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Cultures du futur ?

L’agriculture urbaine ça pousse, la preuve par 5 !

L’agriculture grimpe sur les toits, plonge dans les sous-sols et s’infiltre dans les ruelles. Logique, 80% de l’Humanité se concentrera bientôt dans les villes. Pour la sérieuse FAO (Food and Agriculture Organization), le développement de l’agriculture urbaine serait l’une des clés de notre survie alimentaire. On s’offre un tour du Monde des initiatives qui poussent sur le bitume ?

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Berlin : fish and vegetables

La startup Berlinoise Efficient City Farming s’est lancé le défi de produire des légumes grâce à l’aquaponie. L’aquaquoi ? Ce principe utilise les déjections de poissons (qui barbotent dans un bassin en dessous des cultures) pour nourrir les plantes en engrais naturel. Cette technique séduit l’agriculture urbaine car elle se dispense de terre fertile pour faire pousser des tomates ou des salades. Seul hic, impossible de cultiver des légumes racines comme les pommes de terre…

Le scientifique qui a remis au goût du jour ce concept, Werner Kloas, vante ce modèle durable qui n’utilise que très peu d’eau et ne rejette pas de CO2. Les légumes fraîchement cueillis sont vendus directement aux consommateurs. Il n’y a donc pas de transport ni d’emballage et les produits sont particulièrement frais. Cette année, la startup a pour ambition de développer un grand format de cette “ferme-container”, dans le même lieu que la petite ferme actuelle. Une production de 2000 m² devrait donc voir le jour dans quelques mois. On trouvera alors à Berlin la plus grande ferme aquaponique industrielle du monde en plein cœur d’une métropole.

agriurbaine

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Paris et Montréal : les potagers prennent de la hauteur

Depuis 2011 dans le quartier latin parisien, la célèbre école AgroParisTech a transformé son toit en potager urbain expérimental de 600 m² à 15 m du sol. Cette expérience est menée par deux ingénieurs en partenariat avec l’INRA et le Muséum National d’Histoire NaturelleLes fruits et légumes poussent dans des bacs en bois remplis de différents substrats – ce qui permet de comparer leurs efficacités respectives. Les substrats (le sol quoi ! ) sont créés à partir de déchets organiques venant directement de la ville :  branches et feuilles mortes, compost de lombricomposteurs et bientôt des cantines. Les chercheurs y ajoutent aussi des vers de terre et/ou des champignons pour créer une terre encore plus fertile… Leur objectif est “d’évaluer d’une part des substrats de culture composés uniquement de déchets organiques, et d’autre part l’impact de la pollution sur les produits récoltés”. 

Un exemple plus concret de potager sur le toit et à grande échelle ? La ferme de Lufa à Montréal. En 2011 Mohamed Hage, son créateur, a imaginé la plus grande serre du monde sur un toit. Aujourd’hui près de 3000 m² y sont cultivés et produisent 700 kg de légumes par jour. 40% de l’énergie dont la serre a besoin pour se chauffer vient de l’immeuble du dessous. La ferme de Lufa a déjà une petite sœur à Laval près de Montréal, et beaucoup de villes dans le monde sont en train d’imaginer des fermes suivant ce modèle.

Montréal

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Londres : des jeunes pousses dans un bunker

En plein cœur de la capitale britannique, sous le quartier de Clapham, Steven Dring et Richard Ballard ont créé Zero Carbon Food, la première ferme souterraine au monde. Il faut traverser le bitume, une couche de terre, puis le métro, puis une seconde couche de terre, pour enfin atteindre à 33 m de profondeur leur bunker de 430 m de long. Pour faire grandir leurs jeunes pousses de moutarde, radis, et roquette sans terre ni lumière, les deux fondateurs utilisent les techniques de l’hydroponie et ont recours à des lampes à LED.

Les légumes poussent sur une matière neutre automatiquement irrigué d’une solution riche en minéraux et autres engrais. À noter que cette culture hors-sol consomme entre 70 et 90 % d’eau en moins qu’une culture classique. Les LED remplacent la lumière et la chaleur du soleil en montant la température du tunnel à 20°C. La ferme n’utilise que très peu d’énergie et les produits cultivés sont vendus sur place. Certains chefs de Londres s’arrachent déjà ces plantes souterraines ! Les promoteurs ont pour projet de développer 2,5 ha de cultures dans les années qui viennent. À Paris, la jeune startup Agricool utilise elle aussi des LED et de l’eau enrichie en minéraux pour cultiver ses fraises dans des containers.

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Singapour : des légumes à la verticale

Dans la très moderne Singapour où 90 % des denrées alimentaires sont importées, la société Sky green a installé 550 tours de 9 m de haut, où poussent à la verticale près d’une tonne de légumes par jour. Comment ça marche ? Les plants sont installés en étages sur des tours d’aluminium rotatives qui fonctionnent grâce à un système de poulies hydrauliques.

Les salades et autres légumes montent vers la lumière, puis redescendent pour puiser l’eau et les nutriments dans des bacs. L’ensemble pousse sous serre, les légumes sont donc produits toute l’année. Ils sont plus chers que ceux importés de Chine ou de Malaisie, mais les Singapouriens sont de plus en plus friands de produits locaux. Certaines fermes de Singapour utilisent maintenant l’aquaponie ce qui leur permet aussi de produire du poisson dont raffolent les Singapouriens !

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Et vous, vous avez envie d’un potager en ville ?

Si la serfouette vous démange, sachez que l’on peut cultiver son potager sur son balcon ou dans son appartement. Par exemple, avec Up cycle il est possible de faire pousser des champignons chez soi dans du marc de café. Avec Véritable, sorte de potager connecté, vous pouvez même cultiver des herbes aromatiques dans votre salon ! Et si vous n’avez pas la main verte, vous pouvez même devenir “ageekulteur” avec monpotager.com qui permet de cultiver virtuellement son potager avant de recevoir ses légumes livrés à domicile.

Pour aller plus loin, il est aussi possible de rejoindre des associations de jardins partagés. À Paris par exemple, la Sauge est une jeune association qui promeut l’agriculture urbaine. Ses membres proposent de cultiver un jardin en commun avec d’autres membres, mais aussi de participer à des ateliers autour du potager et de l’alimentation. Du 19 au 20 mars en partenariat avec la mairie de Paris, la Sauge organisera Les 48h de l’agriculture urbaine. Un parcours proposera de découvrir les différentes associations et formes d’agriculture urbaine de la capitale.

La sauge

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L’agriculture urbaine a beaucoup d’avantages. Elle permet de développer de nouvelles surfaces agricoles sans impact pour l’environnement, de créer de nouveaux emplois, d’éviter le transport des marchandises, de mettre au point des techniques de cultures sans pesticides, de valoriser les déchets organiques des citadins, d’utiliser des énergies propres, de développer l’autonomie des villes et d’apporter plus de “vert” à des villes qui ont besoin de respirer. Enfin, beaucoup d’exemples nous montrent que jardiner en ville permet de recréer du lien social et de reconnecter les citadins à la nature. Pour Jeanne Pourias, doctorante d’AgroParisTech, «  l’agriculture urbaine a une véritable fonction pédagogique pour la génération future ». L’enjeu consiste désormais à ne pas reproduire les mêmes erreurs que dans l’agriculture rurale passée,  “mais de développer une agriculture tournée vers le lien social, à petite échelle et avec des cultures diversifiées” conclue Swen Deral, co-président de la Sauge.

6 commentaires

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  1. OU est passé votre bon sens ? vous regardez trop la télé qui nous fait gober des couleuvres, putassière de publicité..
    Entre l’air, la pluie saturés de pollution, qu’est ce que vous imaginez mettre dans votre assiette ?

  2. C’est une alternative à la terre mais en allant dans ce sens on est mal partit..Est ce que ça ne serait pas mieux si on commençait par privilégier la préservation des vraies terres agricoles, car la encore c’est la ville qui gagne du terrain sur nos campagnes!

    1. Il ne faut pas opposer les solutions. Elles sont toutes bonnes à prendre.
      Cultiver sur les toits fait gagner de la place et augmente l’inertie énergétique des bâtiments. C’est une bonne idée. Ca n’interdit pas de chercher à préserver et valoriser les terres agricoles.

  3. Je rêve de voir tous les toits plats de mon quartier populaire devenir des fermes et donner du travail à nos jeunes…

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