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Chéri, tu as sorti le bocal ?

Déjeuner avec la famille zéro déchet

Ils tiennent un blog, ont écrit plusieurs livres, sont passés sur toutes les télés. Qui donc ? La famille zéro déchet ! Leur exploit ? Ne produire que l’équivalent d’un bocal de déchets par an. Rencontre.

Qui n’a pas rêvé, un jour, ne plus jamais avoir à sortir les poubelles ? Qui n’a pas, un samedi après-midi à la caisse du supermarché maudit ce satané caddie ? Qui n’a pas envie de patauger dans une mer « propre » sur laquelle ne surnageraient ni bâtonnets de cotons-tiges, ni bouchons de compotes à emporter et autres déchets issus de nos foyers ?

©Olivier Cochard

Une famille a décidé de prendre le problème à bras le corps. Voici donc Bénédicte, la mère, Jérémie le père (tous deux sensibilisés à la cause environnementale pour avoir travaillé une vingtaine d’années pour des ONG) et leurs deux enfants, Mali et Dia, installés à Seignosse, dans les Landes.

Particulièrement ouverts, ils nous ont invités pour le déjeuner, nous plongeant sans le savoir dans les affres du doute : quel présent apporter ? Ben oui, quand on est invité, tatoué et bien élevé ça se fait ! Du vin, c’est bien du vin, non ? Pas sûr, il nous faudrait trouver du jaja en vrac ? Et un joli petit bouquet de fleurs coupées ? Oui, mais non. Pas envie de batailler avec la fleuriste, son emballage plastique, son bolduc et son autocollant Plaisir d’offrir... Joker ! On décide de se pointer sans rien. Du rien sans emballage.

©Olivier Cochard

11 h, nous voici enfin chez Bénédicte et Jérémie qui nous ouvrent en grand la porte de leur home sweet (mobil)home. La musique brésilienne donne le ton, ici on améliore son éco bilan dans la joie et dans la bonne humeur. Le café est servi, acheté en vrac, tout comme le sucre.

On nous invite à faire le tour du propriétaire. Le papier toilette ? Acheté à la vrac mobile, un truck qui sillonne la côte landaise pour proposer ses produits bio en vrac ! Les jouets ? Chinés sur des brocantes et des vide-greniers, l’occasion, il n’y a rien de mieux, pour faire du vertueux. Les vêtements ? Tout vient d’un magasin de seconde main. Et quand on sait qu’il y a 80 billiards de fringues en circulation, on se dit qu’on peut trouver chaussure à son pied.

©Olivier Cochard

Revenus dans la kitchenette, nous faisons les placards pour mieux comprendre le mode de vie de nos nouveaux amis. Les contenants ? Très peu de neuf, beaucoup de vintage. Rien de tel que les bocaux en verre, les gamelles en inox recyclable, les casseroles en cuivre qui ont traversé les âges pour cuisiner sain et durable. Les produits ménagers sont faits maison comme cette lessive de lierre dont la recette est donnée sur leur blog.

Les enfants ? Ils ont compris l'intérêt de privilégier les jouets en bois à ceux en plastique, participent avec nous aux ramassages des déchets sur la plage. Ils ont finalement beaucoup moins de mal à modifier leurs habitudes que les grands !

On passe alors le contenu du frigo au crible. De la crème fraîche et des crottins achetés chez la petite crémière du coin, des épinards frais de la copine maraîchère… On l’aura compris, acheter bio et local, c’est l’idéal.

©Olivier Cochard

Précédée de Mali et Dia, Bénédicte rentre avec son tup-tup (comprendre tupperware) rempli de parts de gâteaux achetées pour financer une sortie scolaire. On s’affaire désormais à préparer le déjeuner. Bénédicte, rodée à l’exercice du tout-fait-maison, a déjà lancé son émincé de poireaux en cuisson, quand elle étale sa pâte à tarte, assistée de Mali, tandis que Jérémie, qui vient tout juste de casser ses noix du Périgord achetées « sans chlore », dresse la table, dehors…

Quand on sait que chaque français passe en moyenne cinq heures devant des écrans par jour (hors temps de travail), on en déduit que le temps est là, reste à choisir ce qu'on veut en faire.
©Olivier Cochard

Enfin attablés, chacun y va de son petit compliment sur ce repas zéro-déchet, 100 % fait maison, avant de se resservir une fois, deux fois, trois fois…

Plus belle leur vie ? À les voir se régaler avec les cookies sortant du four, oui. À les écouter nous raconter les parties de rigolades autour d’essais non concluants, encore oui, mais on devine que la transition n’a pas toujours été de tout repos. Il faut se heurter, les premiers temps, à l’étonnement voire au refus de certains commerçants, tester et retester pour trouver LA recette, convaincre les grands-parents du bien fondé des cadeaux d’expériences (une nuit en yourte, c’est plus de souvenirs qu’une énième boîte de playmo !), encourager, sans cesse, à oser un mode de vie durable, à grand renfort d’autodérision.

 

Voilà le fameux bocal de déchets de la famille, Bob de son petit nom. Il s'en est allé vers le Musée de Marseille, le Mucem, à l'occasion de l'exposition « Vie d'ordures ». La famille s'est vu obligée de l'assurer pour l’occasion. ©Olivier Cochard

Et c’est sans doute là leur meilleure arme, ne pas se prendre au sérieux, s’amuser d’un ketchup raté et encourager les lecteurs sur leur blog : Votre lessive fait un bloc dur proche du ciment ? Vous ne savez (toujours) pas quoi faire des patates douces que votre maraîcher vous a gentiment fournies ? Monsieur revient (encore) avec des sacs plastiques et du suremballé des courses ? Allons, allons, gardez votre sang froid vous êtes juste en pleine progression… Comme toute évolution/progression, il y a des étapes, des paliers. (…) Un peu comme pour vos cours de ping-pong, ça fait juste deux séances que vous loupez tout et n’arrivez pas à passer ce smash revers décroisé car votre tong gauche est comme bloquée dans sa rotation. Bien bien, non non, rien de méchant… Mesurez d’abord le chemin parcouru. N’est-ce pas fantastique ? Si vous en êtes là, c’est que vous avez fait le plus dur ! (…) Rien de compliqué dans le zéro déchet, mais il faut changer ses habitudes. C’est ce pas là qui est énorme. Et vous l’avez fait ! 
Allez, demain, on s’y met aussi ?

Pour approfondir

Références

Un guide pratique, illustré et plein d’humour pour se lancer dans un mode de vie durable qui fait du bien. Le zéro-déchet, l’essayer, c’est l’adopter !

13 commentaires

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  1. Chez moi, le problème de l’implication se pose dans l’autre sens : j’ai 16 ans et ma sœur en a 12. Je suis déterminée à passer au « zéro déchet », ma sœur me suis dans cette voie, mais se sont nos parents qui ont du mal… J’ai l’impression qu’il ça me falloir patienter jusqu’à mon autonomie pour appliquer toutes ces lumineuses idées ! C’est bête tout de même… En tout cas merci beaucoup à la factrice, je me réjouis à chaque fois que j’aperçois un mail de la Ruche ! 😀

  2. il y a plus de 20 ans, lors d’une fête, une de mes filles reçoit des cadeaux emballés dans de beaux papiers ; elle ouvre ses cadeaux, remercie puis entreprend de lisser à la main les-dits papiers en ajoutant  » ils sont trop beaux pour les jeter et puis maman, elle s’en ressert » ; je ne vous dit même pas la tête des invités !
    pour avancer vers le zéro déchet, il me semble qu’il faut : une forte conviction des parents assortie d’explications pour emporter l’adhésion des enfants, et ne pas vouloir tout changer en une seule fois.
    En tout cas bravo à toutes ces familles qui font ce choix : nous ne sommes pas encore arrivés au bout du chemin, il y a encore des progrès à faire.

  3. Bravo à la famille zéro déchet ! De notre côté aussi, on s’y est mis et les résultats sont au rendez-vous, petit pas après petit pas!
    Il n’y a pas non plus de magasin en vrac dans notre coin et si La Ruche pouvait nous fournir en vrac les produits secs (pâtés, riz, céréales, légumineuses, etc.) à un prix juste pour les producteurs locaux si possible, ça nous aiderait beaucoup dans notre démarche et cela pourrait aider beaucoup de gens à s’engager dans la voix de la réduction des déchets!
    Allez La Ruche, go go go pour ce nouveau défi et encore un grand merci pour cette magnifique initiative qui nous permet chaque semaine de manger des produits délicieux en accord avec vos/nos valeurs: qualité, respect de la terre et des hommes, local, etc.

    1. on trouve beaucoup de vrac dans les biocoop allant des céréales, pâtes, riz et autres à la lessives, et autres produits d’entretien. Vous venez avec votre bocal, vous remplissez. C’est un bonheur

  4. Livre découvert au Marché de Noël de Warnach dans le fin fond de la province du Luxembourg en Belgique. Et hop, notre Vie a changé. En couple avec 4 filles (13-10-8-6 ans), nous nous sommes lancés dans le presque zéro déchet. Et quelle aventure, quel boulot, quel stress au début, mais après… Quel bonheur, quelle joie, plein de petites victoires. En trois mois et demi complet, nous avons réduit notre poubelle. Une seule ! Et ce depuis le 1er janvier (reste des fêtes et élimination de ce que l’on avait déjà). Nous fabriquons nos produits d’entretien ( maison et corps), tuptup partout avec nous, nouvelle façon de manger (beaucoup plus saine) et surtout, réduction du budget alimentation – entretien. 5 € par jour / par personne ( les 3 repas – collations – entretien du corps et de la maison). Nous avons modifié notre potager et sommes passés en permaculture – légumes associés. Le stérilisateur va turbiner, nous l’espérons, cet été. Un conseil : dur dur au début, les refus, trouver les bons magasins mais tenir bon, car quelle bonheur par après ! Même notre ado est dedans (c’était vraiment pas gagné!) . Merci à la famille presque zéro déchet et à leurs bouquins. Une version enfant est sortie. Livre que nous avons passé à l’école des filles, qui a mené une ‘campagne » zéro déchet ». A voir pour plus d’impact, « trashed » film de Jérémy Irons.

  5. J’essaye aussi de produire moins de déchets, mais c’est difficile. Dans les grandes surfaces, on me regarde comme une illuminée quand je n’emballe pas les fruits et légumes et que je colle l’étiquette de prix sur une pièce. Ce serait bien d’enfin éliminer les sachets en plastique à la Ruche. Bravo à Delhaize qui « marque  » les fruits bio qui ne doivent plus être pesés ni emballés

  6. Une petite astuce quand on ne trouve pas en vrac, c’est d’opter pour des emballages que l’on peut réutiliser. Par ex quand je n’ai pas l’occasion de prendre les pâtes en vrac, je réutilise les paquets en plastique des pâtes pour emballer les sandwich en pique nique qui ne rentre pas dans la boite à tartine 🙂 on peut donc toujours faire un pas vers le respect de notre planète. Et avec les emballage papier on peut faire du super papier maché pour un super bricolage avec les enfants qui décorera leur chambre sans aller se ruiner en déco… il y a meme de la colle à tapisser écologique chez écobati 🙂 moi là où je calle un peu c’est avec le papier pour ma fille qui adore dessiner… on récupere un max les feuilles de brouillon mais ça ne suffit pas à ses elans de dessinatrice. Je pense au tableau noir avec des craies pour limiter les papiers aux oeuvres d’art que l’on garde.. qqn connait de la peinture tableau écologique ? Merci pour ce partage !

    1. Celine, je fais des blocks notes avec le papier imprimé sur un coté, mais il me manque une fille que adore les dessins !!!
      Tu ne connais pas quelqu’un que travaille dans un bureau ? on a des tonnes et des tonnes de papier imprimée d’un coté

  7. Un grand bravo à cette famille ! J’essaie de produire le moins de déchets possible. Mais « zéro déchet » me paraît impossible.

  8. Moi j’essaye bien de tenter le zéro déchet mais dans mon coin, j’ai eu beau chercher, aucun magasin ne pratique la vente en vrac… alors malgré ma bonne volonté, sur pas mal de produits (le riz, les pâtes, les farines notamment…) évidemment je bloque!

    1. Même problème ici!!! Je pense qu’ils manquerai plus que l’achat en vrac pour être vraiment zéro déchet! Ici même la Biocoop ne propose pas de produits vrac

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