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C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme !

Depuis plusieurs semaines, voire des mois, les pêcheurs du Bassin d’Arcachon ne sont pas à la fête, le mauvais temps fait que les bateaux ne peuvent pas sortir. Explications en détails de la part de l’un d’entre eux, Cédric Blut du P’tit Ours.

Le Bassin d’Arcachon est l’œuvre de l’eau… Un monde en mouvance perpétuelle rythmé par le flux et reflux des marées.

Espace amphibie de forme triangulaire, ouvert par une vaste brèche de trois kilomètres de large entre le Cap Ferret et la Dune du Pilat, il permet à l’Océan Atlantique de s’y engouffrer avec violence deux fois par jour laissant lors de son « reflux » un chenal navigable appelé « passe ».

Les passes sont les chenaux de vidange du Bassin d’Arcachon qui permettent aux navires venant de l’Océan Atlantique de pénétrer dans le Bassin. Ce bras de mer presque fermé est situé à la limite de la Gironde et des Landes.

Le bassin d'Arcachon, pour les navires, ça passe ou ça casse.
Le bassin d’Arcachon, pour les navires, ça passe ou ça casse.

Quatre fois par jour entre 200 et 400 millions de m3 d’eau rentrent et sortent du Bassin d’Arcachon sous l’action de la marée. Le courant de marée combiné avec la houle venant du large et un courant littoral nord-sud recomposent en permanence le tracé de la côte à l’embouchure du bassin ainsi que les bancs de sable qui s’y trouvent.

A l’abri des regards, ce courant charrie en effet chaque année près de 600 000 m3 de sable. Or ce sable a tendance à s’agglutiner sur les bancs qui jalonnent l’entrée du Bassin, modifiant du même coup la morphologie des passes.

L’entrée du Bassin d’Arcachon est encombrée par des bancs de sable prolongeant la Pointe du Cap-Ferret ainsi que par un célèbre banc émergeant en permanence au milieu : le Banc d’Arguin. Les passes elles-mêmes sont donc relativement étroites et surtout très mouvantes ; historiquement, deux passes s’ouvrent alternativement selon un cycle qui dure 70 à 80 ans, l’une au sud longe la côte et la dune du Pilat, l’autre passe au nord du Banc d’Arguin.

Il est beau mon bâteau !
Il est beau mon bâteau !

Le sable soulevé par les marées est ainsi « repris » par le courant côtier, et se déplace de nouveau vers le sud avant finalement de s’accumuler vers la Dune du Pilat.

Ces passes constituent une zone de navigation particulièrement dangereuse qui font régulièrement des victimes parmi les professionnels de la pêche et les plaisanciers. Ainsi, rien que dans les 15 dernières années, 13 marins pêcheurs aguerris y ont perdu la vie.

Ces passes sont également susceptibles de se refermer dans l’avenir, du fait d’un ensablement qui s’est aggravé ces dernières années. Le Bassin d’Arcachon deviendrait alors un lac.

Retour de pêche.
Retour de pêche.

Le franchissement de ces passes par un navire est dangereux dès que le vent forcit ou qu’une houle d’ouest s’installe. Depuis que le chenal s’est refermé, le problème posé par les passes s’est aggravé et les chalutiers du Port d’Arcachon sont aujourd’hui fréquemment obligés de débarquer leur pêche dans d’autres ports comme Royan, Saint-Jean-de-Luz ou La Rochelle. On dit que les passes d’Arcachon sont les plus dangereuses de France… L’eau sort du Bassin et l’Océan y entre, quand il y a du mauvais temps, les vagues pleines de sable s’entrechoquent entre elles.

Arrivée au port d'Arcachon du chalutier P'tit Ours.
Arrivée au port d’Arcachon du chalutier P’tit Ours avec ses poissons bientôt dans les ruches.

On comprend ainsi mieux pourquoi il nous faut être patient si l’on veut manger du poisson fraichement pêché par le P’tit Ours, non ?

Dès que le vent soufflera, je repartira, dès que les vents tourneront, nous nous en allerons !

 

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