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Tout pour leurs pommes

Les Parcs naturels régionaux, sauveteurs de vergers

La France a perdu 20% de ses vergers en 10 ans, titrait une étude du ministère de l’agriculture en 2012. Heureusement, dans les Parcs naturels régionaux, des initiatives secouent les branches et les consciences pour sauvegarder ces belles tiges.

© PNRP C. Henry

Fermez les yeux et pensez à la Normandie. Vous visualisez immédiatement les vergers de pommiers dont on fait le cidre. Dans les Vosges, surtout dans le secteur de Fougerolles, c’est le cerisier à haute tige à la base du fameux kirsch qui marque le paysage depuis le XVIIe siècle. Dans la plupart des régions, terroirs et même villages de France, des milliers de variétés locales d’arbres fruitiers d’une grande diversité de goûts, de formes et de couleurs ont été cultivés et ont imprégné les cultures locales. Aujourd’hui, de nombreuses associations locales travaillent à la préservation (notamment l’excellent réseau des Croqueurs de pommmes dont nous vous avions parlé ici) de cette diversité en danger.

©PNRP

Un fruit pour la récrée

Les Parcs naturels régionaux ont eux aussi mis en place des programmes pour aller dans ce sens. Commençons notre tour de France des initiatives du genre par le Parc naturel de l’Avesnois, dans les Hauts-de-France, où l’animateur chargé de la sensibilisation à l’environnement Marc Gremski nous a listé les ingrédients du programme « Cueillons la nature » mis en place depuis en 2015.

Prenez d’un côté : De nombreux vergers hautes tiges assez anciens dont une bonne partie de la production tombe et pourrie sur le sol.

Ajoutez : Plusieurs écoles où un programme mis en place par le ministère de l’agriculture qui s’appelle « Un fruit pour la récrée » permet d’obtenir des subventions pour faire déguster des fruits et de faire des animations autour du fruit.

Si chaque enfant ramasse cinq pommes, on peut vite arriver à plusieurs centaines de kilos de fruits.

Il fallait ajouter l’action du Parc naturel pour marier ces deux ingrédients. Marc Gremski explique : Nous avons décidé d’emmener des classes dans ces vergers et de leur faire ramasser les fruits. Si chaque enfant ramasse cinq pommes, on peut vite arriver à plusieurs centaines de kilos de fruits. À l’école, on presse une partie des fruits pour leur faire goûter un jus de fruits frais, ce que beaucoup d’enfants n’ont jamais goûté. Le reste des fruits est transformé en jus de pomme, mis en bouteilles et partagé entre le propriétaire du verger, l’école, et la mairie qui finance l’opération.

© PNRP C. Henry

Reinette de Waleffe

Cette opération, qui ne fait que des gagnants, a été mise en place dans une vingtaine d’écoles et a permis la production de plusieurs milliers de bouteilles de jus. Dans un second temps, l’animateur poursuit son programme pédagogique auprès des écoles notamment avec la construction d’hôtels à insectes ou encore en encourageant la plantation d’arbres fruitiers locaux. Avec l’appui du centre régional de ressources génétique, pas moins de 92 arbres ont ainsi été plantés, qui produiront bientôt des variétés locales telles que la Reinette de Waleffe, la Double bon pommier rouge ou la Reinette tardive d’Englefontaine.

Vergers paysagers

Seconde étape de notre voyage, en Normandie. C’est Yolande d’Olier, chargée de mission culture et animation du Parc naturel Normandie-Maine qui nous fait la visite.

La préservation des variétés locales fruitières a été l’une des motivations de la création du Parc en 1975 : Le verger haute tige fait le paysage agricole normand. C’est lui qui permet de coupler l’élevage et la production fruitière, parce qu’il est assez haut pour que des animaux puissent paître sous ses branches. Le paysage qu’il faut préserver c’est celui-là, pas d’un côté une production intensive de fruits et de l’autre des systèmes d’élevages intensifs. L’économie locale, le paysage, les variétés, les modes de culture et la préservation de la biodiversité de ces vergers sont très liés, explique-t-elle. Biodiversité en effet, puisque de nombreuses espèces dépendent de ces vergers hautes tiges à commencer par la Chouette chevêche autrefois si commune et aujourd’hui menacée.

© PNRP L. Charbonnier

Ainsi, dès la création du Parc, un inventaire montre une grande variété d’arbres fruitiers et, rapidement, sont nés un, puis deux vergers conservatoires et un musée de la pomme et de la poire devenu aujourd’hui musée du Poiré. Le Parc a aussi offert des arbres fruitiers à des écoles ou à des particuliers qui s’engageaient à le planter. Sur son site, on peut aujourd’hui consulter un inventaire très détaillé des variétés locales et ce film passionnant sur l’histoire de la pomme et des vergers :

Arbres à boire

On arrive maintenant dans le Perche, où la chute de la production de cidre a menacé les vergers traditionnels. Depuis 2004, le Parc naturel régional a donc accompagné les producteurs dans le projet de création d’une AOP « Cidre du Perche ». Ce projet n’a pas encore abouti mais les responsables se félicitent déjà de nouvelles implantations, souvent en bio. Camille Henri, chargée de mission agriculture du Parc, nous explique : « Notre première approche a été de considérer que le ressort économique peut permettre de protéger durablement les vergers hautes tiges ». Pour faire le lien entre des producteurs de cidres en recherche de pommes issues d’arbres à hautes tiges et des particuliers et des agriculteurs propriétaires d’anciens vergers souvent peu exploitées, le Parc a eu recours à une formule originale : le prêt à usage. Concrètement, le propriétaire laisse le cidriculteur récolter ses pommes en échange d’un entretien toute l’année, notamment des tailles et des tontes dès que nécessaire. Le Parc fournit sur son site des modèles de contrat type. Le Parc a également monté de nombreuses initiatives pour la préservation de la chouette chevêche, à commencer par l’installation de nichoirs.

©PNRP

Comme ceux de l’Avesnois, du Perche et de Normandie, de nombreux Parcs français sont impliqués dans des démarches. On peut citer les vergers conservatoires du Morvan, la formation des particuliers à la taille dans les Baronnies provençales, les aides aux achats de variétés anciennes dans le Gâtinais et enfin dans le Verdon le recueil des savoir-faire écologiques paysans.

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  1. Je suis en Alsace et de culture germanique. Pour retrouver nos vergers d’antan, il convient de recréer des associations d’arboriculture ayant un verger école (en Alsace nous en avons encore beaucoup. En Allemagne encore plus) qui font la promotion des fruits, des arbres et de la taille par des manifestations type fête des récoltes, passent dans les écoles et emmènent les jeunes sur le verger, par des actions d’éclat à Paris (distribution de pommes et stands sur les places publiques, etc…) Tout cela pour qu’une pratique s’encre dans la mentalité et les réflexes des personnes (citadins surtout et à Paris surtout).
    Autre axe : en Allemagne, lorsque vous arrachez un arbres fruitier (ils sont répertoriés) vous payez une taxe ou vous replantez un autre arbre sur votre propriété. Ce qui fait qu’il y a beaucoup d’arbres fruitiers.
    Autre axe: la promotion des professions de maraîchers et de producteurs de fruits dans les conseils d’orientation de l’Education Nationale. Cette institution, qui de toute façon doit être « dépoussiérée de fonds en comble) doit participé à cet effort d’information sur les métiers de demain (il n’y a pas que le virtuel).
    Dernier axe: Il nous faut un ministère du Plan qui définit les objectifs pour la France à horizon 2020, 2025 dans tous les domaines y compris l’agriculture dans toutes ses composantes. Et l’Education Nationale doit être présente pour oeuvrer au niveau écoles et programmes et permettre la promotion des métiers liés. Et surtout tous les acteurs (Etat, ministères, chambres d’agriculture, syndicats agricoles, les professions, les associations de consommateur, les entreprises de distribution, les AMAP ou Ruche qui dit oui et les arboriculteurs) doivent être réunis pour discuter et définir un axe avec échéances et budget.
    Et pour l’aspect législatif, outre les commissions concernées de l’Assemblée Nationale et du Sénat, le Conseil Economique et Social (la vraie assemblée du monde économique et agricole car toutes les professions y sont rassemblées) doit être consulté et avoir son mot à dire avec la même valeur que l’Assemblée Nationale et le Sénat. Afin que le succès soit au rendez-vous. Sinon nous aurons de nouveau les chamailleries habituelles. Chose qui caractérise la France depuis la Gaule (voir les chroniques de César) et que les autres pays ne comprennent pas. Et qui n’est , de toute façon plus tolérable de nos jours !!!

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