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Glyphosate, stop ou encore ? Dans l’attente du verdict de l’Europe…

L’autorisation du glyphosate en Europe – pesticide le plus utilisé au monde et principal composant du Roundup de Monsanto – expire fin 2015. Enfin débarrassé ? Pas si sûr. Cet automne, la Commission européenne doit décider de son sort. Explications.


Décidément en environnement, une bonne nouvelle en cache souvent une autre moins réjouissante. Alors que la ministre de l’Environnement Ségolène Royal a demandé en juin aux jardineries de ne plus vendre de Roundup en libre-service à partir du 1er janvier 2016, on apprend dans le même temps que l’Union européenne doit décider d’ici la fin de l’année si elle reconduit ou non pour dix ans l’autorisation de cet herbicide très répandu, soupçonné d’être cancérigène.

 

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On pensait pourtant l’affaire classée, le glyphosate rangé dans la catégorie des produits phytosanitaires non grata. En effet, en mars dernier, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rangeait le glyphosate dans la catégorie des « cancérogènes probables », estimant que l’exposition au glyphosate et le développement de cancers sont liés. Rappelons que « cancérogène probable » pourrait être l’équivalent d’une note de 5/20 sur l’échelle de sûreté sanitaire. En effet, la classification du CIRC compte cinq niveaux : sans risques cancérigènes ; inclassable ; cancérigène possible ; probable et le pire du pire, certain.

Le CIRC – l’agence chargée de la recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la Santé – a publié un résumé des résultats de son examen en mars 2015, concluant qu’il existait des preuves démontrant une association entre l’exposition au glyphosate et le développement de cancers tels que le lymphome non hodgkinien et le cancer du poumon.

Dans le meilleur des mondes européens, le principe de précaution exigerait qu’en cas de doute sanitaire, on s’abstienne. « Dans les circonstances particulières où un risque pour la vie ou la santé existe, mais où une incertitude scientifique persiste, le principe de précaution fournit un mécanisme permettant de déterminer des mesures de gestion des risques ou d’autres actions en vue d’assurer le niveau élevé de protection de la santé choisi dans la Communauté », peut-on lire dans  le règlement européen n°178/2002 (article 21). Mais dans le monde de l’agro-alimentaire, il n’en est rien. Ce sont les lobbys qui font la loi.

 

Pour voir sa vie prolongée, le glyphosate suit actuellement la procédure habituelle. En 2005, il a reçu une autorisation de mise sur le marché pour 10 ans, sésame délivré par l’Union européenne pour pouvoir être commercialisé (les médicaments suivent le même chemin). « Les autorisations de mise sur le marché reposent sur une double évaluation : – dangers et risques (propriétés physico-chimiques, sécurité de l’applicateur, risques pour le consommateur, toxicité pour la faune et la flore non ciblées par le produit, risque de contamination des eaux superficielles et souterraines, etc.) – efficacité biologique de la préparation et absence d’effet néfaste pour les plantes traitées», explique le site du Ministère de l’agriculture.

 

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Après plusieurs décennies d’existence, 10 000 tonnes utilisées chaque année en France, le glyphosate doit  aujourd’hui renouveler son permis de séjour. Et c’est à la Commission européenne de renouveler ou non cette autorisation pour dix ans. Sur quels fondements ? Elle se basera pour cela sur l’avis de l’EFSA (l’autorité européenne de sécurité des aliments). Celle-ci a nommé un rapporteur, c’est-à-dire un Etat responsable de conduire cette réévaluation au nom de l’Europe. Dans le cas du glyphosate, ce rapporteur – qui joue un rôle crucial – est l’Allemagne. Le Bundesinstitut für Risikobewertung (BfR), l’organisme allemand d’évaluation des risques, produit un rapport, qui, après validation par l’EFSA, sera transmis à la Commission européenne. Jusque là tout va bien. Sauf que le BfR est loin d’être indépendant et son expertise pourrait être largement influencé par des parties plus que prenantes comme Bayer Crop Science ou BASF.

« Les évaluations menées par les autorités réglementaires du monde entier pendant plus de quarante ans ont toutes confirmé que le glyphosate ne présente aucun risque inacceptable pour l’homme, les animaux, ou l’environnement, » continue d’affirmer le Glyphosate Task Force qui a fortement réagi aux conclusions du rapport du CIRC au printemps dernier.

 

« Plusieurs experts du BfR sont à ce jour directement salariés par des géants de l’agrochimie ou des biotechnologies, explique l’association de défense des consommateurs foodwatch. Dans son avis remis début 2015, l’institut allemand « prenait en compte » expressément, en plus des positions de l’EFSA, des Etats membres et du public, l’opinion de la « Glyphosate Task Force », un lobby formé par des entreprises comme Monsanto et Syngenta, dans le but unique d’obtenir une prolongation de l’autorisation du glyphosate en Europe. »

« Le processus de réévaluation est une farce, explique Ingrid Kragl, directrice de l’information de foodwatch France. L’industrie chimique influence de façon inacceptable l’évaluation des risques. Or l’EFSA se doit de protéger les citoyens des risques pour leur santé et non prendre des décisions en faveur des intérêts de Monsanto et consorts. Tant que l’innocuité du glyphosate ne sera pas prouvée, il ne devrait plus être permis de l’utiliser ».

Pour faire entendre la voix des citoyens, l’association est d’ores et déjà en train de mobiliser des dizaines de milliers de consommateurs par le biais de pétitions en Allemagne et aux Pays-Bas (39 000 signatures recueillies au 25 août). Dans l’Hexagone, une pétition lancée avec la Ligue contre le cancer vient tout juste de sortir. L’association appelle également nos ministres de l’écologie et de l’agriculture à s’opposer au renouvellement de l’autorisation du glyphosate, en application du principe de précaution européen ancré dans la législation européenne et censé protéger les citoyens dès lors qu’un risque potentiel pour leur santé subsiste.

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Envie de signer la pétition foodwatch France / Ligue contre le cancer ? Elle est là : http://petition-glyphosate.foodwatch.fr/ 

 

10 commentaires

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  1. tous ses pesticides mortel;pour tous sont toujours en vente:il tue de nombreuses personnes,et rien n’est encore fait pour les interdir:et pourquoi!!!!!toujours,le rendement,la bataille des prix les plus bas:c’est ça notre VIE,bouffer,de la merde et crever!!!la faute,à tous ses présidents qui tolérent que nous soyons empoisonnés,notre si belle terre est en train de suffoquée et nous avec:bientot plus de nature,animaux,arbres,et la vie marine,encore plus polluer,MER/POUBELLES/ET TOUT LES REJETS/DE L ESPECE SOIT DISANT HUMAINE!!!ET DE SES INDUSTRIELS::nous sommes responsable de notre extinction et dans combien de souffrance et chagrin::::comme nous sommes laches;ne savons dire demain sera un autre jour!!!!!!demain il sera trop tard:::::::::::::::::::::quel avenir pour notre descendance!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! grace à nous tous:::::::::::::::

  2. Arrêter le glyphosate, une belle idée, saut que la molécule est dans le sol, dans l’eau, partout et qu’on ne pourra sans doute pas l’éliminer, même si on n’en ajoute plus.

    1. Il faut vite arrêter tous ces produits polluants pour préserver la biodiversité s’il n’est déjà trop tard !

  3. Mais quelle hypocrisie….!!!! interdire le glyphosate en Europe… mais que faire de toutes les importations avec résidus de glyphosate (légumes secs, soja, maïs etc.)
    Soit on interdit le glyphosate en Europe et on abaisse les LMR des produits à l’importation à 0 soit on ne fait rien car il y en a marre de produire avec autant de distorsions de concurrence environnementale

  4. Ce serait bien de préciser ce que veut dire « cancérogène probable », plutôt que de mettre une note qui ne veut rien dire : cette catégorie 2A signifie qu’il existe des preuves suffisantes de cancérogénicité en laboratoire chez certains animaux, et des indices chez l’homme, sans preuve suffisante, et que d’autres explications restent possibles (biais, hasard, erreur). Mais sans rien dire de la dose qui peut provoquer un cancer, par exemple.

    Tiens, si on regarde la catégorie 1, les cancérogènes certains, on trouve entre autres l’alcool, les neutrons, les rayons X et la poussière de bois. Or, il est certainement plus urgent d’interdire les cancérogènes certains que les cancérogènes probables, pas vrai ? Interdisons donc les neutrons et l’alcool (il vaut mieux commencer par les neutrons, cela réglera d’emblée le problème de l’alcool. Et de l’existence de l’univers) !

    Ce raisonnement par l’absurde pour essayer d’expliquer que ce n’est pas parce qu’un produit peut être cancérigène qu’il l’est. Et l’explication se trouve également sur le site du CIRC, ici : http://www.iarc.fr/en/media-centre/iarcnews/pdf/Monographs-Q&A.pdf : « The IARC Monographs Programme evaluates cancer hazards but not the risks associated with
    exposure. The distinction between hazard and risk is important. An agent is considered a cancer hazard if it is capable of causing cancer under some circumstances. Risk measures the probability that cancer will occur, taking into account the level of exposure to the agent. The Monographs Programme may identify cancer hazards even when risks are very low with known patterns of use or exposure. » Donc, la monographie du CIRC conclut que le glyphosate est possiblement cancérogène, dans l’absolu, et représente donc un danger potentiel. Tout comme un transformateur électrique représente un danger mortel potentiel. En revanche, le RISQUE associé au transformateur électrique est très faible (sauf quand on se fait poursuivre par la police à Clichy). De même, le consensus scientifique sur le risque associé au glyphosate est qu’il est très faible, voire nul, pour la population générale.

    Quant à associer le glyphosate, qui est dans le domaine public depuis 15 ans, à Monsanto, c’est une jolie tentative de provoquer un bon vieux réflexe pavlovien, plutôt que de provoquer la réflexion.

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