mes vins ont gagné en expression, sont devenus moins austères et moins étriqués pour prendre plus de profondeur et d’équilibre, confirme-t-il.
En effet ! Au-delà du travail formidable du vigneron et du tempérament des terroirs locaux, la plupart de ses cuvées puisent aussi leur originalité dans leur raisin de naissance : du gringet, vieux cépage endémique du cru Ayse, il ne reste plus qu’une vingtaine d’hectares dont une dizaine chez « Bellu ». Avec le gringet, il faut être très délicat sinon il donne beaucoup d’amertume, explique-t-il. Au fil de vinifications les plus naturelles possibles durant lesquelles il faut accompagner les choses sans les brusquer, et d’élevages précis dans des contenants en béton, matériau extraordinaire, neutre, qui respecte vraiment le fruit et le terroir, il sait dompter ce cépage rarissime et en faire des vins remarquables que tous les fins buveurs s’arrachent.
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On va déguster ?
Domaine Belluard, vin de Savoie – Ayse, Les Perles du Mont Blanc 2014
On a toujours fait des bulles à Ayse… Dominique Belluard sacrifie à la tradition locale avec cette méthode traditionnelle 100 % gringet. Très belle mise en bouche à l’apéritif et plus si affinités. À sa bulle fine et à son nez floral et fruité, le vin, aérien, ajoute beaucoup de gourmandise, de minéralité, et une dynamique amertume de fin de bouche.
Domaine Belluard, Vin de Savoie, « Les Alpes » 2016
Avec cette cuvée issue du cépage gringet planté sur un coteau à l’exposition sud, l’idée du vigneron est de mettre en bouteilles un vin blanc facile d’accès. Mission plus qu’accomplie avec ce vin qui ne manque pour autant ni de profondeur ni d’allonge. Délicieuse impression de croquer le raisin, bouche gourmande et juteuse, bonne minéralité pour une finale fraîche, équilibrée et salivante.
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