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Mais qu'est-ce qu'il y a dedans ?

Lait en poudre, ne tétons plus les yeux fermés !

Voilà quelques semaines que le scandale s’étend comme une trainée de poudre. Le lait infantile est au centre de toutes les discussions au rayon biberons. Mais que trouve-t-on dans ces boîtes aux couleurs pastel ? Comment du lait conçu pour transformer un veau de 45 kg en un bœuf de 700 kg est-il modifié pour faire pousser nos marmots ?

Quand on commence à faire attention à ce que l’on met dans nos assiettes, on en vient rapidement à se demander ce que contient cette étonnante poudre blanche que l’on agite dans le biberon de nos bébés et dont ils dépendent souvent entièrement dans les premiers mois de leurs vies. D’où vient-elle ? Comment est-elle fabriquée ? Comment assure-elle la sécurité alimentaire de nos nourrissons ? Et comment s’y retrouver dans la jungle des différents types de lait ? Voici quelques réponses pour ne plus téter les yeux fermés.

Qui a inventé le lait en poudre pour les bébés ?

Avant l’avènement du lait en poudre, les maternités faisaient souvent appel aux bons soins du lait d’ânesse, plus rarement de chèvre ou de brebis, afin de nourrir les orphelins ou les enfants dont les mères ne pouvaient donner de lait et qui n’avaient pas de nourrice.

C’est en 1908 que Maurice Guigoz invente le premier lait en poudre en chauffant du lait de vache sous vide à basse température. En quelques décennies, les techniques se perfectionnent et l’usage du lait maternisé en poudre se généralise.

Autant vous dire que l’usage du lait maternisé a révolutionné le monde de la petite enfance en diminuant sensiblement la mortalité infantile et en libérant des millions de femmes de l’allaitement au sein à un moment où celles-ci entraient en masse dans le monde du travail.

Aujourd’hui, la France est l’un des pays au taux d’allaitement à la naissance le plus bas avec environ 60 % des mères contre près de 100 % en Norvège ou 85 % en Italie. À 12 semaines, il chute autour de 30 %. Même si l’allaitement au sein est en augmentation, le lait maternisé reste un pilier essentiel de l’alimentation de nos petits et un enjeu de santé publique majeur.

Qu’est-ce qu’il y a dedans ?

Le lait infantile, c’est d’abord du lait de vache (dans l’immense majorité des cas). Un lait conçu pour transformer un veau de 45 kg en un bœuf de 700 kg ! Un lait qui convient à un animal herbivore ayant un système digestif très différent de l’homme. C’est pourquoi, sous sa forme brute, il n’est pas franchement adapté au bébé humain. Il contient notamment trois fois trop de protéines, trop de graisses saturées et pas assez de lactose. Il manque de vitamines et de fer mais contient trop de sodium et de calcium…

C’est pourquoi le lait en poudre est totalement transformé pour convenir aux besoins du petit homme. Il est écrémé, pasteurisé, enrichi en lactose, en glucose, en vitamines et en acides aminés. On y incorpore également des graisses végétales et des émulsifiants. On mélange le tout, on le sèche et on obtient les fameux laits infantiles 1er et 2e âge ! Certains laits peuvent être enrichis en probiotiques, en fibre (prébiotiques) ou nucléotides qui aident le système digestif du bébé à se mettre en place.

Le scandale récent des laits Lactalis contaminés à la salmonelle est un épisode supplémentaire qui montre à quel point l’alimentation des nourrissons est un sujet sensible.

À l’issue de ce processus compliqué, le lait en poudre affiche une composition qui se rapproche fortement du lait maternel. Les principales différences étant l’absence d’anticorps et (le plus souvent) d’autres produits comme la choline (qui intervient dans le développement cérébral du nourrisson). Enfin, le lait maternel est évolutif et s’adapte naturellement aux variations des besoins du bébé avec bien plus de finesse que les laits infantiles.

Qui le contrôle ?

Les laits maternisés font l’objet d’une réglementation européenne spécifique censée protéger les bébés. Les mises sur le marché sont strictement contrôlées et les arguments de promotion encadrés, ce qui n’empêche pas le marketing de fonctionner à plein régime avec des gammes de produits très vastes. D’un point de vue sanitaire, les produits phytopharmaceutiques utilisés pour sa fabrication sont limités et contrôlés. Les résidus de pesticides ne sont pas interdits mais limités à 0,01 mg par kg par substance active.

En 2008, le scandale du lait contaminé en Chine avait touché 300 000 bébés et provoqué une baisse des ventes de 30 à 40 % du secteur chinois. Cette affaire est entrée dans l’histoire comme l’un des pires scandales de l’agroalimentaire mondial allant même jusqu’à entraîner des condamnations à mort.

En revanche, rien n’interdit d’utiliser un lait de vache non bio et il n’existe pas de législation spécifique limitant l’aluminium, présent dans la moitié des laits maternisés d’après une étude de 2014. Et comme le montre l’affaire Lactalis, les processus de production peuvent encore être améliorés pour garantir une sécurité alimentaire maximale à nos bébés.

Comment s’y retrouver parmi les différents laits ?

Les jeunes parents sont fragiles et, souvent, prêts à avaler n’importe quel argument pourvu qu’on leur promette le meilleur pour leurs enfants. Les marques jouent sur leurs angoisses et y répondent avec une gamme très large de produits franchement déroutante. Pour un non-initié, le rayon lait en poudre des hypermarchés est en passe de devenir aussi tentaculaire que celui des vins ! Alors, sans aller jusqu’à devenir sommelier pour bébé, voici quelques pistes pour éclairer vos choix :

Bio pas bio ?

Un lait maternisé bio a subi le même processus de transformation industrielle qu’un lait non bio. La seule différence est que, dans le premier cas, le lait de vache sera issu d’un élevage biologique. Et comme les règlementations sanitaires sur le lait infantile sont plus strictes que pour un élevage laitier classique, l’impact sur la santé n’est pas très important.

En revanche, l’impact environnemental peut être le critère de préférence si l’on se porte sur le choix d’un lait bio.

La terrifiante huile de palme !

La réflexion est ici assez proche du point précédent : l’huile de palme peut être contestable pour la santé des adultes mais convient bien mieux aux besoins du nourrisson. D’ailleurs, le lait maternel contient naturellement 23 % d’acides gras palmitique.

C’est d’abord la préoccupation environnementale qui éclairera votre choix.

Pharmacie ou supermarché ?

Question bête ? Peut-être mais certains ont encore l’impression qu’un lait acheté en pharmacie est un lait de meilleur qualité que son équivalent en grande surface… Eh bien, non ! Si l’étiquette est la même, le contenu aussi.

Vegan ou pas ?

Si vous êtes vegan, la meilleure solution se trouve généralement au bout des tétons ! En cas d’allaitement impossible ou pour les bébés intolérants aux protéines animales, il existe désormais des laits à la protéine de riz qui fonctionnent mais sont recommandés par les pédiatres comme un recours plutôt qu’une simple alternative.

Le lait 3e âge est-il utile ?

Le secteur français du lait en poudre a trouvé un moyen pour continuer à développer l’industrie au-delà de l’âge d’1 an. C’est ainsi qu’est né le lait troisième âge, vendu comme étant adapté aux enfants de 1 à 3 ans et commercialisé souvent en bouteille. Ce lait de croissance est principalement enrichi en fer et vitamines ce qui correspond effectivement aux besoins des petits. Besoins qui peuvent être trouvés aussi dans une alimentation solide de bonne qualité. Rien d’indispensable donc. La France est d’ailleurs l’un des rares pays du monde à consommer massivement ce lait.

La plupart des pédiatres s’en tiennent à une voie médiane et recommandent des apports modérés de ce lait jusqu’à 18 mois à 2 ans.

Vous voilà un peu plus avancés sur la question ? Cela ne doit pas vous empêcher de continuer à demander conseil à votre pédiatre ; une information n’est pas une consultation !

22 commentaires

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  1. Si l’allaitement fait mal c’est souvent un problème de position du bébé. 13ème mois d’allaitement avec Choupinette (pour notre plus grand bonheur) et toujours zéro douleur ! :p

    1. Ou de difficultés de succion du bébé, ou de mauvais usage du biberon et du tire-lait à la séparation… beaucoup de projets d’allaitement échouent faute d’accompagnement et de formation des professionnels de santé malheureusement.

  2. L’homme ne fera jamais aussi bien que dame nature… j’ai le bonheur d’allaiter mon petit bonhomme en ce moment et c’est non seulement meilleur pour lui mais en plus ce sont des moments d’échanges merveilleux ! Je vois avec tristesse plein de mamans autour de moi qui preferent le biberon par « facilité »ou parce que « ce n’est pas leur truc »… Alors oui le démarrage est un peu douloureux pour les seins et nécessite un peu de volonté, mais ensuite ça marche tout seul ! Et puis franchement question facilité y’a pas photo : c’est toujours prêt et à bonne température 🙂 On peut être féministe et tenir à son indépendances et allaiter bébé, ça n’est pas incompatible ! Et c’est lui donner toutes les chances d’avoir une bonne santé. Dixit ma grand mère 🙂

    1. Je trouve vos propos un peu culpabilisants. Non, “ça ne roule pas toujours tout seul”, il suffit de voir les statistiques d’allaitement à la maternité puis quelques semaines plus tard et le nombre de mères désireuses d’allaiter qui arrêtent parce que “ça ne marche pas”. Les professionnels de santé sont mal formés et l’accompagnement est insuffisant, or de nombreux bébés ne savent pas téter efficacement, entre autres difficultés mal diagnostiquées. J’ai mis 3 mois à mettre en place ma lactation, après des épisodes de pertes de poids, des engorgements, une freinectomie, des tirages de lait intensifs jour et nuit, beaucoup de douleur, de fatigue et de stress. Je me suis accrochée car j’ai eu le soutien d’une consultante en lactation IBCLC et de mon partenaire, mais sans cet accompagnement j’aurais dû mettre fin à mon allaitement dans la douleur au bout de 4 semaines car mon bébé ne grandissait pas et se laissait mourir de faim. Tout le monde n’a pas cette chance. A la reprise du travail à 3 mois, j’ai pu aussi tirer mon lait 2 fois par jour mais tous les employeurs ne sont pas aussi compréhensifs. Il faut mieux aider les femmes pour leur permettre de mener leur projet à bien, quel qu’il soit.
      Nous allons bientôt célébrer 1 an d’allaitement !

  3. Le lait de la mère est le meilleur aliment au monde pour les bébés.
    C’est le résultat de l’abèration de la libèration de la femme qui a fait s’engouffrer dans la brèche l’industrie alimentaire .
    Je voudrai dire pour l’avoir vécue que traire les vaches à la machine est une torture pour la vache.
    Par contre allaiter pour une maman sont des moments d’amour profond en plus de votre étude chimique d’anticorps et de développement du cerveau.
    Les bébés orphelins sont pour beaucoup un problème sociétal .
    Les femmes qui ne veulent pas allaiter c’est aussi un problème d’endoctrinement de publicité , celles qui peuvent pas physiquement c’est une sur 100.
    Je suppose que nous aurons besoin encore de plusieurs catastrophe sur les laits maternisés pou enfin comprendre de libérer les mamans de leurs travail et de leurs stress pourt les laisser tranquillement allaiter leur bébé l’humanité s’en trouverai mieux à mon goût.

    1. Bonjour,

      Je vous cite : « Je voudrai dire pour l’avoir vécue que traire les vaches à la machine est une torture pour la vache ».

      Qu’avez-vu vous vécu ? Avez-vous été traite à la machine ? ou avez-vous recueilli le témoignage d’une vache ?

      Votre propos est diffamatoire, car il insinue que les éleveurs qui ne traient pas à la main (ce que je vous conseille d’essayer sur une dizaine de vache matin et soir) sont des tortionnaires, qui font donc acte de cruauté envers les animaux.

      Je vous invite à venir assister à la traite (mécanisée) chez moi, je vous défie d’y trouver le moindre argument en faveur d’une quelconque torture. Ceci est également vrai dans tous les élevages que j’ai pu visiter.

      A trop exagérer, on dit n’importe quoi.

      Merci de m’avoir lu.

  4. la loi interdit d’appeler les préparations pour nourrissons lait « maternisé ». les industriels ont beau trafiquer le lait de vache ou autre pour qu’il se rapproche du lait maternel jamais ils ne réussiront à mettre dedans tout ce qui fait la spécificité du lait maternel… Nous sommes la seule espèce a donné à nos petits un autre lait que celui qui est fait pour nos enfants!!!

    1. … Et à en consommer encore à l’age adulte… Volant par là-même la nourriture d »autres petits (les veaux).

  5. Bonjour,

    Merci pour cet article très intéressant !
    Existe-t-il alors une véritable alternative à ces laits industriels et quelque chose de 100% naturel hormis le lait maternel?

    1. Et non. Soit l’enfant boit le lait de sa mère, soit il est nourri avec des laits modifiés pour s’approcher des besoins des nouveau-nés et nourrissons d’humainS. Seuls les industriels sont en capacité de produire des boissons aussi modifiées. Il te reste à choisir bio ou pas bio d’une part, et issu de lait de vache ou de protéines de riz d’autre part (attention on parle bien de préparations pour nouveau-nés et nourrissons et non pas des laits de riz en brique).

  6. Oui mais bon, en réalité il n’y a pas vraiment de scandale nouveau à propos du lait pour bébés dans cet article…
    On pourrait parler d’histoire ici, par exemple avec la politique de Nestlé en Afrique concernant le lait en poudre.
    J’ai eu sacrément peur avec le titre de l’article, pour après ne rien apprendre de spécial 😉

  7.  » Plusieurs cas tragiques de dénutrition de nourrissons nourris sans apport animal ont été rapportés et la santé des enfants mérite sans doute quelques concessions »

    Ce n’est pas exact. Ces nourrissons étaient dénutris car ils étaient nourris avec un lait non maternisé, ce qui n’a aucun rapport avec un quelconque apport animal. Un lait végétal maternisé est tout a fait adapté à des nourrissons.Vous le dites vous même dans un paragraphe, finalement ce qui est intéressant dans le lait maternisé (animal ou végétal) c’est tout ce qui est ajouté en vitamines et acides aminés.

  8. C’est en 1908 que Maurice Guigoz invente le premier lait en poudre en chauffant du lait de vache sous vide à basse température

    je ne comprends pas cette phrase; il y a une contradiction entre chaUffer le lait et à basse t°.

    1. Sous vide veut dire à basse pression et si basse pression alors on peut évaporer (chauffer) l’eau de solution à basse température (loi des gaz parfait). Tu peux chercher aussi « évaporation sous vide » pour plus de détail.

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