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Marion des sources (et son potager aquatique)

La ferme les Sourciers est sur Facebook, Instagram, Youtube… Normal, Marion ne se contente pas de se balader au milieu de sa serre et d’écouter pousser son basilic, elle veut démocratiser une autre façon de le cultiver. Sans terre mais en préservant le goût comme la planète.

 

Chou kale, oyster leaves, pourpier de mer : ici on cultive de la verdure exotique.
Chou kale, oyster leaves, pourpier de mer : ici on cultive de la verdure exotique.

 

Cette autre façon c’est l’hydroponie. Oh, le gros mot ! Mais attention, la jolie brune insiste « il s’agit d’une serre expérimentale, un modèle à reproduire où il n’y a pas de terre, en milieu urbain, où il y a peu d’eau courante. On ne veut pas remplacer la terre. » Voilà qui est dit.

Depuis 2013, Marion et son mari Nicolas testent cette nouvelle culture au coeur du Gers, là où l’on parle plus de terroir que de solutions NPK (les 3 éléments nutritifs nécessaires aux plantes, ndlr). L’idée leur est venue il y a quelques années au cours de leur existence argentine. Coincés dans un deux pièces sans jardin à Buenos Aires, ils rencontrent un couple de retraités qui fait pousser ses légumes sans terre. Ni une ni deux, ils se mettent eux aussi à cultiver des laitues sur leur balcon de la même manière. Rapidement, ils se passionnent pour le sujet de l’hydroponie et découvrent que le pionnier dans ce domaine n’est autre que GHE (General Hydroponics Europe), une entreprise du Gers. En 2013, ils rentrent d’Argentine les poches pleines de graines surprenantes, s’installent à Lagraulet-du-Gers. Les Sourciers sont nés.

 

Leur serre s'étend sur 650 m2 et permet de dégager deux salaires (au SMIC).
Leur serre s’étend sur 650 m2 et permet de dégager deux salaires en été (au SMIC). L’hiver, c’est plus compliqué.

 

L’hydroponie, concrètement de quoi parle t-on ? Il s’agit de faire pousser des plantes en remplaçant la terre par de l’eau à laquelle on ajoute des sels minéraux et de l’oxygène. Les racines trempent donc dans cette solution chargée d’ions. Cette technique n’est pas récente puisque les Aztèques et les Incas l’utilisaient. Souvenez-vous aussi des Jardins suspendus de Babylone, l’une des sept merveilles du monde.

 

Avec leurs économies et le soutien de GHE, Marion et Nicolas montent leur serre hydroponique à but pédagogique, organisent l’arrivée d’eau en circuit fermé. Ainsi, les solutions ne retournent jamais dans la nature mais dans leurs cultures. Au final, très peu d’eau est d’ailleurs nécessaire, 95% de moins que pour une culture classique.

 

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Pour le chauffage, ils s’en remettent aux rayons du soleil et ne sortent un chauffage d’appoint que lorsque les températures menacent de passer sous la barre du zéro pour ne pas geler tout le dispositif aquatique. « C’est une serre froide, témoigne Marion. On ne produit que des légumes de saison, on n’utilise ni chauffage, ni lampe, notre production ne demande presque pas d’énergie. » Enfin, le couple choisit minutieusement ses solutions nutritives. « Si l’on met les bons nutriments au bon moment, si l’on n’ajoute aucun pesticide, on obtient des produits excellents. »

 

Les Sourciers
Blettes multicolores, aussi ravissantes que délicieuses.

 

Ainsi, la première année, Marion et Nicolas démarchent les restaurateurs. Leurs produits s’avèrent plutôt exceptionnels et impossibles à dénicher ailleurs. Voyez plutôt : du Bok Shoy, du Hon Tsaï Taï, du Shiso Japonais, de la ciboule de Chine, de la Ficoïde Glaciale, de l’oseille sanguine… Ils distribuent également leurs herbes en circuit court et aujourd’hui le bouche à oreille suffit pour que leurs plantes aromatiques se retrouvent dans les plats des Chefs, même étoilés.

Benjamin Toursel est l’un d’entre eux. Second de cuisine chez Michel Tramat, il décide d’ouvrir avec sa femme L’Auberge Le Prieuré à Moirax (Lot-et-Garonne) en 2004 et reçoit son étoile en 2008. Ce qui lui plait chez les Sourciers ? « Ils sont dynamiques, joyeux, ils ont une démarche intéressante, ils font du bon boulot. » Pourtant au départ, ce n’était pas gagné, notre Chef est méfiant « des légumes qui ne touchent jamais la terre… » Et puis il faut se rendre à l’évidence, quand on y a goûté, on reste scotché. Oui ces plantes et ces légumes ont du goût et même beaucoup de goût. Un goût similaire à celui de l’huître pour l’oyster leaf, plutôt mentholé pour le shiso japonais ou encore piquant pour la moutarde red giant.

 

 

Si vous passez dans le coin, n’hésitez pas à aller à leur rencontre, vous serez très bien accueillis. Des visites ont souvent lieu l’après-midi et vous aussi vous pourrez goûter, ce n’est pas réservé aux Chefs et à leurs clients !

Comme Thibault Lagoutte, propriétaire et Chef à L’Auberge La Baquère à Préneron (Gers), vous pourrez tenter de marier l’oseille à l’amarante ou encore le sucre des Aztèques et l’oxalis. Il partage une certaine philosophie avec les Sourciers et les autres producteurs avec lesquels il travaille et qu’il fait d’ailleurs apparaitre sur sa carte. « J’aimerais être quelqu’un de bien. J’essaie de faire une cuisine unique et vraie. Tous ensemble, on partage la même sincérité. »

 

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Les Sourciers proposent également des week-ends de formation. Chacun peut s’inscrire et ainsi tout apprendre de l’hydroponie afin de la pratiquer à la maison ou à plus grande échelle. Des architectes urbanistes de Bordeaux, Marseille, Paris… sont venus voir cet ovni, ils ont contemplé, mesuré, pesé car les systèmes en place sont plus légers que la terre.

A l’heure où nous parlons, Marion et Nicolas sont déjà en train d’expérimenter d’autres solutions comme l’aquaponie, une forme d’aquaculture qui associe une culture de végétaux en symbiose avec l’élevage de poissons. Ce sont leurs déjections qui servent d’engrais au végétal cultivé. Ils réfléchissent également à la création d’une association Hydroponie France et d’un label « non traité » puisqu’ils ne peuvent bénéficier du AB réservé à la terre. Chez le couple, les légumes comme les idées foisonnent…

 

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10 commentaires

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  1. Intéressant, mais il faut effectivement voir la source des solutions NPK (n’engraissons pas nos multinationales). Et surtout, comme ils le disent eux même, c’est intéressant en milieux urbain, il ne s’agit pas de remplacer nos terrains par des serres ce serait dommage.

  2. Article super intéréssant !!
    Je ne crois pas que que leur objectif soit l’autonomie ou le bio, juste l’amélioration d’un système existant. Et bien qu’il y ai du NPK, le fait d’être en circuit fermé change à mes yeux toute la donne!! Après ce n’est que mon humble avis, et je ne suis pas expert en la matière. Je veux dire par là qu’il n’y a pas de pollution des sols ! Et je suppose qu’ils en utilisent beaucoup moins que dans n’importe quelle culture conventionnelle car il n’y a pas de perte si j’ai bien compris. En ce qui me concerne tant que c’est une amélioration je ne peux que les encourager. Je ne suis pas dupe, il est clair qu’il faudrait développer une technique pour qu’il n’y ait pas du tout NPK comme vous le dites, dans l’aquaponie et autre, et pour ça il faut se bouger.
    Mais ça va venir, je reste confiant. Arrêtons de freiner le progrès par nos critiques et commençons à nous mettre à l’œuvre !!
    À bon entendeur, ciao
    Marcelo

  3. Solution peut être intéressante mais il ne faut pas être dupe!!
    Peut il nous parler d’autonomie? Combien coûte la solution NPK et d’où vient telle?
    Parlons un peu des externalités de l’agriculture et soyons sérieux…

    Le couple devrai nous faire le détail sur son fournisseur de solution nitrite car si l’on regarde toute les externalités de l’hydroponie et que l’on s’informe sur les fabricants des solutions NPK, on retrouverai sans doute les mêmes fabricants d’engrais de synthèse. Les usines fonctionnent à partir d’énergie fossile pour pomper l’azote de l’air et participe tout autant à la pollution, mais chez les autres!!! dans d’autres pays !!!

    Ce sont les mêmes promoteurs d’une agriculture agro-industrielles qui tente de se recycler, et qui nous vendrons demain des serres clefs en main pour l’agriculture urbaine déconnectée, avec solution NPK et automates!!
    L’histoire se répète inlassablement et les déséquilibres du monde également!!!

  4. Je suis revenue enchantée de ma visite dans leur « potager aquatique ».
    Souriants, disponibles, professionnels, ils maîtrisent leur sujet avec un grand savoir, mais sont surtout très enclins à le partager. Au-delà de leur savoir-faire, ils se posent de vraies questions sur l’avenir de l’hydroponie et sur tous les axes d’amélioration envisageables.
    De belles personnes investies dans un beau projet, je leur souhaite une bonne continuation et beaucoup de succès!

  5. En HYDROPONIE …. XD La ruche !!!
    Franchement si leurs laitues hydroponique sont aussi bonnes que mon canna hydroponique moi je veux bien leur en acheté tout les jours

  6. Pourquoi pas ? Ce type de culture préserve la planète et ne pollue pas notre assiette… Cependant, des études sérieuses sur la qualité nutritive de ces produits seraient bienvenues (je me souviens d’un reportage TV sur des tomates hors sol qui montrait un net déficit en nutriments pour ces dernières…). Il n’y a pas que le goût qui est important dans le végétal…

  7. Quelle belle initiative! C’est bien dommage que l’hydroponie ait mauvaise presse: un gain en eau, une consommation énergétique quasi nulle, des nutriments naturels sans aucun pesticide ou engrais chimique, des produits de qualité, l’hydroponie est véritablement l’avenir de l’agriculture urbaine!

    1. Je pense qu’il s’agit tout de même d’engrais « chimiques ». Les solutions nutritives dont il est question sont à mon avis synthétiques, non ? La démarche reste intéressante du fait de l’économie d’eau et de la non-utilisation de pesticides mais pas complètement « naturelle ».

    2. Pour répondre aux commentaires sur l’aspect chimique des solutions:
      Le potassium et le phosphore sont d’origine minière principalement.
      « L’industrie chimique intervient surtout dans la production des engrais azotés, passant par la synthèse de l’ammoniac à partir de l’azote de l’air, moyennant un apport important d’énergie, fournie par le gaz naturel, principalement le méthane. De l’ammoniac sont dérivés l’urée et le nitrate ». Cette méthode existe depuis longtemps et s’appelle le « procédé Haber ». Rien de mauvais pour la santé.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Proc%C3%A9d%C3%A9_Haber

      Comme quoi, derrière le mot « chimie » il ne faut pas non plus systématiquement voir l’oeuvre de Satan/Monsanto et crier au manque de « naturel ». Les engrais sont largement utilisés aussi en agriculture conventionnelle en plein champs doit on le rappeler!

  8. Je suis agréablement surpris par cette nouveauté ou pour une fois on s’assure de préserver le goût et on ne gaspille pas l’eau tellement précieuse. Au diable nos tomates sans saveur. Je crois que je vais aller leur rendre visite pour satisfaire ma curiosité, alimenter ma connaissance, et appliquer à mon niveau personnel ce type de plantation. J’étais en train de redessiner la structure de mon jardin, il serait intéressant pour la santé de toute la famille de créer un potager dans cet esprit. Je suis de plus en plus méfiant des produits frais que l’on consomme, ça en devient obsessionnel. Avec tous mes encouragements. Cordialement

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