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Struggle for food

Guide du gastronome survivaliste

Imaginez que vous êtes perdu au fin fond des bois, ou en haut de la montagne, ou dans un grand trou noir. Pas question de manger n’importe quoi. En pleine nature comme en société, ne mâchons pas les yeux fermés ! Voici un petit guide pour vous aider à bien vous nourrir en cas de situation de survie.

Nul ne sait d’où partira l’Apocalypse. Certains annoncent une crise écologique ou économique majeure, une pénurie d’énergie, d’autres voient venir une pandémie dramatique, un hiver nucléaire ou un cataclysme mondial, tandis que les esprits créatifs imaginent déjà une invasion de zombies ! Toujours est-il que dans ce genre de scénario, vous pourrez dire adieu aux supermarchés et leurs rayons bien remplis, mais pire que ça, l’agriculture se sera effondrée et même la Ruche qui dit Oui ! ne pourra plus vous fournir en bons produits ! Au milieu du chaos, il vous faudra apprendre à survivre en ne comptant que sur vous-même et ce que prodiguera la nature.

Livré à vous-même dans la nature, la peur de manquer peut devenir une angoisse terrible, mais cette angoisse tient parfois à des mythes peu fondés.

En effet, l’être humain est capable d’ingurgiter beaucoup de choses, beaucoup plus qu’on ne le croit. Nous sommes largement conditionnés par notre alimentation civilisée, normée et calibrée à l’extrême, mais n’oublions pas que nos ancêtres pas si lointains mangeaient fréquemment des choses qui aujourd’hui n’entreraient même plus dans la catégorie aliment (varech, bulbes de fleurs, orties, chats, sciures de bois ou cuir…)

© Éric Van den Broek

L’être humain n’est pas fait pour ingurgiter de la nourriture matin, midi et soir. Il peut passer sans problème plusieurs jours sans manger et même plusieurs semaines. Dans les émissions télé autour de la survie, les candidats semblent toujours obnubilés par la faim et se jettent sur les mets les plus répugnants à la première occasion. Ne les imitez pas, et ne paniquez pas parce que vous manquez de nourriture ! L’accès à l’eau potable est nettement prioritaire.

Observez bien votre environnement. L’observation est l’une des clés essentielles pour tout bon survivant.  La nature est assez abondante mais il faut beaucoup de connaissances pour savoir en tirer profit. L’ignorance tue plus que la rareté. Apprenez dès aujourd’hui à reconnaître les plantes et à maîtriser quelques bonnes pratiques. Prenez l’habitude de renifler, toucher, goûter en petites quantités ce que vous ne connaissez pas et recrachez au moindre doute.

Au pied de mon arbre…

Une fois que vous avez trouvé un point d’eau potable, il est temps de se mettre en quête de nourriture. Inutile pour le moment de vous confectionner une sagaie et d’aller traquer le mammouth ! Mieux vaut vous dégotter un coin de forêt riche en chênes, en châtaigniers ou en hêtres, trois arbres très abondants en France et qui vous apporteront une alimentation riche, facile à conserver, à transformer sans être désagréable au goût. Les glands et les châtaignes ont occupé très longtemps une place essentielle à la survie de régions entières, en Corse, en Kabylie, en Espagne, au Portugal et ailleurs. Une douzaine de châtaigniers pouvait faire vivre une famille entière !

Avec le gland du chêne, on obtient une farine très nourrissante qui peut servir de base pour une alimentation de survie. Pour le cuisiner, il faut le passer dans l’eau bouillante en changeant l’eau régulièrement, puis le laisser sécher et le réduire en poudre.

L’eau bouillie dans laquelle on a cuit les glands prend une teinte sombre ; c’est le tanin amer qui s’échappe. Avec cette eau, on obtient un « café » un peu râpeux mais qui rappellera aux nostalgiques post-apocalyptiques ce bon vieux temps des pauses entre collègues à la cafét’ de l’entresol…

© Éric Van den Broek

Les châtaignes sont des fruits tout aussi riches et plus familiers. En période de famine, elles sont toujours venues en aide aux hommes et seront pour vous une valeur sûre presque indispensable. Si vous avez la chance de tomber sur une forêt riche en châtaignes, restez dans les parages car vos chances de survie ont considérablement augmenté…

Les faînes sont les fruits du hêtre et ont un goût à mi-chemin entre la châtaigne et la noisette. Ils se préparent en farine comme les glands ou cuits comme les châtaignes. Ils sont composés à 45 % de matière grasse ce qui est très appréciable quand il s’agit de passer l’hiver ou fabriquer un beurre de substitution.

Ruez-vous enfin sur les noyers, les noisetiers, les amandiers… Les fruits à coque sont incontournables en situation de survie…

Muesli nature

Les graines et céréales sont des concentrés de l’énergie d’une plante. C’est là où se trouvent les éléments les plus riches et les plus nutritifs. C’est pour cela que les céréales sont à la base de presque tous les régimes alimentaires à travers le monde. Tous les graminées font des graines comestibles ; riz, blé, maïs, seigle, avoine, orge, épeautre, engrain, bambous… Une vaste famille aisément reconnaissable qui vous rendra de fiers services.

Les graines, c’est deux aliments en un !

Mais il est possible de manger les graines d’autres plantes à céréales ; chénopodes, amarantes ou sarrasin… Ces semences ont un autre avantage de taille : une excellente capacité de conservation, mais en pratique, il est très laborieux de décortiquer chaque brin d’herbacée pour y récolter de toutes petites graines. C’est pourquoi vous ne pourrez sans doute pas miser seulement sur elles. Toutefois, un stock de graines en réserve pourrait être un atout important en période de vaches maigres.

À noter qu’il est possible de faire facilement germer les graines et que celles-ci deviennent des aliments très différents en matière d’apports nutritionnels. Elles contiennent plus de vitamines, de minéraux, de protéines…. Les graines, c’est donc deux aliments en un !

Baies et fruits sauvages

Il est difficile de délimiter là où commence le fruit sauvage et ou s’arrête le fruit cultivé. Ce qui est certain en revanche, c’est qu’en cas de fin brutale de l’agriculture, l’immense majorité de nos vergers cesserait pratiquement de produire en l’espace de quelques années. Sans les tailles, les traitements et les apports constants d’arboriculteurs, les variétés actuelles ne pourraient guère survivre et encore moins fructifier correctement. Mis à part les figuiers, les pruniers et les cerisiers qui s’en tirent honorablement sans entretien, il faut aller regarder du côté des espèces sauvages.

Chez les arbres, citons le néflier, le cormier ou l’alisier blanc qui produisent des fruits comestibles et savoureux sans qu’on ne leur ait rien demandé.

Les ronces poussent partout et font de délicieuses mûres en été. Dans les sous-bois, les fraises des bois sont assez communes et accessibles dès le printemps.

D’autres baies sont très intéressantes car elles sont accessibles pendant la période difficile de l’hiver. C’est le cas des prunelles, des cenelles ou des poils-à-gratter qui se consomment après les premières gelées. Elles sont riches en vitamines et en sucres.

© Éric Van den Broek

Un peu d’eau fraîche et de verdure

Les mauvaises herbes contre lesquelles vous vous acharniez lorsque le monde tenait encore débout vont devenir de précieuses alliées. La plupart d’entre elles sont non seulement comestibles mais également pleines de vertus, alors si vous ne tenez pas à manger les pissenlits par la racine, il est temps de les croquer par les feuilles ! Le pissenlit se consomme cru ou cuit et a des vertus diurétiques, comme le gaillet gratteron que l’on trouve en grande quantité dans les jardins, les sentiers et les lisières.

Les orties sont riches en vitamines C, fer et magnésium. Elles se consomment cuites comme les épinards et ont un goût agréable. Leur piquant disparaît naturellement 2 jours après arrachage ou simplement en les passant quelques secondes dans l’eau bouillante.

Le rumex se consomme cuit et a un goût acidulé proche de l’oseille, la bourrache se prépare en tisane et est riche en protéine et vitamine B12. Les plantains, très courants, sont riches en glucides. La gesse a un goût de petit pois, l’alliaire donnera un peu de piquant à vos plats et l’ail des ours est un délicieux condiment pour agrémenter vos menus sauvages…

Ces plantes comestibles ne peuvent pas fournir un apport énergétique très important mais sont riches en vitamines et nutriments vitaux qui vous aideront à rester en bonne santé. Il ne faut pas sous-estimer non plus leurs capacités à parfumer et agrémenter vos menus. À noter que les jeunes pousses sont toujours plus tendres et meilleures que les autres.

Dans une rivière ou le long d’un rivage, il est possible de pêcher avec un matériel de fortune.

Devenez chasseur-pêcheur

L’un des grands mythes du survivant est l’homme musclé et suant en train de dépecer un sanglier ou de chasser un cerf à mains nues dans le plus pur style Cro-Magnon. Pourtant, pour un novice, il est plus que probable que la chasse se solde par un échec complet coûteux en énergie et dangereux pour la santé. Même si par chance, vous parvenez à dégoter un chevreuil, serez-vous capable de le préparer et de le conserver dans de bonnes conditions ? À moins d’être chasseur expérimenté et équipé, mieux vaut ne pas s’engager sur cette voie.

Avec un bon sens de l’observation et un peu d’habilité, vous pourrez sans doute tendre des pièges à lapins ou à lièvres et vous pourrez toujours vous rabattre sur les insectes mais le mieux question nourriture animale, c’est encore le poisson.

Dans une rivière ou le long d’un rivage, il est possible de pêcher avec un matériel de fortune. Le poisson est généralement facile à cuisiner et riche et acides gras non saturés, lipides, protéines et vitamines (B, A et D). Il est possible de le sécher ou le fumer pour le conserver plus longtemps.

© Éric Van den Broek

Champignons : pas vraiment hallucinants

Les champignons sont délicieux et disponibles assez facilement. Ils paraissent être de bons candidats pour les gastronomes de l’extrême, jusqu’au moment où l’on découvre leur valeur énergétique particulièrement faible. Certes, ils contiennent des vitamines B et des oligo-éléments mais étant donné leur potentielle toxicité et le fait qu’ils sont difficiles à digérer, l’enjeu n’en vaut pas vraiment la chandelle.

Si vous maîtrisez correctement la reconnaissance des champignons, vous pourrez toujours en glaner quelques-uns sur votre passage pour agrémenter vos plats mais ne comptez pas sur eux pour couvrir vos besoins caloriques.

11 commentaires

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  1. Muni de jumelles il suffit d’observer ce que mange un mammifère de notre taille (je parle pour les végétaux) ça limite déjà grandement les risques et détermine à peu près la quantité sans risquer l’intoxication car souvent la toxicité est affaire de quantité, avoir des légumes secs ou graines pouvant être germés peut aider à patienter le temps du repérage

  2. Merci pour cet article intéressant. Et quand bien même nous ne nous retrouvions pas à devoir « survivre » en pleine nature, savoir reconnaître ce qui s’y trouve et ce qui y est comestible est dans tous les cas enrichissant. Mais attention aux champignons, réservés aux connaisseurs : certains peuvent donner de graves maladie irréversibles voire entraîner la mort. Et certains champignons dangereux ressemblent fortement à des comestibles, piégeant même certains animaux.

  3. Bonjour,
    Je souhaiterais également connaitre les livres dont vous vous êtes éventuellement inspiré.
    Merci.
    Charlotte

  4. Bonjour amis Survivalisme ,
    En cas de chaos généralisé notre plus gros problème serait de trouvé de la nourriture .
    Cela nous prendrait beaucoup de temps,nous demanderais énormément d’efforts .
    Et ci nous n’avions plus à nous en préoccupé !!!
    J’ai trouvé la solution le (pranisme).
    Des milliers de personnes dans le monde ne mangent plus ou plutôt si il mange du prana. Je vous conseille de lire le livre ( Vivre de lumière) de Jasmuheen.
    Bien à vous ??

  5. Je voulais indiquer que la préparation du « café » de gland dont vous parlez (jus de trempage des glands à chaud) n’est pas du tout le même que celui décrit dans le lien que vous nous donnez, où il s’agit de farine de gland (déjà trempé) torréfié, ce qui n’a rien à voir.
    En tout cas, les deux sont intéressantes.

  6. Mouais facile à écrire MAIS les châtaignes, les noisettes etc, ça n’est pas éternel, alors oui survivre quelques semaines bien choisies à l’automne sans doute, le reste du temps ça me semble un peu maigre…

    Je demande à vous y voir en plein hiver à tenter de trouver des châtaignes ou des feuilles…

    Les sanglier, omniprésents, sont très efficaces pour trouver et manger avant nous tout ce qui tombe au sol et je vous garanti qu’ils ne sont pas doués pour le partage…

    quand à tuer un sanglier au couteau, comme suggère Cécile, là aussi je demande à voir…

    Bref sans doute est-ce important de montrer aux citadins que le supermarché n’est pas « indispensable » mais à trop idéaliser la « nature » on risque de se discréditer complétement !

  7. bien vrai tout ça ! Mais n’oubliez quand même pas la sagaie et le bon couteau qui va bien ! Là où il y a faînes châtaignes et glands en quantité , il y a souvent de belles familles de sangliers . Soyons prêts à préparer de bons rôtis de cochon sauvage sur le petit feu de notre bivouac !
    Bonne et belle journée , et bon appétit !
    Cécile

  8. Je souhaite ajouter deux petits éléments :
    – les feuilles d’orties de consomment également crues. Il suffit de les cueillir par le dessous de la feuille en la pliant en deux dans le sens de la longueur, puis de la plier encore en deux dans le sens de la largeur. Ensuite il faut la rouler entre les doigts pour casser les poils urticants avant de la mettre en bouche en la masticant bien (le goût approche un peu celui du concombre).
    – il est possible d’éviter la déshydratation corporelle sans eau potable. Il faut se mouiller sous les bras et l’entre jambe (la peau y est fine et permet l’absorption). Cette solution ne peut être que provisoire bien sûr.

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