Céline est la plus jeune des responsables de Ruches. A Arcueil (94), la Catherinette ré-enchante la Mecque de l’anisette. Découverte.
Anis Gras, magnifique usine de briques rouges, haut lieu de la fabrication de l’anisette dans les années 50, espace culturel rénové par la commune depuis quelques années. « Installé dans une ancienne distillerie du XIXème siècle Anis Gras – le lieu de l’autre – est un espace dont l’identité se fabrique par l’appropriation qu’en font ses usagers », écrivent les fondateurs du lieu particulièrement enclins à la rencontre. « C’est simple, il ne m’a fallu que deux minutes pour les convaincre d’accueillir une ruche », se réjouit Céline. Aussi, un samedi matin sur deux, c’est un visage de marché fermier que la jeune femme donne à l’immense cour fermée. Sur de grandes tables de bois, les producteurs installent leurs cagettes : légumes, produits laitiers, pain paysan, viandes, bières… Et une soixantaine de membres actifs viennent y faire leurs emplettes.
Le goût de la campagne
Jeune diplômée d’une école de commerce, Céline est moins bitume que fleur des champs. « Je me sens un peu à l’étroit à Paris, j’ai besoin de nature. » Question de racines… La belle brune a grandi dans l’Hurepoix où l’on fête chaque année les haricots à Arpajon et la tomate à Montlhéry, a passé son bac à Dourdan-la-Forêt et suivi sa prépa HEC à Massy. « C’était nettement moins glamour mais je pouvais rentrer chez moi tous les soirs. » Aussi, lorsqu’elle commence à imaginer sa ruche en janvier dernier, Céline sillonne naturellement la région de son enfance. « Je me pointais dans les fermes à l’improviste pour tenter de les embarquer dans mon projet : la Celle-les-Bordes, Pecqueuse, Dourdan… Ca m’a pris un temps fou, certaines portes étaient fermées, j’étais parfois reçue par d’énormes chiens. » Déterminée, la jeune essonnienne ne lâche pas l’affaire et finit par dégoter une dizaine de producteurs, de son fief ou d’ailleurs.
L’appel de la courgette
« J’ai connu la Ruche qui dit Oui en tant que membre dans le 13e arrondissement parisien puis dans le 10e. Un jour je me suis retrouvée avec une courgette géante dans le pack ratatouille que j’avais commandé et ça a été le déclic. Je me suis dit que, moi aussi, il fallait que je me lance. La Ruche qui dit Oui ! est un concentré de toutes les idées que je défends. » Pour ses parents au début le noyau est un peu dur à avaler : suivre de brillantes études pour finir en « marchande de légumes »… « Rapidement, ils ont compris que c’était une activité qui me correspondait et qui était vraiment raccord avec mes idées. D’ailleurs, mon père est aujourd’hui le premier fan. Il vient à chaque distribution et réussit toujours à placer à quelqu’un : oui oui, c’est super, c’est ma fille. » Depuis quelques semaines, Céline a également décroché un « vrai » boulot chez Inf’OGM, association d’intérêt général qui décrypte l’actualité mondiale sur les OGM et les biotechnologies.
Sensibiliser dans l’assiette
Militante ou gourmande Céline ? Les deux mon capitaine. « Ma mère déteste cuisiner, aussi la semaine les repas c’était vite fait. On se rattrapait le week-end quand mon père prenait le relai et faisait le tour des marchés. » Céline s’est mise aux fourneaux le jour où dégoûtée des conditions d’élevage intensifs, elle a choisi de se passer de viande. « J’ai dû me pencher sur les recettes végétariennes, trouver d’autres idées pour diversifier mes menus. » Aujourd’hui, avec la Ruche, Céline re-invite des steaks dans son assiette mais peine à contenir ses commentaires quand ses copains lui servent de la nourriture industrielle. « Comme mon entourage me considère comme l’écolo de service, j’essaie de leur servir des argumentaires plus subtils pour les faire changer de pratiques. Dès que je peux, c’est moi qui cuisine. Pour mon anniversaire, j’ai fait un tajine pour 25 !» Dans sa ruche, Céline qui aime soigner ses messages ne sert que du positif, teste des recettes et dédramatise. « Une distribution folklorique que celle d’hier !, écrit-elle ce dimanche. Pannes de voiture, bouchons, problème dans les élevages, oublis de cartons et autres imprévus auront mis au challenge les producteurs qui ont pourtant été présents pour nous et espèrent que vous êtes satisfaits de vos commandes. » Pendant les deux heures de distribution, l’énergique Céline a réussi samedi à tout gérer mais n’a même pas eu le temps d’enfiler son nouveau tablier. A 14h30, totalement rincée, elle aurait bien bu une petite anisette pour se remonter…
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Bel exemple !
Le parcours de Céline montre que l’on peut être en accord avec son travail et ses convictions, et qu’il suffit parfois d’une prise de conscience pour oser penser et agir différemment.