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Made in France : l’embrouille bleu-blanc-rouge

Les Français veulent du local. Tant mieux. On leur en sert donc à toutes les sauces. Mais la notion de « made in France » a-t-elle encore à voir avec notre baguette et notre béret ? Investigation aux frontières.

 

Que veulent savoir les consommateurs ? L'origine des matières premières et le lieu de fabrication sont les deux premières informations attendues sur les produits.
Quelles infos veulent les consommateurs ? L’origine des matières premières et le lieu de fabrication de leurs produits.

C’est fou comme local a la cote. On n’a jamais été aussi chauvins côté consommation. Partout, les mentions « fabriqué en France », « Made in France », « Cocorico, c’est fait par chez nous » se multiplient. Un durcissement de la législation ? Plutôt un excès de zèle ou une stratégie marketing. Car sachez-le, tout ça n’a rien d’obligatoire. « Aucune disposition nationale ou communautaire n’impose l’apposition d’un marquage d’origine sur les produits fabriqués dans l’Union européenne ou importés, sauf exception (certains produits alimentaires ou agricoles…) », explique le service Info douanes services. Bah oui parce qu’en vertu des règles de l’Organisation mondiale du commerce, nul n’est forcé d’écrire sur son étiquette ou ailleurs « made in France » ou de préciser l’origine de ses produits à part quelques  exceptions. Les fruits et légumes par exemple, l’huile d’olive, le miel. La faute à la PAC et à ses taux de taxes fluctuants.

Alors pourquoi voit-on fleurir des étiquettes franco-françaises un peu partout ? Parce que ça fait vendre pardi. Les études auprès des consommateurs montrent que « l’origine des matières premières et le lieu de fabrication sont les deux premières informations attendues sur les produits. Plus de la moitié des Français associent la consommation  durable à la fabrication locale et un quart d’entre eux privilégient les produits fabriqués localement », précise le site mescoursespourlaplanete dans son dernier rapport sur les Chiffres de la consommation responsable. T’y veux du bleu-blanc-rouge ? Cht’y donne. D’autant que ce n’est pas très contraignant.

 

Le made in France, le vrai, très rare dans le textile.
Le made in France, le vrai, très rare dans le textile.

En effet, pour pouvoir indiquer une quelconque origine française, il faut, dixit les Douanes : « que la transformation sur le sol français soit suffisante. » Vachement précis. Dans l’article 24 du Code des douanes communautaires, ça donne ça : « une marchandise dans la production de laquelle sont intervenus deux ou plusieurs pays, est originaire du pays où a eu lieu la dernière transformation ou ouvraison substantielle, économiquement justifiée, effectuée dans une entreprise équipée à cet effet et ayant abouti à la fabrication d’un produit nouveau ou représentant un stade de fabrication important. » En clair, si un I-Pod vient de Chine et qu’on lui ajoute des écouteurs fabriqués en France, l’ensemble ne pourra pas être estampillé « made in France ». En revanche, si toutes les pièces détachées viennent du bout du monde mais sont assemblées dans la Nièvre, l’engin pourra se targuer d’être fabriqué en France. Ca vaut donc pour un Cola à l’eau de source embouteillé dans l’Hexagone ou pour les vaches élevées pendant des années en Roumanie et abattues en France (après avoir été engraissés sur le sol français pendant pendant les 3 derniers mois) .

Et c’est qui qui contrôle toutes ces déclarations ? Aux frontières quand un produit est mis sur le marché, ce sont les douanes qui s’y collent. Une fois les produits distribués, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes prend le relais. « Pour toutes les allégations « Made in France » ou « tous les France quelque chose », le dernier mot revient à la Direction des fraudes, explique Marie Taillard, chargée de mission à la DGCCRF. Notre rôle est de pointer les allégations fausses, de dénoncer les tromperies. Le principe de base pour afficher une fabrication française repose sur le fait qu’il doit y avoir une valeur ajoutée significative sur le territoire. Mais les critères de valeur ajoutée n’étant pas définis, cela reste très subjectif et à notre appréciation.  »

La Yaris de Toyota labellisée Origine France.
La Yaris de Toyota labellisée Origine France.

Depuis quelques temps, pour tenter d’éclairer le consommateur (ou l’embrouiller, on n’a pas encore tranché), des labels privés se sont créés ici et là. Le dernier en date s’appelle Origine France garantie. Mis sur pied en mai 2011 par l’association Pro-France, il distingue les produits fabriqués dans l’Hexagone. « Donnez du sens à vos achats, consommez responsable, favorisez les circuits courts », telles sont les promesses du label. Dans la réalité, on est loin de la relation directe producteur-consommateur. Laurence Massera, du bureau Veritas Certification  en convient : « quand on parle de circuits courts, il s’agit de proximité géographique et non de la limitation du nombre d’intermédiaires. »  Circuit-court = fabrication principalement assurée sur le sol français donc dans le jargon de Pro-France, ça pourrait être utile de le préciser. « Pour recevoir l’estampille, ajoute la chargée de communication, il faut que 50% a minima du prix de revient unitaire soit français et que le produit prenne ses caractéristiques essentielles en France ». Sachant qu’interviennent dans le prix de revient aussi bien les matières premières que les coûts de personnel ou le processus de production (électricité…), on arrive vite aux 50% fatidiques. Aujourd’hui, les crèmes glacées Hageen Dazs, le maïs Géant Vert et 5000 autres produits portent ce label.

Nous voilà bien avancés. Heureusement le site mescoursespourlaplanete.com nous donne quelques pistes utiles dans son guide made in France pour consommer vraiment français. On apprend qu’il vaut mieux se meubler à la CAMIF, choisir un robot Magimix et laver sa vaisselle aux produits L’Arbre Vert. Quant à l’alimentaire, on vous l’a déjà dit, pour manger local, c’est simple : on achète directement aux producteurs !

 

 

4 commentaires

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  1. Il convient de faire attention à ne pas parler trop vite ou en termes plus précis.

    Je réagis à votre phrase : « pour les vaches élevées pendant des années en Roumanie et abattues en France (après avoir été engraissés sur le sol français pendant pendant les 3 derniers mois) . » qui m’a particulièrement interpellée.

    En effet, il me semble que l’origine des viandes est très fortement contrôlée et il est à présent obligatoire de faire figurer sur les étiquettes de viande bovine le pays de naissance, d’élevage et d’abattage de l’animal.

    http://gourmandisesansfrontieres.fr/wp-content/uploads/2012/02/%C3%A9tiquette-boeuf.jpg

    De plus, l’appellation VBF mise en place par Interbev (dont je ne suis pas membre donc je ne suis pas vendue ou pleine de conflits d’intérets) garantie l’origine de la viande quand à son pays de naissance, d’élevage et d’battage. Je ne suis pas parvenue à trouver quoi que ce soit sur tes animaux engraissés en Pologne et qui reviennent en France 3 mois pour se faire abattre..

    De plus je suis allée, par curiosité, sur les sites Légifrance et sur le règlement Européen d’origine des viandes et je suis tombé sur la formule suivante :
    « Il convient de réserver le terme «origine» aux viandes provenant d’animaux nés,
    élevés et abattus, et donc entièrement obtenus, dans un seul État membre ou pays tiers. »

    Je ne vois donc pas comment un animal élevé en Roumanie peut porter la mention « Origine France » ou VBF sachant que ce sont des appellations contrôlées. Ou alors il s’agit simplement de fraude. Or, la fraude il y en a partout, même dans les « circuits de proximité »..

    Vous dites, en effet, : »Quant à l’alimentaire, on vous l’a déjà dit, pour manger local, c’est simple : on achète directement aux producteurs ! »

    Pourtant, le Local n’est pas l’assurance de la qualité ou de la sécurité. La fraude existe partout et nombre de personnes achètes sur certains marchés « au producteur » qui vend en réalité des produits qui ne sont pas fermiers et qui ne sont pas locaux, ou alors simplement transformés en France (cf charcuterie achetée dans le sud, non affichage de l’origine…)!

    Pour les curieux :

    http://agriculture.gouv.fr/viandes-de-france-la-garantie-de-lorigine-et-de-la-tracabilite
    http://www.viandes-de-france.fr/index.html
    http://www.interbev.fr/wp-content/uploads/2013/06/freq-controles-CA-interbev-2014.pdf

    Je trouve en effet dommage de critiquer certaines démarches, mises en places par les inter-professions françaises pour AIDER nos producteurs français. (cf l’actualité très tendue de l’élevage en France). L’objectif de ces démarches n’est pas de tromper le consommateur mais de lui garantir un produit Français et non juste transformé en France. Après effectivement il ne fait pas suivre n’importe quoi, mais les VRAIS signes de conformité ou de qualité sont là pour ça!

    Ci dessous les signes de qualité garantis par l’état:

    http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dgccrf/documentation/fiches_pratiques/2014/fp_signes_officiels_qualite2014.pdf

    http://agriculture.gouv.fr/ministere/les-signes-officiels-de-la-qualite-et-de-lorigine-les-seuls-garantis-par-letat

    Bonne journée à tous.

  2. Un début de piste en lisant les codes barres (EAN 13 chiffres).
    voici à titre indicatif la correspondance des 3 premiers n° qui situent la provenance du produit acheté ;

    – 00 à 13 USA-CANADA
    – 30 à 37 FRANCE
    – 40 à 44 Allemagne
    – 49 Japon
    – 50 Grande-Bretagne
    – 57 Danemark
    – 64 Finlande
    – 76 Suisse et Liechtenstein
    – 471 Taïwan.
    – 480 à 489 Philippines.
    – 628 Arabie Saoudite
    629 : Émirats Arabes Unis
    690, 691, 692 jusqu’à 695 : Chine
    740 à 745 : Amérique Centrale

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