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Pêche aux bonnes idées

Conseils pour manger sa mer (sans la tuer)

Quoi, tu manges du thon rouge ? Et ta mer, t’y penses ? Le maquereau, il n’y a que ça de vrai. Franchement les sardines, c’est pas une vie d’être aussi serrées. Difficile aujourd’hui de savoir à quel poisson se vouer. Voici donc une bouillabaisse d’idées reçues suivie d’une brandade de conseils pratiques pour remplir au mieux votre filet de poissons sauvages sans vider les océans.

 

Mon boucher : « pourquoi s’intéresser aux poissons puisque personne n’en mange ? »

C’est pas pour dire, mais il n’est pas super renseigné mon boucher. Parce qu’en fait on mange plus de poisson que de viande de boucherie (viandes de bœuf, de veau, d’agneau, de porc et de cheval). 20 kilos de barbaque par an contre 35 de poiscaille (coquillages et crustacés compris) selon les chiffres officiels. 69% sont issus de la mer et 31 % de l’élevage. Les espèces les plus consommées ? 1- Moules, 2- huîtres, 3- cabillaud, 4- saumon, 5- lieu noir, 6- coquille Saint-Jacques, 7- truite, 8- tourteau, 9- bulot, 10- merlan.

Cabillaud

Mon oncle : «  le cabillaud, tu peux y aller, il y en a plein »

Il faut le savoir, mon Tonton approche les 65 ans. Sa mémoire est encore vive, grâce aux infâmes cuillères d’huile de foie de morue que ma grand-mère lui infligeait tous les matins. Quand il était petit, il en a mangé du cabillaud poêlé, il s’en souvient c’est vrai. Sauf que les temps ont changé Tonton. Le cabillaud est aujourd’hui l’espèce emblématique de la surexploitation liée à l’industrialisation de la pêche.

Je t’explique Tonton : de 1950 à 1970 les chalutiers ont remplacé les petites embarcations et fait exploser les volumes de capture. En 1980, c’est carrément la catastrophe, les prises s’effondrent, passant de près de 2 millions de tonnes de poissons par an à moins de 500 000 tonnes. Les cabillauds ont les arrêtes qui tremblent, ils pourraient bien tirer leur révérence. Heureusement, les Etats mettent un peu d’ordre dans tout ça. Désormais, le cabillaud, comme pas mal de ses congénères est sous quota. Chaque année, en décembre, le conseil des ministres européens de la pêche décide du nombre d’individus qui peuvent être capturés. En 2015, la France a le droit à 11 899 tonnes (et pas une de plus) de cabillauds dans ses filets.

 

Pénélope Bagieu : « le chalutage profond, c’est pas joli joli »

C’est le moins que l’on puisse dire pour l’illustratrice qui en 2013 lance une bédé-pétition qui recueille plus de 387 000 j’aime sur Facebook. « Le chalutage profond, ce sont des énormes bateaux qui tractent un filet géant lesté qui décape le fond sans discrimination, explique-t-elle. Qui racle pendant plusieurs heures absolument tout ce qui se trouve sur son chemin. Si cette déforestation massive avait lieu en surface, ça serait méga spectaculaire. Pour info, ça raserait Paris en un jour et de demi. »

Elle a bien raison Pénélope, les techniques de pêche ça compte. La grande pêche, la pêche au large, les navires-usines qui partent pendant trois semaines, les dragueurs (les bateaux-racleurs de sol, pas les types gluants dans le métro), tout ça on évite scrupuleusement. Quand on veut protéger la mer, on privilégie la petite pêche et la pêche côtière, celle qui ramène dans ses filets merlan, maquereau, rouget barbet, encornet, plie, sole, cabillaud… Et comment on fait pour savoir qui a été pêché comment ? En posant la question. Évidemment c’est plus facile d’avoir une réponse claire quand on achète directement au producteur.

 

Ma voisine : « les labels sur les poissons, ils sont tous bidons »

Elle n’y va jamais pas 4 chemins ma voisine. Quand elle comprend pas un truc, elle dit que ça ne sert à rien. Bon sur ce coup-là, elle n’a pas vraiment tort. Sur le poisson, il existe le label MSC, le marine stewardship council qui certifie les pêcheries sur des critères environnementaux mais aussi sociaux mais laisse passer entre ses filets certaines pêcheries peu respectueuses des ressources. En attendant c’est mieux que rien. Et puis on peut aussi aller faire un tour du côté de Slowfish si l’on veut savoir ce qu’est réellement un poisson bon, propre et juste.

Quelques engins de pêche
Quelques engins de pêche

Hugues Auffray : « c’est un fameux trois mâts fin comme un oiseau, hisse et haut ! »

Ça c’était juste pour vous mettre la chanson dans la tête. Les bateaux qui pêchent durable n’ont pas trois mâts mais des filets, des casiers, des lignes. On les appelle les engins de pêche passifs. Ils posent leurs outils à la tombée du jour et viennent relever leurs prises au petit matin. Tout en douceur. Les buloyers ou caseyeurs pêchent ainsi araignée, bouquet, bulot, étrille, homard, seiche, tourteau. Les fileyeurs posent de grands filets et récupèrent barbue, plie, sole, turbot, vieille, maquereau, merlu, rougets, lieu jaune, lingue, etc. Les palangriers que l’on appelle aussi cordiers ou ligneurs disposent une longue ligne de fil de pêche sur laquelle sont fixés des hameçons et attrapent bar, dorade, merlan, lieu jaune, raie.

 

Mon poissonnier : « la vente directe est impossible pour les produits de la mer »

C’est vrai que si l’on n’a pas un beau-frère marin c’est assez peu courant. Sachant qu’un pêcheur prend les flots très tôt le matin (ou tard dans la nuit), qu’il pêche dans des conditions parfois difficiles, on l’imagine mal ensuite prendre sa camionnette pour aller faire le tour des marchés en journée. Non, cette tâche il la réserve au mareyeur, le gars qui fait ses achats à la criée (l’Hexagone en compte 38 sur le territoire). Ce mareyeur donc, prépare le poisson et le revend ensuite à un grossiste qui lui-même le propose à un détaillant qui nous le vend enfin.

Entre le pêcheur et notre panier à provisions, il y a souvent plus de 3 intermédiaires. A moins que l’on n’habite près des côtes et que l’on aille directement se servir sur le port. Si l’on est plus loin, on peut se tourner vers des structures comme Poiscaille, les Amaps ou La Ruche qui dit Oui ! Là, il n’y a plus qu’une personne entre le bateau et vous. Dans l’oeil du poisson que l’on vous sert, ça se voit tout de suite. Il est brillant, bombé, ses ouïes sont rouge vif et non marrons, sa peau brille et glisse. Bref, l’animal n’est pas passé par la case congelé.

Les criées de France.
Les criées de France.

Mister Goodfish : « si vous n’avez rien compris, vous n’avez qu’à me demander »

Monsieur Bonpoisson pour les québécois a une grosse moustache, un OK tatoué sur le tee-shirt et a été inventé par le Réseau océan mondial. Mister Goodfish, c’est une anti-sèche à lui tout seul. Sur son site, il répertorie les espèces que l’on peut manger en temps quasi réel. En cet hiver 2015, dans la région de Dunkerque à Cherbourg, on sait que l’on peut se régaler de dorade grise, d’églefin, de Saint-Pierre ou de turbot. Thanks Mister.

 

Merci à Marine Mora pour ses recherches sur la pêche durable et à Lygie Harmand pour ses belles illustrations. 

13 commentaires

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  1. Bonjour, et merci pour cet article. Une question cependant : la pêche passive n’est-elle pas nocive aux autres espèces, notamment aux petits cétacés ? Ne risque-t-elle pas d’attraper des espèces en voie de disparition ?

  2. Perso j’essaye d’éviter d’en manger, ce qui me semble la solution la plus durable, mais juste un truc pour les criées, il y en a au moins une dans les Pyrénées Orientales à Port-Vendres, elle n’est pas sur votre carte, mais on peut aussi l’éviter en allant acheter au « cul du bateau » le matin, quand même beaucoup plus sympa, écolo (petits bateaux, pas de pêche en grands fonds) et moins cher 😉 On en profite en attendant que ça soit interdit pour des raisons obscures…

  3. Bonjour,

    Pour ce qui est du lien goodfish, j’ai été, sans vouloir faire de l’humour, victime d’une tentative d’hameçonnage , sous l’entête windows, bloquant mon ordinateur, m’affirmant que je risquais une infection virale, me demandant mon adresse administrateur e tme demandnat d’appeler un numéro commençant par 01.
    Ne pouvant fermer la page, j’ai du tout éteidre

    Cordialement

    Camille

  4. Article rigolo, mais on ne comprend pas vraiment quel poisson il vaut mieux acheter pour consommer « durable » (le poisson issu de la pêche passive?), hors faire confiance à certains intermédiaires plutôt qu’à d’autres, ce qui n’est pas satisfaisant du tout pour un citoyen responsable. comme moi [sans me la péter, hein?]

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